Le Parlement européen a approuvé la fin du changement d’heure saisonnier en 2021. On vous explique les changements dans la région.
Le changement d'heure, c'est bientôt fini ! Mais il faudra attendre quelques années. Au départ, cette suppression du changement d'heure saisonnier devait intervenir en 2019. Finalement, les députés européens se sont prononcés ce mardi pour une suppression du changement d'heure saisonnier, au printemps et à l'automne, en 2021.
Concrètement, chaque pays devra maintenant choisir le fuseau horaire et l'heure choisie. Les pays de l’Union Européenne qui décident de garder l’heure d’été de façon permanente devront ajuster leurs montres une dernière fois le dernier dimanche de mars 2021, et ceux qui préfèrent garder l’heure standard (d’hiver) pourraient effectuer un dernier changement d’heure le dernier dimanche d’octobre 2021.
Heure d'été ?
En France, la consultation citoyenne organisée par l'Assemblée nationale sur le changement d'heure a recueilli plus de deux millions de réponses, un record : plus de 80% pour y mettre fin, et une majorité pour opter pour l'heure d'été.
L'heure d'hiver, qui avait un temps tenu la corde, est à 36,97%, les autres répondants étant sans opinion. Mais aattention cette consultation n'a pas de valeur juridique. La France pourrait très bien opter pour l'heure d'hiver, notamment en fonction des intérêts économiques, des effets sanitaires et des négociations avec les pays voisins.
Deux scénari possibles
Pour votre région ou votre ville, quelles conséquences ? Les "nouveaux" horaires vont peut-être vous surprendre.
- Si l’heure d’été est mise en place toute l’année (le scénario le plus probable), le soleil se lèvera à Lille mi-décembre… quelques minutes avant 10 heures du matin. A 9h14 à Valence. Soit une heure plus tard que l’heure habituelle. "Le lever du jour ne se produira qu'entre 9 heures et 10 heures, heure légale, soit bien après le commencement des activités, notamment celui des horaires scolaires", soulignait un rapport du Sénat à la fin des années 1990.
- Si l’heure d’hiver est mise en place toute l’année, le soleil se lèvera à Strasbourg mi-juin… à 4h26 du matin, à 5h21 à Pau. Soit une heure plus tôt que l’heure habituelle.
Voici une simulation de l'heure du lever et du coucher du Soleil pour chacune des préfectures de métropole, selon les deux hypothèses possibles.
En Belgique, au Royaume-Uni, en Allemagne, en Suisse, ils en disent quoi ?
Le projet adopté ce mardi par le Parlement européen laisse à chaque pays le choix de rester à l’heure d’hiver ou à l’heure d’été. Mais tout le monde espère que les pays (17 en tout) actuellement dans le même fuseau horaire (UTC+1), vont s'entendre sur un choix commun. Objectif : éviter de changer d'heure quand on passe les frontières.
"Imaginer le Luxembourg avec des voisins comme l'Allemagne, la France et la Belgique et des fuseaux horaires différents, ce serait totalement catastrophique pour nous", notait par exemple François Bausch, ministre du Développement durable et des Infrastructures du Luxembourg en octobre 2018. La question se pose également avec la Suisse.
En Belgique, le premier ministre Charles Michel espère une consultation avec les pays transfrontaliers, pour adopter ensemble le même fuseau horaire. Mais le casse-tête ne fait que commencer, car contrairement à la France, les Pays-Bas pencheraient plus pour … l’heure d’hiver.
Le Royaume-Uni ne souhaite pas vraiment mettre fin au changement d’heure. Ce qui pose problème avec l’arrivée du Brexit, car il y aurait des décalages entre l’Irlande et la province britannique d’Irlande du Nord.
Autre conséquence compliquée à gérer : en adoptant l'heure d'été, la France afficherait pendant l'hiver une heure de plus que l'Allemagne, pourtant située plus à l'Est.
Quelles conséquences pour la santé, les économies d'énergie, les animaux ?
Instauré initialement pour réaliser des économies d'énergie, le changement d'heure en été et en hiver dans l'Union Européenne - en vigueur en France depuis 1976 - suscite de vives oppositions depuis des années. Ses détracteurs invoquent des effets négatifs sur le sommeil et la santé ou sur les accidents de la route, ainsi que l'absence de réelles économies d'énergie. En 2010, l'ADEME chiffrait les gains sur l'éclairage à 440 GWh, soit l'équivalent de la consommation en éclairage d'environ 800 000 ménages, grâce au passage à l'heure d'été.
De son côté, le Bureau de l'évaluation technologique du Bundestag allemand estime que le changement d'heure permettait de diminuer de seulement 0,8% la consommation annuelle d'énergie des ménages allemands.
Les chronobiologistes, eux, ne voyaient pas d'un bon oeil l'idée de changer d'heure plusieurs fois dans une année. Et prônait d'abord une stabilité. A l'heure du choix entre heure d'été et heure d'hiver, ils penchent désormais clairement pour la 2ème option. En France, l'heure d'été correspond à deux heures d'avance sur l'heure solaire, ce qui "n'est pas une bonne idée". "A priori, on est quand même faits pour vivre avec le soleil", explique à France info Joëlle Adrien, spécialiste du sommeil à l'Hôtel-Dieu à Paris. "L'horloge biologique est le chef d'orchestre de nos organes et de notre cerveau. Passer définitivement à l’heure d’été est une aberration chronobiologique. Au lieu de faire une symphonie, on crée une cacophonie", ajoute-t-elle. Le débat risque donc de faire rage entre les deux options dans les mois ou années qui viennent.
Le monde agricole penche plutôt pour l'heure d'hiver. "Durant les moissons, en plein été, on a un décalage de deux heures avec l'heure solaire. Du coup, on démarre plutôt tard et on est obligés parfois de finir de nuit", explique Luc Smessaert, membre de la commission changement climatique à la FNSEA.