52e jour de grève à Vertbaudet pour des augmentations de salaires à Marquette-lez-Lille

Depuis les Négociations Annuelles Obligatoires et le conflit des retraites, la CGT refuse de se contenter des primes et des avantages signés par la CFTC et FO, majoritaires. Hier, 9 mai, de nouvelles propositions ont été signées par ces deux derniers syndicats, mais la CGT n'en démord pas : "pas de prime, des augmentations !", scande-t-elle en bloquant à nouveau l'entrée des poids lourds au site.

"C'est du foutage de gueule. La direction via les médias, parle de 16% d'augmentation. Il n'en est rien. Rien du tout", tonne Isabelle Mella au téléphone. Sous un abri de la CGT alors qu'il pleut, à l'entrée du site logistique Vertbaudet de Marquette-lez-Lille, cette dernière montre une fiche de paie d'un salarié historique de l'entreprise plafonnant à 1 700 et quelques euros.

Au total, 72 personnes de l'entreprise sur 327 sont aujourd'hui grévistes. Le conflit est entré dans sa huitième semaine. A côté d'Isabelle, une petite vingtaine de personnes expliquent qu'ici, la quasi totalité des salariés sont au SMIC, que l'entreprise réalise des centaines de millions de chiffres d'affaires et que c'est pourquoi la CGT veut des augmentations salariales "qui, elles, comptent pour le calcul des retraites et qui sont pérennes" et "non les primes".

En fait, la direction de Vertbaudet parle de primes équivalentes - en pouvoir d'achat - à 16% (1) d'augmentation salariale. Mais il est vrai que ces primes n'entrent pas en compte dans le calcul des retraites.

Stéphan Fertikh, DRH de l'entreprise, explique que compte-tenu de l'inflation qui a été de "5,9% sur 2022, on a voulu mettre l'accent sur le pouvoir d'achat et on a proposé sous forme de primes, des mesures équivalentes à 6% d'augmentation salariale pour les négociations de février. La CFTC et FO -qui représentent 63% des salariés- ont signé, pas la CGT (17%)". 

Le problème, selon lui, c'est que dans le contexte de grève contre la réforme des retraites, Vertbaudet aurait cristallisé l'opposition de la CGT interne mais aussi de celles de différentes strates de la CGT (Union locale CGT, la CGT nationale...). "Sophie Binet [secrétaire générale de la CGT] est passée sur le piquet de grève et a appelé au boycott de la marque", prend en exemple le DRH avant d'assurer que cette déclaration avait plutôt eu un effet inverse auprès des clients. 

"On ne coche aucune des cases du patron voyou"

Stéphan Fertikh, DRH Vertbaudet

Ce dernier estime par ailleurs que sans cette cristallisation, le conflit ne se comprend pas : "on ne coche aucune des cases du patron voyou, le chiffre d'affaires de 360 millions d'euros se traduit par un bénéfice de 1,5% de cette somme dont 100% sont réinvestis", sous-entendant qu'il n'y pas de dividendes records pour des actionnaires. "Les résultats ne sont pas délirants. On n'est pas dans le luxe chez Hermès ou encore chez Amazon".

Si le syndicat majoritaire F.O. ne souhaite plus communiquer, Alexandre Lemahieu, délégué CFTC, défend sa position. "Les NAO ont pour obligation de s'ouvrir pas de se conclure par un accord". Entendez en quelque sorte: il y avait quelque chose de conséquent à prendre sur la table, cela aurait été dommage de le laisser partir. Et le représentant syndical de compter les primes obtenues... 650 euros de prime de partage de la valeur (PPV ou prime Macron payés début avril dernier), 300 euros de prime PPV à chaque 1er janvier suivant ; 100 euros d'augmentation par an pour les salariés postés (en place) ou des tickets restaurants pour les salariés non-postés. Et depuis que le conflit s'est enlisé, la possibilité également pour le salarié de travailler une heure supplémentaire par jour, de racheter ses congés ancienneté à +25% et, 30 embauches.

"+12% d'augmentation nette" demandée

Mais pour la CGT, le compte n'y est pas. Mohamed Ben Kodad, délégué CGT Verbaudet, explique : "les salariés ont fait des efforts les années précédentes qui ont besoin d'être récompensés aujourd'hui par des augmentations de salaires en raison de l'inflation. Je ne comprends pas que, d'une part, la direction nous dise que des augmentations réduiront notre pouvoir d'achat : est-ce qu'on prend le calcul des aides de la C.A.F. dans les négociations salariales ? Nous on veut payer des impôts et avoir des salaires qui comptent pour nos retraites. Et je ne comprends pas, d'autre part, que l'on signe des N.A.O. avec 0% de vraies augmentations salariales en ce qui concerne les autres syndicats... Plus on rapporte, moins l'entreprise nous donne... Il y a un an et demi, on avait 1 400 euros de primes. Alors qu'aujourd'hui, la masse salariale a baissé en plus !". Les représentants du syndicat CGT Vertbaudet réclamaient que le montant de leur salaire brut se transforme en salaire net. Une revendication réduite à une revendication d'augmentation de +12% nette, face à laquelle "la direction propose 0%", regrette Mohamed Ben Kodad. 

(1) La direction explique que, dans un premier temps, des primes (qui sont sans charge pour l'entreprise) équivalentes à 6% d'augmentation salariales ont été proposées, puis, le conflit s'enlisant d'autres mesures ont été adoptées équivalentes à 16% d'augmentations salariales. 

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