L'eau du robinet des Hauts-de-France est l'une des plus chargées en pesticides

Depuis 2019, l'Anses teste quelque 160 polluants de l'eau pour adapter ses grilles de surveillance. Dans son rapport rendu le 6 avril, elle constate que la région Hauts-de-France consomme l'une des eaux les plus chargées en pesticides de tout le territoire.

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Le 6 avril, l'agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) livrait les conclusions d'une étude démarrée en 2019 sur les pesticides présents dans l'eau du robinet. Ces campagnes menées tous les trois ans visent à mettre à jour la liste des composés pris en compte par les grilles de surveillance de la qualité de l'eau. 

L'Anses a cette fois testé la présence de 157 pesticides et résidus de pesticides appelés métabolites, 54 résidus d'explosifs et un solvant. 

Le rapport étendu, rendu, lui, le 15 mars, révèle que certaines régions sont plus concernées que d'autre par la dégradation de la qualité de l'eau. Ainsi, "la totalité des eaux brutes et eaux traitées prélevées en Bretagne et dans les Hauts de France contiennent au moins un pesticide ou métabolite."

76% des eaux traitées sont non-conformes

De plus, la région Hauts-de-France est celle où l'on observe les concentrations les plus élevées en pesticides et en métabolites : 14,3 µg/L. 

Pourtant, selon l'Anses, "pour tenir compte de leur présence simultanée, la somme des concentrations de tous les pesticides et des métabolites pertinents présents dans l’eau est fixée à 0,5 µg/L".

La région est donc bien loin des seuils fixés sur la qualité de l'eau. 76% des eaux traitées des Hauts-de-France sont considérées comme non-conformes. "Lorsque que ce seuil est dépassé, cela veut dire que la qualité de l’eau distribuée au robinet se dégrade, explique l'Anses. Pourtant, la limite de qualité de l’eau pour les pesticides ne constitue en aucun cas un seuil de risque pour la santé des consommateurs car elle n’est pas élaborée sur la base de la toxicité des substances."

La limite de qualité de l’eau pour les pesticides ne constitue en aucun cas un seuil de risque pour la santé des consommateurs.

Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail

Des pollutions industrielles, historiques ou agricoles

L'agence de sécurité sanitaire estime qu'une partie des contaminations de l'eau ont des origines historiques liées aux grandes guerres du XXème siècle : on y retrouve notamment des résidus d'explosifs dérivées de la TNT. 

Les Hauts-de-France font aussi partie des régions concernées par la pollution à un solvant, le 1.4-dioxane. Utilisé à partir des années 1960 comme stabilisant pour des solvants, sa présence pourrait cette fois être lié au passé industriel du territoire. 

Autre conclusion du rapport, l'Anses compte à présent se pencher sur un métabolite de pesticide retrouvé dans plus d'un prélèvement sur deux, le chlorothalonil R471811. Il est issu de la dégradation d'une molécule fongicide utilisé en agriculture et  interdite en France depuis 2020.

Chlorothalonil : 10 ans de tests dans la région

Le chlorothalonil R471811 est considéré comme un métabolite "pertinent", c'est-à-dire qu'il est soupçonné de porter les mêmes propriétés que sa molécule-mère. Or, celle-ci est classée comme cancérogène de catégorie 2 au niveau européen et l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) estime qu'elle devrait passer en classification 1B. 

Le chlorothalonil en lui-même est déjà observé de près par nos autorités de santé. "Cette substance est recherchée dans tous les captages de la région depuis plus de 10 ans", précise l'Agence Régionale de Santé.

Les mesures, elles, sont jusque-là rassurantes. "La valeur sanitaire maximale (Vmax), au-delà de laquelle l’eau pourrait présenter un risque pour la santé et ne peut plus être consommée, a été fixée par l'ANSES pour ce paramètre à 45 µg/L."

Dans la région, toutes les analyses réalisées sur les captages depuis plus de 10 ans sont inférieures à la Vmax ainsi qu'à la limite de qualité de 0,1 µg/L.

ARS Hauts-de-France

Le résultat de sa dégradation, le métabolite nommé chlorothalonil R471811, sera lui "prochainement intégré au contrôle sanitaire en Hauts-de-France". L’ARS a en effet "demandé au laboratoire en charge du contrôle sanitaire de l’eau dans la région de développer des techniques robustes et accréditées pour la recherche de ce métabolite". 

Le contrôle sanitaire de ce métabolite devrait débuter "dans les prochaines semaines".

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