Législatives 2024 : Nouveaux députés du Nord et du Pas-de-Calais, élus pour la première fois, qui sont-ils ?

Ils seront 13 néo-députés du Nord et du Pas-de-Calais à fouler pour la première fois les allées et les rangs de l'Assemblée nationale. Plus de la moitié sont issus des rangs du Rassemblement national, qui envoie à Paris 7 députés et un LR-RN. Le plus jeune a 24 ans. Rencontre et portrait de ces nouveaux représentants de notre territoire.

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Sur les 33 députés du Nord-Pas-de-Calais, le Rassemblement national et ses associés ont décroché 17 sièges. Neuf sont réélus, ils retrouveront le Palais Bourbon, huit y feront leur entrée. Qui sont ces nouveaux élus ?

Dans le Pas-de-Calais, 10 des 12 députés sont issus du parti de Jordan Bardella. Avec 4 nouveaux visages. 

Dans le Boulonnais, Antoine Golliot l'emporte de moins de 500 voix 

Dans la 5e circonscription du Pas-de-Calais (Boulogne-sur-Mer), Antoine Golliot l'emporte de justesse. 488 voix le séparent du candidat, divers gauche, Olivier Barbarin. Antoine Golliot est un militant de la première heure. À bientot 40 ans, il en compte plus de 20 aux côtés du parti fondé par Jean-Marie Le Pen. Adolescent, il se retrouve dans les idées du père. Tenace, ce n'est pas la première fois qu'il se présente aux élections législatives. il raconte : "Je suis candidat à ces législatives dans la 5e circonscription depuis 2012. Je connais bien cette circonscription, et j'ai aussi compris le sens de cette élection. J'ai pu convainvre petit à petit une majorité d'électeurs". En 2022, il avait été devancé de 700 voix. 

Antoine Golliot a grandi entre Saint-Martin-Boulogne et Boulogne-sur-Mer. Après des études d'ingénieur à Valenciennes, il travaille dans les ascenseurs jusqu'à devenir salarié d'un bureau de contrôle. 

Il ajoute "c'est un combat politique, c'est aussi un combat sur le le long terme que nous menons".

A la question de savoir quelle est sa priorité comme député, il répond : "le sujet de la sécurité. C'est une préoccupation majeure. Il y a également l'immigration massive, clandestine, qui devient extrêmement problématique dans la région boulonnaise. Les gens ne se sentent plus en sécurité. Il y a des mesures fortes pour rassurer les habitants, stopper les conséquences que subissent les habitants de cette circonscription".

A Calais, Marc de Fleurian évince le député sortant, Pierre-Henri Dumont (LR)

Le duel a tourné à l'avantage de Marc de Fleurian, le désormais nouveau député RN du Calaisis. Avec 51,86% des suffrages, il bat le député sortant Pierre-Henri Dumont (LR).

Militaire de carrière, Marc de Fleurian est arrivé à Calais il y a 5 ans. Immédiatement, il s'est présenté sous la bannière du Rassemblement national aux élections municipales (2020). Il est alors élu conseiller d’opposition mais aussi à l'agglomération Grand Calais Terres et mers. Ensuite, il tente sa chance aux départementales (2021) puis aux législatives de 2022. Arrivé en tête au premier tour, il est alors battu au 2e tour par Pierre-Henri Dumont (LR). 

Sur sa fiche Linkedin, on peut y lire "Ma carrière s'est déroulée en deux temps : d'abord comme officier de la Légion étrangère et comme gestionnaire de réserves naturelles en Afrique. J'ai ensuite poursuivi mon engagement au service de mon pays en tant que collaborateur parlementaire au Parlement européen et au Parlement français". 


Contacté, il se dit originaire de toute la France "j'ai beaucoup bougé comme militaire". Á 35 ans, il connaît déjà les murs de l'Assemblée nationale : il a été pendant deux ans attaché parlementaire, notamment d'Emmanuel Blairy avec qui il va désormais siéger - il a été réélu dans la première circonscription du Pas-de-Calais. Marc de Fleurian ironise "je sais où trouver les formulaires sur l'intranet !".

Sa première action en tant que député a été de se rendre au commissariat de Calais "une marque d'affection envers les policiers et les gendarmes" nous a-t-il expliqué. Ensuite, il s'est rendu dans son local de campagne, désormais permanence de député, "pour aider les habitants à trouver un logement, c'est mon pied gauche social" ajoute le nouvel élu.

Sur son engagement, il nous affirme qu'il ira "là où il sera le plus utile" et qu'il espère se faire entendre sur la question de la sécurité, de l'immigration, des déserts médicaux, des inondations, de la réindustrialisation... "On n'est pas là pour se faire plaisir mais pour travailler pour le territoire", conclut-il.

Dans l'Audomarois, pour la première fois, un député RN

Ce sera assurément un des plus jeunes députés de la prochaine mandature. Auguste Évrard a 24 ans et il se présentait pour la troisième fois ! En juin 2022 et en janvier 2023 (suite à l'annulation de la précédente pour irrégularité), Auguste Evrard avait été battu par Bertrand Petit (Divers gauche). Cette fois, porté par la vague nationale, il l'a emporté avec 52,27 %.

