Un faux procès du véhicule sans conducteur a été organisé dans le cadre du Grand Barouf du Numérique de la Métropole de Lille. Une manière de réfléchir sur les évolutions de la société et du numérique.
Lille-Shangai, 8000 kilomètres de distance. Mais certaines problématiques concernent le monde entier. Ce vendredi, le constructeur chinois Nio annonçait vouloir commercialiser une voiture autonome aux Etats-Unis d’ici à 2020. A Lille, le Tribunal pour les générations futures fasait déjà le procès du véhicule.Organisé par le média Usbek et Rika et l’initiative Le grand barouf de la Métropole de Lille, ce tribunal est une conférence spectacle qui pousse à s’interroger sur les évolutions de la technique et de la société.
La séance est ouverte
"Nous avons déjà abandonné la souveraineté de la conduite des chauffeurs de bus ou de train, pourquoi pas alors pour la conduite de voiture ?", lance à l'assistance Vincent Edin, journaliste indépendant et avocat de la défense..@maureenhouel @GillesMoyse @ArthDeG C'est au tour de Vincent Edin de plaidoyer: l'humain doit primer! #grandbarouf #tgf pic.twitter.com/xNYMPNWHBa
— Le grand barouf (@legrandbarouf) 10 mars 2017
A la barre d'un amphithéâtre de la chambre de commerce transformée en salle d'audience, se succèdent experts et avocats, avant que des jurés tirés au sort parmi le public ne se prononcent.
La question : "les véhicules autonomes doivent-ils passer le permis ?"
Grands avantages, gros inconvénient
Pour permettre de réduire flux, bouchons et pollution en ville, "il faudra que ces voitures soient partagées, un peu comme les bus aujourd'hui, et électriques. Elles rejoindront de grands hangars à l'écart des villes, permettant moins de circulation en leur centre... même si des emplois seront menacés", éclaire l'une des expertes, Maureen Houel, directrice générale d'Autonomy, festival des "mobilités urbaines durables".Selon l’AFP, l’emploi de 4 millions de personnes est menacé rien qu’aux Etats-Unis. A ce risque conséquent s’opposent les arguments de l’innovation et, bien sûr, de la sécurité.
Plusieurs études estiment cependant que ces nouvelles voitures pourraient réduire le nombre de victimes des accidents de la route - 1,3 million par an à l'échelon mondial.
La plupart sont causés par la fatigue ou une distraction, ou parce que le conducteur n'a pas réagi assez rapidement.
La morale de la machine
Arthur de Grave, du collectif Ouishare, soulève alors cette problématique désormais connue : comment la machine résoudra-t-elle des dilemmes humains ?"La question qui se pose ici est celle de la moralité de la machine : la technologie n'est jamais neutre ! Derrière chaque algorithme se cache des valeurs, choisiesjustement par un ingénieur qu'on laisserait décider, en cas d'accident inévitable, entre le choc avec un bus de 40 personnes et le plongeon dans un ravin de la voiture autonome ?"
Toujours complexe, de faire disparaître l’humain, alors que la plupart des constructeurs automobiles sont déjà à l’œuvre pour produire leur propre voiture sans conducteur.
En attendant la délibération, remerciements à la dessinatrice @cocoboer qui a illustré avec brio ce #tgf #grandbarouf pic.twitter.com/W5bjX9ccfd
— Le grand barouf (@legrandbarouf) 10 mars 2017
Elles vont devoir faire leurs preuves, petit à petit. Le constructeur Nissan propose déjà sur certains modèles une option de pilotage automatique, adaptée pour les embouteillages.
A Lille en tout cas, les jurés du tribunal n’accorderont pas leur confiance sans contrôle : la voiture autonome est bel et bien condamnée à passer son permis.