“Homme de la situation” ou président de région à la “colonne vertébrale en plastique” : ce que pensent les élus des Hauts-de-France de l’option Xavier Bertrand à Matignon

Son nom circule pour Matignon, et Xavier Bertrand se dit prêt. Président du conseil régional des Hauts-de-France depuis 2015, il engrange de nombreux soutiens régionaux. Pour les oppositions, le nommer Premier ministre serait un "hold-up démocratique".

Entre les médailles d’or de Léon Marchand, les exploits des judokas français et les phases finales de handball, c’est la petite musique qui monte ces derniers jours. Et si Xavier Bertrand devenait le futur Premier ministre de la France après les Jeux Olympiques ?

Lui ne s’exprime plus depuis quelques jours, si ce n’est pour saluer les exploits des athlètes de l’équipe de France dans de courts messages postés sur X (anciennement Twitter). Mais son entourage répond pour lui aux demandes des médias : oui, Xavier Bertrand est prêt pour Matignon. 

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Il incarne une droite sociale, martèlent ses proches. Gérald Darmanin, ministre démissionnaire de l’Intérieur et ami de longue date, l’encense fin juillet sur le plateau de Télématin : “c’est un homme politique avec un très grande compétence qui peut servir grandement la France”. Jean-François Copé voit en lui un “très bon profil dans le contexte actuel”.

Il pourrait être le “futur premier ministre capable de bâtir des compromis”, lâche Aurore Bergé, ministre démissionnaire des Solidarités et ex-sarkozyste. Il est également celui qui a réussi à battre à deux reprises l’extrême droite lors des élections régionales dans les Hauts-de-France, rappellent ceux qui appuient sa candidature à Matignon. 

Soutien indéfectible

Elu en 2015 face à Marine Le Pen puis facilement réélu en 2021 face à Sébastien Chenu, Xavier Bertrand peut aussi compter sur le soutien indéfectible des conseillers régionaux de la majorité. 

Depuis le début du mois d’août, à mesure que l’hypothèse Bertrand à Matignon prend de l’ampleur, ils affichent leur soutien au grand jour. A l’image du vice-président des Hauts-de-France en charge du Sport, Antoine Sillani, qui inonde ses réseaux sociaux de messages de soutien à son mentor. “Xavier Bertrand est l’homme de la situation”, écrit-il.  

Les membres de son équipe régionale se basent sur les 10 années passées à ses côtés dans l’exécutif des Hauts-de-France. “Je l’ai vu se battre pour l’emploi, le pouvoir d’achat, être ferme sur la sécurité, soucieux de faciliter l’accès à la santé, à l’éducation”, liste Nathalie Gheerbrant, conseillère régionale du Pas-de-Calais et soutien de la première heure.

Il connait bien les Français avec qui il entretient un lien direct depuis toujours”, abonde Anne-Sophie Fontaine, conseillère régionale originaire de l’Oise. “Nous avons besoin d’avoir à Matignon quelqu’un qui apportera des réponses aux problèmes du quotidien comme il le fait en Hauts-de-France", s’exclame Manoelle Martin, vice-présidente en charge de l’enseignement supérieur.  

“Communication ridicule” 

Des messages de soutien qui hérissent les poils du député RN du Nord Sébastien Chenu. “Je trouve ça d'un ridicule que ces conseillers régionaux montent tous au créneau à sa demande pour le parer de mille et une qualités que lui-même doit leur dicter”. Xavier Bertrand ? “Un homme qui a une colonne vertébrale en plastique”, tacle le chef du groupe RN au conseil régional des Hauts-de-France.  

Elu depuis 2015, il connait bien le président de région. “C'est un homme de communication mais on ne peut pas dire que les résultats en termes de chômage ou d'attractivité ont été particulièrement à la pointe pour notre région”. Sébastien Chenu tient également à citer les moyens alloués à la culture qui seraient selon lui “concentrés à Lille”.

Les Français ont porté le RN en tête aux européennes, nous avons beaucoupp plus de députés à l'Assemblée. Les Français ont également élu des députés du NFP et la traduction serait que Xavier Bertrand devienne Premier ministre ? ça n'a pas de sens si ce n'est que d'être celui qui raccommode les débris de l'ancien système, des losers, des perdants, des ex du PS, de LR et de la Macronie.

Sébastien Chenu, chef du groupe RN à la région Hauts-de-France

Mais son angle d'ataque favori reste le lycée Averroès, un dossier qui défraie la chronique depuis plusieurs années. “En 2015, je suis monté au créneau pour dénoncer le versement de cette subvention et Xavier Bertrand n'avait pas de mots assez durs pour dire que c'était honteux, que c'était un lycée très bien et qu’on relayait des choses infames. Mais devant l'accumulation des faits, il a fait volte-face. Avant de lancer : Xavier Bertrand n’est pas un homme de grande conviction et c'est pour ça qu'il pourrait aller en Macronie”.

Compromis 

À gauche également, la petite musique "Xavier Bertrand à Matignon" fait grincer des dents. Karima Delli. "S’il s’avère qu’Emmanuel Macron propose à Xavier Bertrand de devenir Premier ministre, ce sera le plus grand hold-up démocratique".

La cheffe de la gauche au conseil régional tient à rappeler que "le Nouveau Front Populaire est arrivé en tête, peu importe ce que les uns et les autres disent. Et ça, je suis certaine que monsieur Xavier Bertrand le comprend très bien".

Elue en 2021 dans l’opposition après avoir réussi à réunir les partis de gauche lors des élections régionales, l’écologiste et ancienne présidente de la commission des transports au parlement européen admet qu’il est "possible de discuter" avec Xavier Bertrand.

Elle cite le groupe de travail sur l’amiante, la lutte contre l’obésité, la motion contre le projet d’enfouissement des déchets dangereux à Hersin-Coupigny. De là à dire que Xavier Bertrand est un homme de compromis ? "Non", répond cash Karima Delli. "Des compromis sur quoi ? Les peines plancher ? On ne sera jamais d’accord. L’immigration ? on ne sera jamais d’accord. Pourquoi Xavier Bertrand finance des associations anti éoliennes ? Dans les faits, il est quand même parfois très difficile de le convaincre sur des idées. Mais ça ne nous empêche pas d’être respectueux".

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