Réchauffement climatique : les Hauts-de-France parmi les régions les plus à risque au monde, Karima Delli réclame des "assises régionales du climat"

Alors qu’un cabinet australien affirme que les Hauts-de-France sont la 121e région du monde (sur 2 639) la plus exposée au risque climatique, la présidente du groupe écologiste au conseil régional demande à Xavier Bertrand de sortir de "l’inaction climatique" et "mettre tout le monde autour de la table".

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"Choquée". "En colère". Karima Delli ne mâche pas ses mots, au lendemain de la publication de données largement médiatisées et particulièrement alarmantes pour les Hauts-de-France.

Une publication à but lucratif, puisqu'on la doit au cabinet de conseil international XDI. Co-dirigé par un expert de la finance (qui se présente comme ayant travaillé pour le gouvernement australien) et un physicien engagé dans la lutte contre le réchauffement depuis les années 1990, il vend ses services à des décideurs politiques et économiques, notamment de grandes entreprises, comme en témoigne ce clip promotionnel.

Lundi 20 février, le cabinet a rendu public un aperçu de ses travaux. Il s'agit d'une évaluation du risque climatique sur les constructions (maisons et entreprises) de chaque territoire de la planète.

Pour quelques 2 639 régions du monde, le cabinet a compilé des données scientifiques relatives à 8 phénomènes potentiellement dangereux pour le bâti : les inondations fluviales et de surface, les inondations côtières, la chaleur extrême, les incendies de forêt, les mouvements de terrain (liés à la sécheresse), les vents extrêmes et le gel-dégel. En les croisant avec les données du génie civil, il a produit trois indicateurs, des "ratios de dommages", consultables depuis ce lundi 20 février.

Les Hauts-de-France dans le rouge

Sur le principal indicateur créé par XDI, "la perte moyenne annuelle", le classement est trusté par les régions chinoises et indiennes, ainsi que certains États américains. Mais les Hauts-de-France s’invitent dans le peloton de tête du risque, à la 121e position !

8 régions françaises apparaissent dans les 10% des régions du monde les plus à risque, selon cet indicateur. Les Hauts-de-France sont en tête. Contacté, le cabinet confirme la gravité de la situation.

D’après notre analyse, beaucoup de constructions ont été touchées par des phénomènes météorologiques extrêmes liés au changement climatique. Les principaux risques dans les Hauts-de-France sont les inondations et les inondations côtières.

XDI - The Climate Risk Group

Le second indicateur proposé par XDI rapporte ce risque au nombre de constructions existantes : logiquement, une région dense et peuplée comme les Hauts-de-France descend ici à la 987e position. Plus intéressant, le troisième et dernier indicateur mesure la tendance à l’augmentation des risques entre 1990 et 2050, selon la trajectoire d’une augmentation des températures de 3°C d’ici à la fin du siècle : la région n’arrive que 1 165e. Rassurant ?

"Beaucoup de territoires sont très proches les uns des autres dans ces données, nuance-t-on chez XDI. Je ne les utiliserais pas pour minimiser la gravité de l’augmentation des dégâts dans votre région."

Karima Delli : "Ça suffit, il faut un plan d’attaque là !"

Les auteurs de cette étude semblaient vouloir faire réagir les décideurs et, dans les Hauts-de-France, Karima Delli n’a pas tardé à s’en saisir. Inondations et montée des eaux, mais aussi pollution atmosphérique, mal-logement, sécheresse (pertes agricoles et inflation sur les fruits et légumes) : selon l’élue, "on est la région française la plus menacée par le réchauffement climatique" et "les gens en sont conscients"... sauf Xavier Bertrand.

Citant à la fois l’étude XDI et un palmarès des communes françaises polluées publié par Le Point (9 dans les Hauts-de-France), l’ancienne candidate à la présidence du conseil régional, à la tête du groupe d’opposition écologiste (Pour le climat et pour l’emploi), accuse la majorité LR-UDI d’"inaction climatique" et réclame au président l'organisation, "en urgence", d'"assises régionales pour le climat".

À l’instar de la convention citoyenne pour le climat, il est grand temps de mettre tous les acteurs autour de la table et d’avoir une feuille de route claire. Il n’y a pas de fatalité à être les mauvais élèves : les Hauts-de-France peuvent servir de laboratoire de la transition.

Karima Delli, présidente du groupe écologiste au conseil régional

La conseillère régionale (et eurodéputée) rappelle que l’ancienne majorité de gauche avait lancé Rev3, une "troisième révolution industrielle" tournée vers la transition écologique. Mais la mission Rev3 d'aujourd'hui, pilotée par l'industriel et conseiller régional de la majorité Frédéric Motte, ne serait plus qu’une "coquille vide", un "outil de communication alors que le temps n’est plus à la communication".

Notre premier vœu à la Région avait été de déclarer l’état d’urgence climatique : la majorité l’a refusé. Maintenant, ça suffit ! Il faut que Monsieur Bertrand comprenne qu’il nous envoie dans le mur, qu’il sera complice des conséquences sur les populations les plus précaires. Le but n’est pas de savoir qui a raison, mais d’améliorer la vie des gens.

Karima Delli, présidente du groupe écologiste au conseil régional

Contacté voilà plus de 24 heures, le conseil régional n’a pas encore répondu à nos sollicitations. Pas plus que Nord France Invest, l’agence de promotion économique de la région, chargée d’attirer des investisseurs sur ce territoire… manifestement à risque.

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