Le jeune élu raconte venir d'une famille qui votait historiquement à gauche. "Comme tout le monde", ajoute-t-il. Tout juste majeur, lui, s'engage au Rassemblement national. "Au Rn, on a toujours fait confiance à la jeunesse pour les élus" argumente Auguste Evrard. Très vite, il devient assistant parlementaire à Bruxelles du député européen Philippe Olivier. Puis, il est engagé comme collaborateur de Ludovic Pajot, maire (RN) de Bruay-la-Buissière. 

Auguste Evrard espère pouvoir défendre "les questions sociales, la sécurité et lutter contre l'immigration". Localement, il insiste sur les inondations et la défense des entreprises comme Arques France et la papeterie RDM à Blendecques. Surtout, il insiste sur la forte participation à ces législatives, évoquant "ces électeurs qui ont vu dans le Rassembement national des possibilités de changement". 

A Douai, le pari réussi du candidat ciottiste Thierry Tesson

Dans la 17e circonscription du Nord, le député RN Thibaut François, cède la place à Thierry Tesson. Le candidat LR resté fidèle à Eric Ciotti a battu le maire de Douai, Frédéric Chéreau (PS-NFP). Il a emporté 55,80 % des suffrages au second tour.

Professeur agrégé d'histoire à la retraite, Thierry Tesson, 67 ans, explique "il faut choisir son camp, ses valeurs. Il n'y a aucun problème sur le fait qu'on puisse faire une union des droites qui changera la donne politique". L'homme se dit honoré par sa victoire "c'est une immense responsabilité, je représenterai tout le monde, pas seulement mes électeurs, que je remercie" puis il ajoute "ce qui est au cœur du métier de député, c'est que vous devez faire le lien entre votre territoire et la fabrication de la loi. C'est le fondement de la démocratie". Sur les 28 communes de la circonscription, 26 l'ont placé en tête.

Quatre nouveaux élus du Rassemblement national, dès le premier tour

Des députés Rassemblement national élus au premier tour, le parti de Jordan Bardella en compte douze. Parmi eux, quatre vont découvrir l'Assemblée Nationale. Il s'agit de Bruno Clavet, dans la 3e (Lens) circonscription du Pas-de-Calais. Dans le Nord, Sandra Delannoy (3e Maubeuge), Alexandre Dufosset (18e Cambrai), Guillaume Florquin (20e - Saint-Amand).

Agnès Pannier-Runacher, la ministre enfin élue

Son visage est bien connu. Et elle a été longtemps habituée aux nominations : secrétaire d'État auprès du ministre de l'Économie et des Finances en 2018, ministre déléguée chargée de l'Industrie en 2020, ministre de la Transition énergétique en 2022 puis ministre déléguée auprès du ministre de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire (2024). Edouard Philippe, Jean Castex, Elisabeth Borne, Gabriel Attal : elle a eu la confiance de tous les premiers ministres de la Macronie.

Agnès Pannier-Runacher a rejoint "En marche" en 2016. Elle a fait partie des premiers soutiens d'Emmanuel Macron lors de sa campagne pour l'élection présidentielle de 2017. Diplômée d'HEC, Sciences Po Paris et de l'ENA, elle fait carrière dans la haute fonction publique avant de rejoindre le secteur privé et monde de l'entreprise.

C'est donc logiquement sous les couleurs de Renaissance qu'elle s'est présentée, à Arras, dans la 2e circonscription du Pas-de-Calais. Face à Alban Heusèle (RN), elle a emporté 55,84 % des votes.

Elle remercie longuement ses électeurs.  "Je sais qu'un certain nombre d'entre eux l'ont fait pour faire barrage au Rassemblement national. Je sais que cette cause était très importante pour beaucoup d'habitants de ce territoire. On sait que ce combat était porté par Jacqueline Maquet, ma prédécesseur comme députée, pendant des années. Je l'ai aussi porté, c'est un des éléments de mon engagement en politique. Je veux dire ma responsabilité par rapport à ces électeurs" a-t-elle déclaré juste après les résultats du vote. Ensuite, elle a ajouté : "Je veux aussi dire que je serai une députée investie, une députée engagée pour mon territoire. Une députée investie mais surtout libre. J'en appelle à la droite raisonnable et à la gauche responsable pour former une coalition". 

J'en appelle à la droite raisonnable et à la gauche responsable pour former une coalition.

Agnès Pannier-Runacher, députée de la deuxième circonscription du Pas-de-Calais

Aurélien Le Coq fait mieux qu'Adrien Quatennens (LFI)

C'est l'un des très proches de l'ancien député insoumis Adrien Quatennens. Il était même son directeur de campagne pour les élections législatives de 2022. Alors, quand son mentor a renoncé à se présenter mi-juin pour ne pas nuire au Nouveau Front Populaire, son nom est vite sorti du chapeau. Il faut dire qu'il venait d'échouer -de peu- aux élections européennes. En dizième position sur la liste de Manon Aubry, la liste insoumise n'avait décroché que 9 sièges. 

