À l’UGC de Lille, des spectateurs heureux aux séances de la matinée : "le cinéma, c’est notre priorité de la journée"

Sept mois après la fermeture des cinémas, une cinquantaine de personnes s'était groupée devant le cinéma UGC du centre-ville de Lille ce mercredi 19 mai au matin, avant son ouverture, pour assister aux premières séances de la matinée.

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Il faisait au matin de ce mercredi 19 mai un temps de cinéma. Le ciel, gris, les températures, fraîches, et la réouverture des grands écrans, après sept mois de fermeture, ont suggéré aux habitants de la métropole d’aller se lover dans des sièges confortables et de se laisser porter par les images et le son.

Devant l’UGC du centre-ville de Lille, rue de Béthune, les premiers fidèles sont arrivés avant 10h, alors que le cinéma ne présentait encore que des portes fermées et des affiches prometteuses. "Je suis arrivé en avance car je pensais qu’il y allait avoir du monde", a simplement exprimé Louka, étudiant de 19 ans qui a bravé la solitude de sa période d’examen pour la solitude de spectateur. Il avait pourtant déjà réservé sa place ; un geste préventif car les salles ne pouvaient être remplies qu’à 35% de leur capacité. Mais un geste finalement inutile puisque malgré l’affluence, personne n’a été laissé sur le carreau et tout le monde a trouvé le chemin de son film. La cinquantaine de pressés venus faire le pied de grue avant l’ouverture de 10h30 avait été rejoint par d’autres, nombreux et impossible à compter. 

Je suis là aussi pour montrer mon soutien aux cinémas, aux acteurs et aux réalisateurs.

Victor, ancien étudiant en cinéma.

Parmi eux, Céline, pour qui les jauges sont une aubaine : elle n’aime pas les salles bondées. Coincée dans la queue pour retirer son ticket aux guichets automatiques, elle assure venir voir Garçon chiffon, de Nicolas Maury, puis ira cet après-midi au cinéma Majestic, juste à côté, pour voir L’Etreinte, de Ludovic Bergery. Cette éducatrice d’une cinquantaine d’années n’est pas une habituée du streaming en ligne, une espèce rare, et a donc beaucoup à rattraper. De quoi réjouir Jérôme Zelent, le directeur des cinémas UGC du centre-ville de Lille, qui a "reconnu ces quelques fidèles" parmi la foule. Il soulignait aussi l’envie militante des spectateurs présents ce mercredi 19 mai : "je suis là aussi pour montrer mon soutien aux cinémas, aux acteurs et aux réalisateurs", abondait Victor, ancien étudiant en cinéma qui comptait voir deux films dans la journée. 

Adieu les cons et Drunk ont attiré les spectateurs

Car comment justifier autrement le fait, paradoxal, de vouloir s’enfermer devant un écran quand on a passé justement ces derniers mois coincé devant celui-ci sans autre choix. Sans doute que la force du libre arbitre et la capacité de séduction du cinéma n’y sont pas étrangers. "L’ambiance de la salle, ça change de ce que l’on peut avoir à la maison", explique justement Victoria. Cela faisait plus de 200 jours que cette étudiante en arts, grande consommatrice de films, n’était pas venue dans un tel lieu. "Le cinéma, c’est notre priorité de la journée", ajoute une de ses copines. Si les étudiants et les professionnels du secteur étaient en nombre, difficile de dessiner une sociologie du spectateur : jeunes et vieux, actifs et retraités, cinéphiles et amateurs, habitués, ou pas, de la séance du matin, les profils étaient hétérogènes. 

Ça fait du bien de voir les gens heureux.

Lisa, 25 ans.

Et au doigt mouillé, le monde se divisait en deux catégories ce mercredi matin : ceux qui allaient voir Drunk, de Thomas Vinterberg et les autres, qui souhaitaient visionner Adieu les cons, d’Albert Dupontel. Camille, commerciale au sein du cinéma et agent d’accueil d’un jour, le confirmait en répétant "la 6 au premier étage" et "la 10 en face", soit les chemins que devaient emprunter les nombreux spectateurs de ces deux films populaires. Il a fallu attendre 11h, et le début des séances, pour que le grand hall du cinéma UGC retrouve sa quiétude de confinement. De cette matinée, Lisa, 25 ans et interrogée devant le cinéma, en tire une conclusion qui sonne comme un dénouement de blockbuster américain : "ça fait du bien de voir les gens heureux".

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