3 questions sur l'état des immeubles à Lille, après les évacuations à répétition

Que se passe-t-il à Lille ? Pourquoi les arrêtés de péril se multiplient ? Comment expliquer les fissures ? Après l'effondrement mortel rue Pierre Mauroy et les évacuations à répétition ces derniers jours dans le Vieux-Lille, nous avons rencontré un expert technique du bâtiment pour faire le point.

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Deux semaines après l’effondrement mortel des immeubles rue Pierre Mauroy à Lille, les signalements de particuliers et de syndics se multiplient dans plusieurs habitations de la ville.

Alors que le périmètre restreint autour des deux immeubles effondrés est toujours d’actualité et que les expertises se poursuivent, trois immeubles de la rue de la Monnaie ont été évacués à la hâte la semaine dernière.

Dans la nuit du 26 au 27 novembre 2022, trois autres immeubles ont été évacués par les pompiers rue Lepelletier. À chaque fois, la mairie a pris des arrêts de péril imminent.

Tandis que certains habitants parlent de "psychose" qui s’installe, Martine Aubry tempère et demande à chacun de prendre ses responsabilités pour ne pas propager de fausses informations. Toutefois, la maire de Lille comprend qu’il puisse y avoir "une inquiétude".

Je pense que les gens regardent et tant mieux (…). Ils ont raison de le faire.

Martin Aubry, maire de Lille, samedi 26 novembre 2022

Pourquoi ces signalements à répétition à Lille ? Les immeubles du Vieux-Lille sont-ils fragiles ? Pour quelles raisons ?

Nous avons posé ces questions à Alban Bricard. Il est à la tête d’un cabinet d’expertise technique du bâtiment basé à Lambersart (Nord) et traite de l’ensemble des pathologies du bâtiment dans l’agglomération lilloise. Nous l’avons rencontré rue Lepelletier, devant le périmètre de sécurité installé autour des trois immeubles évacués.

Que se passe-t-il à Lille ?

Il se passe un phénomène qui n’est pas récent. Aujourd’hui, la plupart des maisons qu’on retrouve dans l’ensemble de la métropole ont des fissures. La problématique, c’est que dès qu’on a des alertes comme ça, les gens s’inquiètent très rapidement et veulent savoir si leur maison est structurellement viable ou pas.

Malheureusement, on s’aperçoit parfois que des problèmes interviennent. Essentiellement au départ au niveau des fondations, et ensuite les problèmes s’agrandissent. Comme à l’Orange Bleue. J’ai vu des photos de la fissure qui est importante. On n’est plus dans la fissure mais dans un phénomène de fracture.

Dès qu’on constate ça, il faut alerter la mairie ou les pompiers pour éviter qu’on ait le même phénomène que dans la rue Pierre Mauroy.

À quoi sont dues toutes ces fissures, ces fractures ?

On a trois phénomènes qui enclenchent ces fissures :

  • les problèmes d’humidité, dus à des infiltrations par la toiture ou par le sol
  • les phénomènes de construction. On peut avoir des bâtiments non-conformes qui vont présenter des problèmes de structure. La plupart des établissements ont des espaces commerciaux ouverts, dont on retire les murs de refends qui sont des murs intermédiaires. Ça fragilise tous les murs porteurs qui sont sur les côtés car on déporte l’ensemble de la charge sur les murs qui sont sur les côtés.
  • les mouvements de sol. C’est ce qu’on retrouve essentiellement dans Lille. La ville est construite dans un lit de rivière. Beaucoup de fondations sont faites depuis plus de 200 ans à l’aide de pieux en chêne de 4 à 5 mètres. Le Vieux-Lille descend au fur et à mesure. Depuis 200 ans, il est descendu de 25 à 30 centimètres. Il faut comprendre que les bâtiments bougent avec ces mouvements de sol. C’est ce qu’on a typiquement sur la plupart des bâtiments aujourd’hui

Y a-t-il un phénomène particulier qui se passe en ce moment ?

On appelle souvent ça la loi des séries. On le voit pour les avions, c’est pareil pour les maisons. A partir du moment où on a un phénomène qui va se produire, on essaie de regarder ce qui se passe autour et effectivement, des bâtiments bougent.

Je ne pense pas que ce soit inhérent à l’ensemble du Vieux-Lille. Cette semaine, il y a beaucoup de cas isolés, beaucoup de bâtiments qui sont en train d’être fermés où on relocalise les personnes. Mais c’est dû à l’ensemble des structures des bâtiments.

Globalement, les bâtiments sont bons à Lille.

Les phénomènes climatiques y sont-ils pour quelque chose ?

On a eu un été très sec, on a aujourd’hui beaucoup de pluie qui tombe. Cela entraine des mouvements dans les sols.

On a un sol principalement argileux sur une bonne partie des Hauts-de-France. L’argile agit comme une éponge : quand il y a de l’eau, elle gonfle, quand il n’y a plus d’eau, elle se rétracte. C’est à ce moment-là que les bâtiments bougent.

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