Coronavirus : "Je ne mettrai plus les pieds sur un bateau de croisière", le Nordiste coincé 2 semaines en mer témoigne

Après près d'un mois à bord de bateaux de croisières, Yves A., un Loossois de 68 ans, a atterri en France ce matin. Sur la route pour le Nord, il se confie sur son parcours. 

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Le 7 mars dernier, Yves A. embarque à bord du Zaandam à Buenos Aires en Argentine pour une croisière d'une semaine. Quelques jours plus tard, les premiers symptômes de coronavirus apparaissent chez l'équipage et les passagers. De nombreux ports d'Amérique du sud refusent d'accueillir le navire pour des raisons sanitaires alors que quatre passagers décèdent à son bord. Yves, radiologue à la retraite, débute alors un long confinement, seul dans sa cabine.

Les passagers qui ne présentent pas de signe de maladie, dont Yves, sont transférés il y a une semaine sur le Rotterdam, un autre paquebot de la même compagnie, Holland America. Les deux bateaux traversent alors le canal de Panama pour finalement accoster à Fort Lauderdale en Floride (Etats-Unis), jeudi 2 avril. Yves est ensuite rappatrié en France : il est arrivé ce matin à l'aéroport Roissy Charles de Gaulle, près de Paris. Pour France 3 Nord Pas-de-Calais, il revient sur son périple. 


Yves, vous venez d'arriver en France, comment vous sentez-vous ? 


"Je vais moyennement bien, je suis très fatigué. Je ne dors plus vraiment depuis quatre nuits. J'ai été confiné pendant 14 jours (à bord du Zaandam puis du Rotterdam, NDLR) dans des cabines climatisées en permanence et je suis finalement tombé malade ; j'ai le nez bouché, je toussote un peu..." 
 
 



Avec vos symptômes, pensez-vous être atteint par le coronavirus, dont les cas ont été particulièrement nombreux et mortels à bord du Zaandam ? 



"C'est possible mais je ne suis pas sûr puisque je n'ai pas eu et je n'ai toujours pas de fièvre. En plus, j'ai dû remplir deux questionnaires médicaux, l'un pour être transféré sur le Rotterdam puis un second pour mettre pied à terre à Fort Lauderdale et à chaque fois mes symptômes n'ont pas soulevé d'inquiétude. En arrivant en Floride on m'a pris ma température et je n'avais pas de fièvre."
 


Que s'est-il passé depuis votre transfert sur le Rotterdam, le "bateau sain" ? 



"Dimanche dernier, j'ai été transféré sur le Rotterdam parce que mon état de santé le permettait. Lundi, nous avons mis le cap vers Fort Lauderdale, nous sommes passés vers Cuba mais le gouverneur de Floride refusait que nous accostions. Finalement, je crois que la prise de position de Donald Trump nous a permis de débarquer jeudi 2 avril. Jusqu'à la fin, j'ai été confiné seul dans une cabine. C'était très angoissant. Pour que nous puissions suivre les avancées des négociations, le commandant nous donnait des informations via les micros, en anglais. Ensuite, Croisière d'exception (l'agence de voyage, NDLR) assurait la traduction en français."
  



Comment vous êtes-vous occupé, confiné dans quelques mètres carrés ? 


"J'étais en contact avec les autres Français à bord des bateaux. J'ai aussi beaucoup appelé ma fille, qui a remué ciel et terre pour que ma situation évolue. J'appelais aussi mes petits-enfants et j'ai lu quelques livres depuis ma tablette. Il faut bien l'avouer, j'ai passé beaucoup de temps à pianoter sur mon téléphone. Heureusement que nous avions une connexion wifi à bord du Rotterdam, sinon nous étions coupés du monde."
 



Une fois sur la terre ferme, comment êtes-vous rentré en France ? 


"Quand j'ai obtenu le précieux sésame, c'est-à-dire un papier m'autorisant à débarquer, je suis monté à bord d'une navette direction l'aéroport de Fort Lauderdale. Avec nos bagages, nous avons été déposés directement sur le tarmac, sans passer par l'aéroport. J'ai embarqué à bord d'un avion affrété pour l'occasion, d'une capacité de 350 places, comme les 120 Français et la centaine d'Allemands de la croisière. Nous étions à peu près 230 à bord. Nous avons volé direction Paris où j'ai débarqué. Puis l'avion est reparti vers Francfort pour déposer les Allemands, j'imagine. À notre descente d'avion, un représentant du Quai d'Orsay (le ministère des affaires étrangères, NDLR) était présent. Après les formalités de police, j'ai récupéré les bagages. Un chauffeur de taxi m'attendait ensuite avec une pancarte à mon nom pour me ramener à Loos. En arrivant chez moi à Loos je vais poser mes affaires, me reposer et consulter mon médecin." 
 
 
 



Quel regard portez-vous sur cette croisière, une fois revenu ? 



"Je pense que je suis vacciné à vie, je ne mettrai plus jamais les pieds sur un bateau de croisière. Je suis en colère contre moi-même, ce n'était pas très prudent de partir dans ces conditions mais le voyage était réservé depuis longtemps. En septembre 2019, j'ai profité d'une promotion sur les cabines seules pour réserver mon billet. C'est un voyage autour de 10 000 euros que j'ai terminé de payer fin 2019, bien avant le début de l'épidémie. J'ai quelques soucis de coeur qui auraient sûrement valu que je prenne la décision avec mon cardiologue. Dans ces conditions, j'aurais peut-être pu me faire rembourser." 

 


 
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