Les avocats du lycée musulman Averroès réagissent à la décision préfectorale de mettre fin aux subventions de l'État

Jeudi 7 décembre 2023, la préfecture de Lille a officialisé la fin du contrat d'association qui reliait le lycée musulman à l'État, mettant ainsi un terme aux subventions publiques qui lui étaient versées. Une mesure "politique", affirme la défense de l'établissement.

L'essentiel du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l'info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L'essentiel du jour : notre sélection exclusive". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

"Nous sommes face à une cabale qui a été organisée politiquement, face à un établissement dont l'excellence a été reconnue mais qui dérange de par l’identité qu’il porte", juge Me Vincent Brengarth, avocat du lycée musulman Averroès. Lors d'une conférence de presse ce mercredi 13 décembre, ce dernier a déploré "la véritable motivation politique de la mesure prise aujourd’hui face à l’établissement", qui s'est  "traduite à travers tous les stades de la procédure".

Après de longues semaines de doutes, dans la journée du 7 décembre 2023, le préfet du Nord Georges-François Leclerc a acté la résiliation du contrat d'association qui unissait l'État au lycée Averroès de Lille. Une décision qui provoque la suppression des subventions publiques allouées jusqu'à présent à l'établissement privé.

Le lycée Averroès, qui figure parmi les meilleurs de la région, avait été le premier lycée musulman de France à passer sous ce type de contrat. Depuis 2019, le président de la région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, cherchait d'ailleurs à couper ces subventions.

► À LIRE AUSSI : Financement étranger, contenu pédagogique : le lycée musulman Averroès de Lille pourrait perdre ses subventions d'Etat, on vous explique pourquoi

Dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux du lycée Averroès, les avocats de l'établissement ont pris la parole une première fois ce lundi 11 décembre, suite à l'annonce de la rupture du contrat. Les avocats déplorent "la divulgation par la presse de la résiliation du contrat d'association (...) alors même que ce courrier de résiliation, à la date de ce communiqué, ne leur est pas parvenu." Une attitude qui, selon eux, s'inscrit "dans le prolongement de l'attitude absolument partisane" du préfet du Nord.

Le cabinet engagé par l'établissement indique également que le lycée est victime de "propos et rumeurs (...) diffamatoires et mensongers" qui tend à "occulter la réalité d'un lycée républicain."

Des "manquements" pédagogiques "graves"

Déjà fin octobre, le préfet du Nord avait publié un rapport de saisine concernant les financements, le contenu pédagogique et l'organisation administrative du lycée Averroès de Lille. Une commission consultative réunie le 25 novembre dernier avait ensuite rendu un avis défavorable à la poursuite du contrat d'association, en raison notamment du contenu des cours d'éthique dispensés par l'établissement.

► À LIRE AUSSI : Lycée musulman Averroès : syndicats, politiques, directeur de grande école, tour d'horizon des soutiens affichés

Dans un courrier envoyé ce vendredi 8 décembre au lycée musulman, que France 3 a pu se procurer, Georges-François Leclerc fait justement état de "manquements graves" dans les "« contenus et les ressources » qui « ne remplissent pas la totalité des attendus programmatiques » de l’Éducation nationale."

L'établissement sous contrat reste soumis (...) à la même neuralité que les établissements d'enseignement public.

Courrier adressé par le préfet du Nord au lycée Averroès

Dans ce document, la préfecture fait référence à une inspection du CDI lors de laquelle "une absence de ressources sur certaines thématiques comme la culture, les institutions sociales, les comportements culturels, les relations entre les sexes, l'homosexualité" se ferait sentir. Également, le courrier relève la présence de "30 ressources sur l'islam" et note que "les autres religions" n'y sont "pas représentées." Or selon le préfet du Nord : "l'établissement sous contrat reste soumis (...) à la même neutralité que les établissements d'enseignement public."

"Des propos hostiles aux valeurs de la République"

Au sein de ce courrier, Georges-François Leclerc s'attarde un peu plus sur certains membres du corps enseignant de l'établissement, qui selon lui "tiennent des propos hostiles aux valeurs de la République." Il mentionne notamment un article publié par le professeur assigné aux cours d'éthique musulmane, enseignement lui-même qualifié de "révélateur de la défense au sein de l'établisement d'une doctrine directement contraire aux valeurs fondamentales de la République."

En 2016, ce professeur aurait publié un article sur le site Saphir News intitulé En finir avec la démocratie française, dans lequel il qualifierait Tariq Ramadan comme "une référence incontournable de l'islam contemporain".

Les élus du nord réagissent

La décision prise par la préfecture du Nord, qui ne souhaitait pas s'exprimer sur le sujet ce lundi 11 décembre, n'a pas manqué pas de faire réagir. Le président des Hauts-de-France Xavier Bertrand, qui a fait des subventions adressées au lycée Averroès son cheval de bataille considère que cette rupture de contrat "envoie un signal clair", indiquant que "aucun compromis sur les valeurs républicaines" ne doit être fait.

Le Rassemblement national s'est également réjoui de la nouvelle se sentant "enfin entendu." Le député du Nord Sébastien Chenu relevait également ce dimanche soir "un soulagement non feint" et salue la décision de Georges-François Leclerc. "Le Rassemblement National dénonçait depuis 2015 le prosélytisme islamiste dispensé dans cet établissement", complétait-il dans son communiqué.

Le député LFI de la Seine-Saint-Denis, Alexis Corbière, réagissait également à la nouvelle au micro de France Inter ce lundi matin, indiquant être "très défavorable à l'enseignement privé confessionnel", mais voir "d'un œil inquiet cette décision" : "J'aurais préféré que dans un premier temps, des mises en garde de la part du Préfet soient effectuées avant de sanctionner."

Les avocats de l'établissement ont d’ores et déjà exprimé leur intention d'utiliser tous les recours possibles pour invalider cette décision.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité