La justice vient d'élargir l'enquête sur l'attribution de la construction du Stade Pierre-Mauroy, marché à 300 millions d'euros, à la recherche d'une "corruption" et d'un "trafic d'influence". Des perquisitions ont étés menées jeudi.
Un mois après la mise en examen de la métropole lilloise, en tant que personne morale, pour "favoritisme" dans l'affaire de l'attribution du marché du Stade Pierre Mauroy à Eiffage, une information judiciaire vient d'être ouverte pour "corruption" et "trafic d'influence".
A la demande du juge Jean-Michel Gentil et de son collègue Pascal Gastineau, le procureur de la République a délivré il y a quelques jours un réquisitoire supplétif permettant au magistrat d'étendre ses investigations aux soupçons de "corruption" et de "trafic d'influence", selon une source judiciaire, confirmant une information du quotidien La Voix du Nord.
Un surcoût de 108 millions d'euros
Pour ce marché de 306 millions d'euros, selon la Métropole européenne de Lille (MEL), Eiffage était en concurrence avec le consortium Norpac-Bouygues.
Selon l'ancien élu (RPF) de Lambersart, Eric Darques, qui avait déclenché l'enquête en déposant une plainte avec constitution de partie civile en 2010, le chantier avait été attribué à Eiffage malgré un surcoût de son offre représentant 108,5 millions d'euros, par rapport à celui de Norpac-Bouygues.
Un premier rapport, daté du 23 janvier 2008, donnait une préférence au groupe Norpac-Bouygues, mais un second, daté du 1er février 2008, jour du vote, mais rédigé postérieurement d'après cet élu, notait plus favorablement le groupe Eiffage.
L'élargissement par le ministère public à des faits nouveaux ne peut intervenir que "s'il y a des soupçons suffisamment étayés sur des infractions" non suspectées jusqu'alors, rappelle un praticien interrogé par l'AFP.
Ce n'est pas parce qu'un pan d'enquête est ouvert que les faits sont avérés
Toutefois, "ce n'est pas parce qu'un pan d'enquête est ouvert que les faits sont avérés", souligne une source proche du dossier.
Des perquisitions, en partie au moins en présence du juge Gentil, ont été opérées jeudi dans le cadre de cette saisine élargie du juge d'instruction. Elles visaient notamment un site de stockage de données du groupe Eiffage dans le Pas-de-Calais, selon la même source. "Cela permet de rassembler des documents, qu'il faut maintenant exploiter", a dit ce responsable.
On s'approche enfin du coeur nucléaire de ce dossier et des protagonistes principaux
"On s'approche enfin du coeur nucléaire de ce dossier et des protagonistes principaux", s'est réjoui Joseph Breham, l'avocat de M. Darques.
Déjà en octobre 2012, une autre information avait été ouverte pour "favoritisme", "faux et usage de faux", à la suite de l'attribution du chantier au groupe Eiffage. Ces informatins avaient abouti à la mise en examen de la métropole lilloise pour "favoritisme" le 15 novembre dernier en tant que personne morale, et à la mise en examen de deux fonctionnaires de cette collectivité en mai 2014 pour "faux et usage de faux".