Le jeune homme de 27 ans, diplômé de Sciences Po Lille, était donc disponible. D'autant qu'il est un insoumis convaincu de la première heure, engagé depuis 2016. Militant, syndicaliste étudiant puis animateur des jeunes insoumis, il était depuis des années régulièrement présent lors des manifestations ou opérations de tractage du parti mélenchoniste. 

L'augmentation des salaires, le blocage des prix, la retraite à 60 ans, la garantie d'autonomie pour les jeunes, c'est le cœur de notre combat.

Aurélien Le Coq, député (LFI-NFP) de la première circonscription du Nord

Opposé à Carole Leclercq (RN), il l'a emporté très largement au second tour avec 75,49 % des suffrages. Il affirme alors : "Les habitants de Lille, Loos et Faches-Thumesnil ne veulent ni de la saignée macroniste qu'ils ont dû subir ces sept dernières années, ni de la haine, la divison et le racisme du Rassemblement national. Ils ont fait un choix clair, celui du programme du Nouveau Front Populaire". Un programme qu'il n'hésite pas à rappeler : "L'augmentation des salaires, le blocage des prix, la retraite à 60 ans, la garantie d'autonomie pour les jeunes, c'est le cœur de notre combat" et il prévient "ce sera le programme, tout le programme, rien que le programme ! On n'est pas là pour les tambouilles et les marchandages de tapis".

Julien Gokel, spectaculaire remontée dans le Dunkerquois


Il ne partait pas gagnant, Julien Gokel, candidat PS, sans le Nouveau Front Populaire. Pourtant, dans la treizième circonscription du Nord, il a réalisé une des plus belles remontées du second tour des élections législatives. 

Arrivé deuxième lors du premier tour, onze points derrière son adversaire du RN, ce fils d'ouvrier a réussi à faire mentir les pronostics. Il l'emporte avec 53,76 % des voix face à Maxence Accart. 

Le maire de Cappelle-la-Grande n'a pas caché pas son émotion à l'annonce des résultats. Lui qui était soutenu par les maires du Dunkerquois, dont Patrice Vergriete, va démissionner de son poste de premier édile dans la semaine, mais restera conseiller communal. Désormais, l'enfant de l'école publique Jean Jaurès de Cappelle siègera dans l'hémicycle, là-même où s'est illustré Jean Jaurès.  

Une élection sur le fil rendue possible par le désistement de Damien Lacroix, candidat LFI-Nouveau Front Populaire. 

Jean-Pierre Bataille élu avec 239 voix d'avance dans les Flandres

239 voix. 239 petits bulletins de vote séparent Jean-Pierre Bataille, député élu divers droite, de son adversaire Pierrick Berteloot (RN), député sortant battu.

A 60 ans, Jean-Pierre Bataille est avant tout un élu local. Ancré dans son territoire. Maire de Steenvoorde depuis 1999, pharmacien de profession, il est aussi vice-président aux Finances du Conseil régional des Hauts-de-France. Sa candidature à ces élections législatives anticipées, il l'a portée avec Valentin Belleval, le maire d’Hazebrouck, président de la communauté d’agglomération Cœur de Flandre et vice-président du département du Nord. 

Une union des maires des Flandres qui a permis d'empêcher la réélection de Pierrick Berteloot, élu en 2022 à la faveur de la division des élus de la circonscription. Ce n'est pas la première fois que Jean-Pierre Bataille se présente à une élection parlementaire. Il a même déjà été suppléant d'un député,  Jean-Pierre Decool entre 2007 et 2014.

Valérie Létard, l'ancienne sénatrice entre à l'Assemblée

Moins d’un an après avoir quitté le Sénat, Valérie Létard va découvrir l’Assemblée nationale. L’ancienne protégée de Jean-Louis Borloo, trois fois élue sénatrice du valenciennois se lance donc dans une nouvelle aventure. 

Et ce n’a pas été sans mal. Largement devancée au premier tour (29,18 % des suffrages) par la candidate RN Laurence Bara (43,52 %), elle l’emporte à la faveur du retrait du candidat du Nouveau Front Populaire, Pierrick Colpin.

À 61 ans, l’ancienne-vice-présidente du Sénat avait décidé de se consacrer exclusivement à son mandat de conseillère départementale. Mais la rafle annoncée des circonscriptions de la Région par le Rassemblement national était trop risquée à ses yeux. 

Dans son combat, elle était épaulée par les maires du valenciennois, avec en tête Salvatore Castiglione, le maire de Wallers-Arenberg, son suppléant.

La néo-députée n’est pas une novice en politique. Secrétaire d’Etat sous Nicolas Sarkozy, sénatrice pendant près de 13 ans, conseillère régionale, présidente de l’Agglomération Valenciennes Métropole, elle sait se saisir des dossiers et les porter jusqu’à leur terme. Travailleuse, elle a lancé "C’est la victoire du Valenciennois et des Valenciennois. C’est la victoire du rassemblement au-delà des étiquettes politiques. Je voudrais remercier toutes celles et ceux qui ont fait un choix différent du premier tour parce qu’ils avaient des valeurs à défendre." 

 

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