Le 20 avril 1919, "Paris-Roubaix", la célèbre course cycliste reprend après 5 années d'interruption. L'itinéraire subit les dommages laissés par la guerre. La fin du parcours est impraticable et doit être modifié. Le journaliste sportif, Victor Breyer écrit :" ici, c'est vraiment l'Enfer du Nord "car au lendemain du conflit, la région offre un paysage d'apocalypse.
Les combats et les bombardements ont durement touché le Nord. En "zone rouge", sur une balafre de 30 kilomètres qui marque la ligne de front, la terre est polluée par les gaz, constellée d'obus, de cadavres. Plus de 6000 blockhaus parsèment la campagne. De nombreuses villes sont en ruines. En décembre 1918, un envoyé spécial du " Morning Post" décrit ainsi Lille: " une ville morte, à l'extrémité d'un désert." Le Pas-de-Calais avec le chiffre de 167 détient le triste record national des communes anéanties.
Après 4 années d'occupation, il ne reste quasiment rien des ressources économiques et des infrastructures. Près de 8000 usines ont été saccagées, 8849 kilomètres de routes et 1459 kilomètres de voies ferrées sont à refaire. Beaucoup de forêts ont été rasées soit par l'artillerie soit par l'abattage des arbres destinés à étayer les tranchées.
À l'armistice, le Nord a perdu 9% de sa population : morts au combat, tués lors de bombardements ou victimes de privation ou de maladie. Les survivants sont en mauvaise santé : dysenterie, choléra, typhoïde, tuberculose ont fait des ravages. Selon Albert Calmette, directeur de l'Institut Pasteur, à la libération de Lille, plus de 80% des adolescents ont un poids et une taille inférieurs à la moyenne. La mémoire du conflit s'est aussi inscrite dans les corps.