Ce 2 mai, la France Insoumise et Europe-Ecologie Les Verts (EELV) ont annoncé avoir trouvé un accord électoral pour les législatives 2022. Si peu de personnalités EELV sont en place dans la région, les Insoumis pourraient en revanche en profiter dans certaines circonscriptions.
Ils n'ont pas pu s'y résoudre pour la présidentielle, mais c'est officiel pour les législatives : la France Insoumise et Europe-Ecologie Les Verts sont parvenus à un accord électoral dans la nuit du 1er au 2 mai. Lors du 1er tour de l'élection présidentielle, la formation de Jean-Luc Mélenchon s'était placée 3ème, avec près de 22% des suffrages. Celle de Yannick Jadot avait signé une contre-performance, avec moins de 5%. La balance apparaît déséquilibrée, pourtant les deux formations peuvent tirer parti de cette alliance dans les Hauts-de-France.
Parti politique recherche candidat aux législatives
Dans l'ensemble, les noms des candidats dans les différentes circonscription sont largement inconnus. Dans toutes les formations de gauche, les négociations en cours ont amené à la prudence et freiné la course aux nominations. La France Insoumise, en position de force, a cependant avancé plus de pions. Le Rassemblement National, qui espère rafler plus que ses six sièges actuels à l'Assemblée, est encore en plein casting : les législatives sont une élection où le parti d'extrême-droite a toujours peiné à s'implanter.
A part Marine Le Pen, qui repart en conquête sur son fief de la 11ème circonscription du Pas-de-Calais, peu de membres du RN sont partis en campagne, même si des noms circulent. Le parti a d'ailleurs ouvert également la porte à des alliances de second tour avec la droite. Les Républicains, eux, accusent le coup du faible score de Valérie Pécresse à la présidentielle (4,78%) et ont pris le temps de composer leur liste. Selon les informations de la Voix du Nord, les noms des candidats LR dans les différentes circonscriptions sont arrêtés presque partout, mais la liste complète n'a pas encore été dévoilée. Enfin, la République en Marche envoie plus ou moins discrètement ses ministres au charbon, mais leurs représentants locaux sont encore inconnus dans la majorité des circonscriptions.
6 candidats EELV déjà déclarés
C'est Marine Tondelier, porte parole de Yannick Jadot et conseillère municipale d'Hénin-Beaumont qui a donné la première les premiers noms des candidats EELV pour la campagne des Législatives en Hauts-de-France, sur le plateau du 19/20 à Lille, ce 2 mai 2022.
Octave Delepiere pour la circonscription Lille 1 (Lille-Lambersart), Emilie Ducourant, Odile Vidal-Sagnier, Karima Chouia à Roubaix et Jean-Pierre Moussally à Calais.
Pas de député vert en Hauts-de-France
Une constante traverse les partis : les candidats déjà déclarés sont les sortants qui repartent à la conquête de leur siège. Sur ce point, LFI et EELV ne jouent pas dans la même cour : les Verts n'ont pas de député qui porte leur couleur dans les Hauts-de-France. Côté France Insoumise, trois députés sont en poste, et déjà candidats à leur réélection : Ugo Bernacilis dans la 2ème circonscription du Nord, Adrien Quatennens dans la 1ère circonscription du Nord, et François Ruffin dans la 1ère circonscription de la Somme.
Dans des circonscriptions-clé, une alliance qui peut tout changer
Cumulant le défaut d'implantation locale à son faible score à la présidentielle, EELV pourrait avoir eu du mal à s'imposer seul, mais a de bonnes chances d'exister à travers une alliance de gauche. Pour les Insoumis, avec la voie libre et le soutien d'une base un peu plus large, un coup est à jouer dans plusieurs circonscriptions.
- Dans la 1ère circonscription de la Somme, les 1ère et 2ème circonscriptions du Nord
Dans ces trois circonscriptions se joue un peu le même acte : trois députés LFI sortants, élus d'une courte tête en 2017, sans savoir s'ils vont pouvoir remobiliser leur électorat. Dans la Somme, il y a 5 ans, François Ruffin était devancé de 10 points au premier tour par son adversaire LREM, et avait bénéficié du report des voix au second tour et inversé le ratio. Jamais avare pour donner de la voix, le député est une personnalité clivante y compris dans les rangs de la gauche. Pour Adrien Quatennens, dans la 1ère circonscription du Nord, l'élection s'était jouée à un cheveu : 50 voix d'écart au second tour. Le millier de voix crédité à son adversaire écologiste aurait pu lui donner une avance plus confortable. Ugo Bernalicis, devancé au 1er tour en 2017 dans la 2ème circonscription, avait lui très largement bénéficié au second tour du réservoir de voix socialistes et écologistes, qui totalisaient à elles deux quelque 29%. L'alliance écologiste pourrait donc apporter dans ces trois circonscriptions le coup de pouce manquant en pleine recomposition du jeu politique national.
- Dans la 3ème circonscription du Nord
Dans la 3ème circonscription du Nord, la partie s'annonce serrée. En 2017, le tenant du siège, Christophe Di Pompeo (LREM) l'avait emporté d'une courte tête face au RN. Il est candidat à sa réélection et, face à lui, la gauche partait dispersée. Une première candidature s'est dégagée à gauche en la figure locale de Benjamin Saint-Huile, poussé par une trentaine de maires de son territoire. S'il a rendu sa carte du PS début 2022, il espérait bien miser sur l'union de la gauche autour de lui. Mais, dans cette circonscription, LFI avait fait un score honorable, et placé Fabrice Preux.
Cette alliance entre les Verts et les Insoumis fragilise donc Benjamin Saint-Huile et remet en question sa capacité à rallier les forces de gauche. Maintiendra-t-il sa candidature ? Il avait en tout cas fortement plaidé pour un candidat unique, estimant auprès de France 3 : "si le RN et LREM sont de nouveau opposés au second tour, je vous garantis l’élection du candidat d'extrême-droite".
- Dans la 8ème circonscription du Nord
A n'en pas douter, la 8ème circonscription du Nord est hautement disputée. La députée LREM Catherine Osson, qui attend encore son investiture officielle, est déjà sur la ligne de départ. Côté Les Républicains, on a joué sur une figure locale, récemment émergée au niveau national : Amine El Bahi, 26 ans, remarqué pour son passage dans le documentaire controversé de Zone Interdite sur l'islamisme radical, tourné en partie à Roubaix. Mais Roubaix, c'est peut-être là où la France Insoumise peut jouer l'une de ses meilleures cartes : à la présidentielle, la ville avait gratifié Jean-Luc Mélenchon d'un solide 52,5%. Tout naturellement, le parti renvoie sa figure locale à la conquête des bancs de l'Assemblée : David Guiraud, l'un des orateurs de premier plan du parti. L'alliance avec EELV pourrait donc terminer de doper cette candidature et ravir la 8ème circonscription, sur ce terrain hautement symbolique pour la droite.
Ces équilibres fragiles pourraient encore basculer dans les prochains jours : à gauche, les négociations se poursuivent entre la Force Insoumise, le Parti Socialiste et le Parti Communiste.