Le producteur de zinc à Auby renvoie ses 280 salariés chez eux à partir du 2 janvier. Pour mieux comprendre la situation, nos 5 questions à Ludovic Bouvier, représentant CGT métallurgie Nord Pas-de-Calais, qui craint un effet boule de neige.
1 -Quelle est la situation de Nyrstar ? Pourquoi cette alerte aujourd'hui ?
On communique parce qu'on comprend bien la situation. Nyrstar a souscrit en 2011 au dispositif ARENH [accès régulé à l'électricité nucléaire historique] qui permet de couvrir 70% des besoins électriques d'une entreprise à un prix régulé de 42 euros le mégawatt/heure. Les 30% restants sont soumis aux cours de l'électricité. Seulement, l'ensemble du dispositif a une limite, celle d'un terrawatt/heure. Or, comme de plus en plus d'entreprises adhèrent au dispositif ARENH, la part du gâteau se réduit pour chacune des entreprises qui se partagent ce terrawatt/heure.
2 -Quel est l'impact du cours variable de l'électricité sur votre production ?
Produire, ce n'était tout simplement plus rentable ! Actuellement, avec la courbe inflationniste, le prix du megawatt/heure sur les marchés boursiers (pour les 30% restants, donc) est de 409 euros. Nyrstar a préféré arrêter la production de zinc pour deux mois.
3 -Quelle solution peut-on imaginer ?
En fait, il suffirait que le gouvernement français augmente la couverture du dispositif d'un demi terrawatt/heure pour l'ensemble des entreprises souscrivant au dispositif ARENH et tout rentrerait dans l'ordre. Mais la commission européenne s'y oppose et le gouvernement la suit.
4 -Quelles sont vos craintes ?
Pour les salariés de Nyrstar, cette fois ça devrait aller mais qui nous dit qu'un nouvel arrêt ne va pas se faire chez Nyrstar ou ailleurs ? Et puis, mettre des fours et tout l'outil de production en veille, c'est quelque chose ! Ce n'est pas une boulangerie... Il faut une maintenance de tous les instants. Et le redémarrage ne se fait pas comme cela.
5 -D'autres entreprises se sont-elles arrêtées à cause du prix de l'électricité ?
Au niveau national, je ne sais pas s'il y a d'autres entreprises qui se sont également arrêtées. Dans le Nord et le Pas-de-Calais, je sais que c'est la première. Mais on craint, alors même que nous sommes les premiers producteurs d'électricité nucléaire en Europe, que d'autres entreprises - contraintes - prennent ce type de décision. Je crains que cela prenne une ampleur nationale cette histoire. On a décidé d'interpeller les politiques et Xavier Bertrand sur ce point.