La capitale des Flandres avait été retenue comme potentielle ville hôte pour les Jeux de 2004. C'est finalement Athènes qui avait remporté la mise. Mais la candidature a permis quelques retombées à Lille.
La surprise et le soulagement se lisent sur le visage de Pierre Mauroy, alors maire de Lille, à l'annonce de ces mots : "La ville retenue pour être candidate est... Lille". Nous sommes en 1995 et Lille vient d'être choisie face à Lyon. La capitale des Flandres remporte ainsi une première victoire dans sa course à l'organisation des JO. Le 7 novembre 1995, pour accueillir la nouvelle, un flambeau est allumé sur la Grand'Place et le rêve d'un destin olympique prend forme. "Si ça pouvait simplement contribuer pendant ces deux ans à faire baisser le nombre de gens qui n'ont plus d'espoir, on aura tout gagné" analyse Philippe Lamblin, le président de la ligue Nord Pas-de-Calais, à l'époque.
8 milliards de francs
Pour garder cet espoir olympique, les premières réflexions sont menées dans la foulée. Le projet prévoit de métamorphoser la métropole avec un budget de 8 milliards de francs pour accueillir la planète sport.
De Lille à Boulogne-sur-Mer, 28 sites sont identifiés pour accueillir les épreuves, la plupart doivent être rénovés ou mis aux normes et 14 sites sont à construire entièrement. Des stades, un village olympique mais aussi tout un réseau de transports à repenser. A l'époque, le maire Pierre Mauroy y voit l'occasion de dynamiser la ville de façon pérenne, bien au-delà des JO : "Tout ce dont on a besoin pour les JO sont des équipements que l'on fera de toute façon" promet-il en 1995.
Un projet ambitieux et une ambassadrice influente en la personne de Marie-José Perec suffisent à convaincre le gouvernement de Jacques Chirac pour financer une partie des Jeux. Vient alors le temps des vérifications du Comité International Olympique, le CIO.
Les Jeux d'Atlanta changent la donne
En 1996, les Jeux d'Atlanta viennent de se terminer et une délégation du CIO est dépêchée à Lille le 24 septembre. Les inspecteurs voyagent en bus dans la métropole et sont guidés à travers les futurs sites. L'euphorie d'Atlanta n'est même pas encore retombée, Lille souffre peut-être de la comparaison. Quoi qu'il en soit, le CIO semble privilégier de grandes capitales mondiales. Il y a eu un avant et un après Atlanta. "Ce sont des JO monstres, un basculement dans l'ère moderne, Atlanta est la ville de Coca-Cola, à l'époque on passe dans une autre dimension. Une candidature qui serait tout à fait crédible telle que Lille l'a présentée dans les années 90 ne serait plus du tout envisageable pour organiser des JO au 21e siècle" analyse François Da Rocha Carneiro, historien du sport à l'université d Artois.
Le 7 mars 1997, les lillois se rassemblent sur la Grand'Place. Il y a un air de fête, comme un début de printemps. Tout le monde scrute l'écran géant installé et attend une bonne nouvelle : celle qui verrait Lille désignée hôte des JO 2004. Mais lorsque le CIO décline les 5 villes finalistes : "Roma, Stockholm...", le couperet tombe et les lillois sont les premiers déçus : "on avait tout, l'ambiance populaire, la joie de vivre... c'est une très grosse déception, c'était un avenir assuré pour la région" s'exclame un homme dans la foule.
Lille, capitale européenne de la culture
Pierre Mauroy, lui, s'attendait à cette non-qualification. Le maire de l'époque avait senti cette volonté du CIO d'organiser des Jeux dans de grandes capitales européennes. Alors, en anticipant, les décideurs lillois veulent rebondir immédiatement avec une idée derrière la tête : surfer sur l'engouement suscité par la candidature. "La ville de Lille est maintenant connue, reconnue, alors en avant" optimisait alors Pierre Mauroy. Sa première adjointe de l'époque, une certaine Martine Aubry, d'ajouter : "Il va falloir continuer sur d'autres projets tous ensemble". En l'occurrence, la capitale des Flandres entend bien remporter sa candidature en tant que capitale européenne de la culture, plus connue sous le nom de Lille 2004. Cette victoire est le principal héritage du projet de ville hôte des JO. "La candidature de Lille, c'est comme si on avait investit des dizaines de millions d'euros en publicité, dans le monde entier. On avait CNN, la télévision chinoise, espagnole, japonaise... le monde entier. Tout ça a permis de mettre Lille sur une carte et donc nous a servit au moment de devenir capitale européenne de la culture" analyse Thierry Mabille de Poncheville, le créateur de la campagne de soutien pour l'organisation des JO de Lille 2004.
En 2004, les Jeux Olympiques sont finalement revenus en Grèce, à Athènes. A Lille, si peu d'infrastructures promises au moment de la candidature ont finalement vu le jour, cette candidature aura au moins permis de donner un rendez-vous culturel et populaire. Pendant un an, Lille est alors capitale européenne de la culture.