Au numéro 48 de la rue de la Monnaie à Lille, stress, colère et incompréhension des locataires évacués

Mercredi 23 novembre, les experts ont ordonné l'évacuation de l'immeuble situé au 48, rue de la Monnaie à Lille, après la découverte de fissures importantes.

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Près d’une semaine après l’évacuation de l’immeuble situé au numéro 48 de la rue de la Monnaie, les locataires sont désemparés.

Parmi les personnes évacuées de la dizaine de logements mercredi 23 novembre dernier, nous avons échangé avec Sophie Blondel et Pauline Bessette, deux locataires.

La première occupe un appartement depuis 6 ans dans le bâtiment B, situé en retrait de la rue. La seconde s’est installée en début d’année au premier étage côté rue, dans l’appartement situé juste au-dessus des parties communes où des fissures impressionnantes ont été découvertes.

"Il faut attendre un malheur pour prendre en compte nos alertes"

Sophie Blondel se souvient parfaitement de son arrivée en 2016, et de la joie de s’installer en plein cœur du Vieux-Lille dans l’une des artères les plus commerçantes du quartier. "Quand je suis rentrée, je voyais que l’entrée était un peu abimée mais rien d’alarmant", raconte la jeune femme de 24 ans, actuellement hébergée chez des amis depuis l’évacuation.

La situation a commencé à s’aggraver en 2020, au moment où des travaux de canalisation ont eu lieu. "Des fissures ont commencé à apparaître, raconte-t-elle, et elles se sont aggravées à l’automne 2021".

La locataire envoie les premières alertes. "On savait qu’un ancien locataire avait porté plainte. Nous, on a alerté le syndic oralement et une réunion devait être organisée pour effectuer des travaux. Mais on n’a eu aucun retour". Seul changement visible : la pose d’une plaque en bois sur la fissure du mur dans l’entrée.

Au printemps 2022, la jeune femme renvoie un dossier circonstancié à son syndic, photos à l’appui. On y voit l’évolution alarmante des fissures entre mars 2021 et mai 2022. "Ils devaient mettre en place des choses, voir les budgets pour réaliser les travaux, mais rien". La locataire se souvient qu’à ce moment-là, plusieurs propriétaires ont voulu vendre leurs biens "mais l’état des parties communes a posé problème".

Le 12 novembre, deux immeubles s’effondrent à 600 mètres à peine de son habitation, rue Pierre Mauroy à deux pas de la Grand Place. "L’accident a permis aux gens de prendre conscience", regrette Sophie Blondel. 10 jours plus tard, l’immeuble dans lequel elle vit est évacué à la hâte et un arrêté de péril imminent est pris par la mairie. "À croire qu’il faut attendre un malheur pour prendre en compte nos alertes".

"Et maintenant ?" L’épineuse question du relogement

Devant la jolie porte d’entrée bleue qu’elle empruntait chaque jour, Pauline Bessette a du mal à cacher son émotion. "Je suis à fleur de peau depuis l’évacuation", confie la psychomotricienne de 24 ans. Elle a emménagé au premier étage du numéro 48 à la fin du mois de janvier, dans un joli appartement de 39 mètres carrés, "juste au-dessus du hall d’entrée, les fissures remontent dans mon appartement".

Après avoir rassemblé quelques sacs de vêtement, elle a élu domicile chez une amie quelques jours avant de louer à ses frais un Airbnb. Grâce à plusieurs dizaines de coups de fil, son assurance s’est finalement engagée à lui rembourser les frais engendrés. Mais cette solution est provisoire. Où dormir vendredi soir ? "Je suis complètement désespérée. Ce matin, mon père a appelé la mairie. Ils nous ont renvoyé vers une association que je dois contacter, l’ADIL (Association d’aide au relogement). Je trouve ça inadmissible parce qu’on a zéro infos et je suis complétement seule".

Seule… et dépassée par les démarches administratives et les questions, nombreuses. "Que faire de mes meubles restés ? Où dormir vendredi ? Contre qui me retourner ? Qui appeler ? Mon assurance ? La mairie ? J’ai l’impression que tout est de ma faute".

Que faire de mes meubles restés ? Où dormir vendredi ? Contre qui me retourner ? Qui appeler ? Mon assurance ? La mairie ? J’ai l’impression que tout est de ma faute.

Pauline Bessette, locataire d'un appartement au 48, rue de la Monnaie à Lille

Pauline Bessette, qui ne sait pas qui est le propriétaire du logement qu’elle loue, a indiqué à l’agence la possibilité de porter plainte pour mise en danger de la vie d’autrui, vice caché etc. "On m’a répondu : « mais non, jouez là à l’amiable avec le propriétaire. Il vous laisse votre caution et vous laisse partir de l’appartement sans préavis ». C’est illégal. Nous avons essayé de contacter l’agence, en vain.

Les deux locataires, stressées par la situation, savent qu’elles ne sont pas prêtes de regagner leurs logements. Pauline Bessette et Sophie Blondel s’accordent également sur un autre point : même si cela était possible, ni l’une ni l’autre ne souhaitent se réinstaller un jour au 48, rue de la Monnaie.

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