Infirmière tuée à Reims : Après la minute de silence ce mercredi midi, le constat des personnels soignants des Hauts-de-France

Une minute de silence a été observée dans tous les centres hospitaliers de France. Carène Mézino, infirmière de 38 ans, est morte ce mardi après une attaque au couteau dimanche au CHU de Reims. Cette tragédie rappelle à plusieurs soignants de la région les faiblesses de l'hôpital public et du secteur de la psychiatrie.

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Comme tous les hôpitaux de France, les CH de la région ont observé une minute de silence en hommage à Carole Mézino ce mercredi 24 mai à midi. Cette infirmière de 38 ans est décédée mardi après une attaque au couteau au CHU de Reims dimanche

"Je demande demain midi, dans tous les hôpitaux, une minute de silence en hommage à Carène", soignante de 37 ans dont l'agression mortelle "est un drame qui nous anéantit tous", a déclaré hier le ministre des Solidairtés et Santé, François Braun, lors du salon Santexpo organisé par la Fédération hospitalière de France.

"Des agressions verbales aussi bien que physiques"

Les soignants des Hauts-de-France ont aussi été terriblement touchée par le drame. Selon un rapport de l'Ordre des médecins, 233 soignants se sont fait agresser en 2022 dans la région, dans laquelle on compte le plus de violence dans le pays.

Du côté de la CGT de l'hôpital de Calais, qui s'associe évidemment à la douleur qu'a suscité la mort de Carène Mézino, cette tragédie est un des symptômes de la dégradation des services publics partout en France.

"Il y a quand même des grosses lacunes de sécurité dans les services publics. Dans tout ce qui est mis en place aujourd'hui, on n'a toujours pas la sécurité requise à chaque corporation", confie le syndicat. 

L'hôpital, à leurs yeux, est "en détresse", même d'un point de vue sécuritaire. "On rentre dans les hôpitaux comme on rentre partout", déplore la CGT du CH de Calais. 

La CGT ajoute qu'il y a "le personnel soignant et non-soignant aussi qui, eux aussi, sont mis à contribution par des mal-êtres, des agressions verbales aussi bien que des agressions physiques".

Au CH de Maubeuge, de "longs mois" sans accès sécurisé aux vestiaires

Pour Guillaume Rosey, infirmier et secrétaire général CGT du CH de Maubeuge, "à titre personnel, mon ressenti, c'est un grand désarroi, parce qu'on sait que ça peut arriver régulièrement". 

Il note qu'au sein de son établissement, "on a connu une période de longs mois avec un accès aux vestiaires qui n'était pas sécurisé". Il a fallu de "nombreuses relances" à la direction pour que la situation se règle. 

L'infirmier effectue un constat concernant l'agresseur de l'infirmière rémoise qui souffre de troubles psychiatriques. "On a rencontré il y a trois semaines, à notre demande, la sous-préfète d'Avesne-sur-Helpes, concernant la problématique de la psychiatrie qui est majeure sur le territoire de Maubeuge". Le nombre de ruptures de soins de la part de patients est de plus en plus important. 

Des patients ne suivent plus les soins. C'est lié au manque de psychiatres. Il y a une carence de psychiatres nationales et chez nous, elle est extrêmement importante. On vivait jusqu’alors avec pas mal d’intérim. Mais la loi RIST, qui vient de tomber, ne permet plus aux établissements d’avoir recours à l’intérim. Donc on a une vraie crainte sur les ruptures de soin en général.

Guillaume Rosey, infirmier et secrétaire général CGT du CH de Maubeuge

La mort de Carène Mézino ne peut l'empêcher de penser au cas d'une fille de 5 ans tuée par un adolescent souffrant de troubles psychiatriques dans les Vosges, à celle de l'attaque du Lidl de Jeumont "par quelqu'un de déséquilibré" ou encore à cet "infirmier qui faisait des visites en psychiatrie et qui a été poignardé le 9 décembre 2021. Heureusement, notre collègue n'est pas décédé. Ça fait ressortir ça". 

Guillaume Rosey ressent "une vraie émotion" car "elle est presque de notre âge, a des enfants comme nous. On pense à la famille qui attendait son retour mais qui ne la verront pas rentrer chez elle, c'est difficile pour nous", conclut-il. 

Un soutien envers la famille, les proches mais aussi le corps hospitalier du CHU de Reims

De Dunkerque à Lille en passant par Amiens, Compiègne, Maubeuge ou encore Calais, tous les centres hospitaliers ont tenu la minute de silence. Nombre d'entre eux ont d'ailleurs communiqué en ce sens pour exprimer leur soutien envers la famille et la communauté hospitalière du CHU de Reims. 

"L’ensemble des équipes du CHU de Lille s’associe à la peine de la famille, des proches, et des collègues de Carène Mezino et adresse ses pensées et tout son soutien à la communauté hospitalière du CHU de Reims", a écrit le Centre hospitalier de Lille sur sa page Facebook. 

Le Centre hospitalier de Valenciennes a également tenu "à exprimer son soutien aux proches des victimes, aux collègues et au CHU de Reims". 

Même chose pour la CGT du CH de Maubeuge qui a partagé une "grosse pensée aux familles de la collègue infirmière" et a souhaité tout leur courage "à la secrétaire médicale également victime et sa famille". 

Attaquées dans les vestiaires

Pour rappel, les faits se sont déroulés ce dimanche dans l'unité de médecine du travail destiné au personnel de l'hôpital, qui n'accueille pas de personnes extérieures, mais est situé à coté du service de psychiatrie où était suivi l'agresseur présumé.

Le drame a eu lieu dans les vestiaires. Carène Mézino et sa collègue, une secrétaire médicale de 56 ans, ont toutes les deux été attaquées à l'arme blanche. Mais l'infirmière, entre la vie et la mort, n'a pas survécu à ses blessures. 

Le mis en cause, rapidement interpellé, "semble avoir agi sans mobile apparent, d'autant qu'il n'avait pas de rendez-vous dans ce service", avait indiqué le procureur de Reims lundi.  Cet homme "semble souffrir de troubles sévères et fait l'objet depuis plusieurs années d'une mesure de curatelle renforcée".

Sa collègue blessée "va mieux" et est "en surveillance", a indiqué au micro de nos confrères de BFM TV, le ministre de la Santé François Braun, ce mercredi.

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