Expérience originale ce samedi 28 septembre 2024 au service de radiologie du Centre Hospitalier de Lille. Des céramiques de l'Antiquité Athénienne conservées par le Palais des Beaux-Arts ont été passée aux rayons X. Objectif : comprendre les techniques utilisées par les artisans il y a 2 500 ans et donc adapter au mieux les techniques de restauration.
Ce samedi 28 septembre 2024, à l'entrée du centre hospitalier de Lille, des patients pas comme les autres, arrivent en toute discrétion. Dans des caisses, juchées sur des chariots à roulettes, des coupes et des amphores athéniennes ont quitté le Palais des Beaux-Arts de Lille. À leur chevet, Frédéric Mougenot, conservateur des collections antiquités et céramiques du Palais des Beaux-Arts, dévoile :"Ces étonnants patients sont très âgés et possèdent de nombreuses fractures plus ou moins bien ressoudées".
Quels sont les résultats attendus ?
Le premier bilan est sans appel, le scanner permettra un diagnostic complet. Ces trésors antiques ont 2 500 ans d'âge ! Une à une, avec d'infinies précautions, les pièces sont posées sur la table d'examen, l'attente est grande."Nous espérons découvrir toutes les cassures, toutes les cicatrices de l'ancienne restauration qui sont cachées aujourd'hui par de la peinture qui a été mise au XIXéme siècle. Afin de savoir ou sont cachés les fragilités et imaginer à quoi ressemblerait l'objet, si nous enlevions la peinture."
Sur les traces de l'histoire, la séance d'imagerie commence. De l'autre côté de la vitre, il a fallu s'adapter et identifier le bon protocole de lecture. "Pour ce type de travail nous avons été obligés de prendre un protocole d'étude de sinus, révèle François Daumerie, manipulateur radio. Nous recherchons des fractures, comme si un os était fracturé. Finalement, nous trouvons le lien entre l'humain et l'objet, c'est très intéressant."
"Il y a beaucoup plus de fissures que ce que l'on pensait, détaille le professeur du service imagerie, Philippe Puech. Pour répertorier toutes les fissures cela va être compliqué, analyse-t-il, amusé. Il n'y en a pas une ou deux, il y en a trente. Nous allons leur fournir des données numériques afin qu'il puisse réimprimer l'objet en trois dimensions à l'aide d'une imprimante 3D. Cela peut-être très utile pour l'analyse, ce sont des idées qu'on leur donne et qui issues de notre pratique médicale." De la même façon, en 2011, des momies avaient été scannées.
Une nouvelle est donc franchie dans la collaboration entre le Centre hospitalier universitaire et le Palais des Beaux-Arts. Quand la médecine se met au service de l'histoire.