Au congrès du FN à Lille, Marine Le Pen veut relever son parti en proie au doute

Beaucoup de chantiers s'annoncent, à quelques jours congrès lillois du Front national.

Marine Le Pen va tenter lors du congrès de "refondation" du Front national, à Lille samedi et dimanche, de relever un parti en proie au doute, parasité par les critiques de son père, les ambitions de sa nièce, et les affaires.

"L'échec n'est pas fatal, ce qui compte c'est le courage de continuer", assure en évoquant Winston Churchill la finaliste à l'élection présidentielle, battue par Emmanuel Macron mais qui a engrangé un record de près de 11 millions de voix (33,9%) au second tour, 

"S'implanter, s'allier, gouverner"


Seule candidate à sa propre succession, la présidente du FN est assurée d'être réélue et viendra dimanche avec trois lignes directrices: "s'implanter, s'allier, gouverner", une petite révolution pour un parti d'extrême droite marqué par une culture d'opposition, peu familier des alliances.

Elle entend à cet égard présenter une liste de "rassemblement" des "nationaux" contre les "mondialistes" aux européennes.

Pour parachever le ravalement "du sol au plafond", la dirigeante frontiste proposera un nouveau nom, même si la perte de l'appellation historique ne fait pas l'unanimité. Un vote aura lieu après le congrès.

La mutation est passée aussi par un questionnaire envoyé aux 51.000 adhérents, dont les résultats seront présentés samedi. Reste à savoir si le nouveau comité central reflètera ce nouveau départ. Les congressistes y guetteront l'ordre d'arrivée des élus, baromètre d'influence au sein du parti.

Marine Le Pen mise en cause


Beaucoup de militants, voire des cadres, s'interrogent sur la capacité de Mme Le Pen à diriger encore le FN depuis son débat "raté" entre les deux tours, et un score aux législatives inférieur aux attentes.

Ce qui a dégradé son image auprès des Français, selon un sondage Kantar Sofres. Les sympathisants sont encore nombreux (77%) à envisager le FN au pouvoir mais moins qu'il y a un an (-13 points).

C'était pas mal jusqu'au débat et puis elle a un peu merdé


Elle-même instille le doute. Elle lâche du bout des lèvres avoir "encore envie" de diriger le parti mais elle n'entend pas "s'éterniser" et soutiendra volontiers un successeur "mieux placé".

"C'était pas mal jusqu'au débat et puis elle a un peu merdé", lâche Christophe Hingray, au cou tatoué d'un coeur, en marge d'une rencontre avec Marine Le Pen en Alsace, terme d'une tournée de 12 étapes. Le problème pour lui ce n'est pas le nom, "c'est l'équipe dirigeante".

Jean-Marie Le Pen persona non grata


Soulagement pour Marine Le Pen, son père a renoncé à faire un coup d'éclat en se rendant au congrès, une première pour lui. Il n'est plus adhérent et devrait perdre la présidence d'honneur lors du vote sur les nouveaux statuts.


Désireuse depuis son arrivée en 2011 de "dédiaboliser" un parti au passé sulfureux, Marine Le Pen avait exclu en 2015 le cofondateur du FN après de nouveaux propos polémiques sur la Shoah.

La page "politique" de Jean-Marie Le Pen est tournée, selon elle, même si son père ne l'épargne pas en lui écrivant sa "pitié" dans ses mémoires. Marine "est assez punie comme cela pour qu'on ne l'accable pas", ajoute l'eurodéputé, pour qui refondation et changement de nom mèneront le FN au "suicide".

Marine Le Pen qualifie d'"épiphénomène" le départ en septembre de son bras droit Florian Philippot, qui a fondé son propre parti souverainiste et juge désormais le FN "embourbé" et "rediabolisé".

Marion-Maréchal Le Pen remarquée


En revanche Marine Le Pen reste courtoise avec sa nièce Marion Maréchal-Le Pen, qui s'était retirée de la scène électorale avant les législatives et a fait un retour remarqué le 22 février devant le gratin conservateur américain, où elle a présenté son projet d'académie des droites.

L'ex-étoile montante du FN reste très appréciée dans le parti et "épate" même sa tante, pourtant plus étatiste et moins conservatrice sociétalement qu'elle. Mais Marion Le Pen ne viendra pas au congrès.

Sans concurrent ni relève, Marine Le Pen aura-t-elle plus à craindre, sur le chemin de la refondation, des affaires judiciaires ?

Fin juin, elle a été mise en examen pour "abus de confiance" dans l'enquête sur des emplois fictifs présumés d'assistants d'eurodéputés, dont le préjudice approcherait les 7 millions d'euros. De plus en 2015, plusieurs de ses proches ont été mis en examen pour "financement illégal" de campagnes électorales en 2012.

Le congrès pourrait aussi, comme en 2014, être perturbé par des manifestants, selon un appel sur Facebook.

L'actualité "Politique" vous intéresse ? Continuez votre exploration et découvrez d'autres thématiques dans notre newsletter quotidienne.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
Hauts-de-France
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité