Le président de la chambre syndicale des fleuristes du Nord Olivier Turblin réfléchit même à démissionner.
Le président de la chambre syndicale des fleuristes du Nord Olivier Turblin est furieux : hier vendredi 1er mai, les fleuristes n'ont pas pu ouvrir une demi journée pour vendre du muguet, alors que les clochettes blanches étaient disponibles dans les grandes surfaces, chez les buralistes ou les boulangers. Seuls les drives étaient autorisés et 20% des fleuristes ont pu vendre leur marchandise selon le professionnel.
Une occasion manquée de limiter les dégâts sur une fillière touchée de plein fouet par l'épidémie
Olivier Turblin dénonce la mauvaise communication du gouvernement vis-à-vis de la fillière horticole. Le 22 avril, le ministre de l'agriculture Didier Guillaume annonce que les fleuristes ne seront pas autorisés à vendre du muguet le premier mai. Une journée de vente qui aurait très bien pu avoir lieu "en respectant les gestes barrières, avec une petite table installée devant chaque boutique", pour Olivier Turblin. Ce jour-là, il réalise généralement 20% de son chiffre d'affaire annuel. "Tout le monde s'offre du muguet le 1er mai", rappelle-t-il.
"C'est l'humiliation suprême, de ne pas pouvoir défendre les fleuristes et de voir que d'autres vendent un produit qu'ils ne connaissent pas", fulmine Olivier Turblin. Installé depuis 35 ans à Neuville-en-Ferrain, il a hier eu la sensation que tous les commerçants sauf les fleuristes pouvaient vendre des fleurs. Depuis le début du confinement, il ne comprend d'ailleurs pas pourquoi les grandes surfaces et les jardineries sont autorisées à vendre des fleurs alors qu'il ne s'agit pas de produits de première nécessité.
La pilule est d'autant plus difficile à avaler que le gouvernement a semblé autoriser la vente de muguet aux fleuristes la veille du 1er mai avant de rétropédaler quelques heures plus tard. "La date limite pour commander mon muguet à mon grossiste était le 15 avril", explique Olivier Turblin. Avec une annonce si tardive, impossible alors de s'organiser du jour au lendemain.
Les fleuristes sont à bout
Hier, c'était la cerise sur la gateau. Le président de la chambre syndicale des fleuristes du Nord dénonce le "loupé de trop" du ministre de l'agriculture qui n'est pas à la hauteur face à la fillière horticole. "Je pense qu'il nous connaît mal", regrette Olivier Turblin. Il perçoit les fleuristes comme "la cinquième roue du carrosse" de l'artisanat français, moins puissants de d'autres corps de métier.
Sous le coup de la colère, le professionnel prévoyait hier de démissionner. Aujourd'hui il réfléchit à cette possiblité, comme il pense à changer de métier. Selon lui, la période entre mars et juin est la plus importante pour les fleuristes. Entre l'obligation de rester fermés alors que les grandes surfaces et les jardineries vendent leurs produits, l'impossiblité de fournir à leurs clients des fleurs pour les sépultures, l'absence d'aide et de considération, les fleuristes ont été hier privés du "bol d'air" dont ils avaient besoin.