Changement de direction au Palais des Beaux-arts et au musée Hospice Comtesse à Lille

Début avril, Juliette Singer prendra la succession de Bruno Girveau à la tête du Palais des Beaux-Arts et du musée Hospice Comtesse de Lille. Un retour dans la région dans laquelle elle a débuté. Autour de cinq questions, elle confie ses projets pour les musées et son attachement pour les Hauts-de France.

En avril prochain, Juliette Singer prendra la direction du Palais des Beaux-Arts et du musée Hospice Contesse à Lille. Elle succède à Bruno Girveau, qui a su pendant dix années, attirer toujours plus de visiteurs grâce à une programmation audacieuse et inclusive. Un record de fréquentation aux Beaux-Arts a même été enregistré en 2023. Un défi de taille à relever pour l'actuelle directrice du Petit Palais à Paris qui compte s'inscrire dans la continuité de son prédécesseur, tout en y ajoutant sa touche personnelle.

Anciennement en charge des Arts modernes et contemporains du Louvre Abu Dhabi, elle a été successivement responsable de l'Art contemporain au Musée-Château d'Annecy, conservatrice des musées de Boulogne-Billancourt. C'est un retour dans la région pour la nouvelle directrice puisqu'en 2002, elle a débuté au LaM de Villeneuve d’Ascq, en tant que chargée de la collection d’Art Brut de L’Aracine.

Pourquoi avoir candidaté à la direction du Palais des Beaux-Arts et du musée de l'Hospice Contesse à Lille ?

Juliette Singer (JS) : Il y a plusieurs facteurs qui m’ont motivée, d’abord la qualité des musées. J’aime beaucoup travailler dans des musées encyclopédiques, ils ont une profondeur temporelle qui met en perspective les époques les unes par rapport aux autres. C’était le cas au musée Château d’Annecy, et au Louvre d’Abou Dabi avec lesquels j’ai collaboré.

Le Palais des Beaux-Arts possède des collections et une architecture fabuleuse, c’est une réelle opportunité de pouvoir y travailler. De même pour l’Hospice Contesse qui est un musée dédié à l’histoire passionnante de la région avec ses collections vernaculaires d’une grande qualité qui font appel à un patrimoine immatériel, le carnaval, la nourriture etc.

La deuxième raison est son implantation. Lille est la capitale culturelle qui se situe au cœur de l’Europe, entre Paris, Londres, Bruxelles, Amsterdam, elle bénéficie d’un rayonnement important. J’ai eu la chance d’être présente lors de « Lille 2004, Capitale Européenne de la Culture », j’ai vu cette ferveur populaire pour les activités culturelles, et la diversité des publics. Beaucoup de choses ont déjà été réalisées mais il reste encore à faire, c’est une perspective passionnante.

Pendant ces dix dernières années, Bruno Girveau, l'actuel directeur a mis en place une stratégie d’ouverture et d’inclusion au sein des musées, comptez-vous poursuivre dans ce sens ?

JS : Bien sûr je m’attacherai à poursuivre le travail entamé par Bruno Girveau au cours de ces dix années pendant lesquelles il a beaucoup fait pour maintenir ce musée dans son dynamisme.

L’ouverture et l’inclusion sont les missions fondamentales des musées aujourd’hui, surtout à l’époque post-covid, où l’on est en réflexion sur tout ce qui fait sens. Le musée est au cœur de la vie citoyenne, il est important de briser ce qui peut intimider les personnes qui n’ont jamais mis les pieds dans un musée, les faire venir jusqu’au musée, et qu’elles s’y sentent bien.

Mais il y a aussi le principe de délectation qui est inscrit dans la loi musée de 2002, aucun visiteur ne doit s’infliger d’aller au musée, ce doit être un plaisir, une approche facile.

C’est ce que j’ai mis en œuvre avec l’exposition « Le Paris de la modernité » au Petit palais à Paris. J’ai voulu une approche liée au plaisir de l’œil et à l’esthétique. Je me suis efforcée à créer des histoires visuelles, des réponses entre différents arts. Le public se retrouve dans cette approche qui décloisonne qui met en perspective la musique, le théâtre, le costume, la mode, les beaux-arts. Mettre en relation visuelle des choses pour les donner mieux à comprendre et à voir, c’est quelque chose à développer pour éduquer le regard du public.

 

Le Palais des beaux-arts a connu un record de fréquentation l’année dernière, ces bons résultats vous mettent-ils la pression ?

JS : Avec mes 20 années d’expérience dans des musées de toutes tailles, je m’attache davantage à l’expérience visiteur qu’au nombre de tickets d'entrée. Je trouve plus intéressant de faire venir des publics de proximité ou d’autres qui ne connaissent pas la ville pour leur faire vivre une expérience positive et stimulante. Un grand nombre de visiteurs qui ne garderait aucun souvenir de l’exposition, n’aurait aucun intérêt.

Quelles nouveautés comptez-vous mettre en place au Palais des Beaux-Arts dans les prochains mois ?

JS : Je n’ai pas encore pris mes fonctions, ce serait présomptueux de faire des annonces. Tout ce que je peux dire c’est que j’essaierai de renforcer le rayonnement international du musée avec des expositions historiques d’envergures. En y replaçant l’Ecole du Nord qui est au cœur de cette histoire de l’art et en y ajoutant des contrepoints d’art contemporain comme ce que j’ai fait au Petit Palais. L’idée est de donner une approche revisitée y compris des collections historiques. C’est un axe de travail parmi tant d’autres, beaucoup de projets m’attendent.

Êtes-vous heureuse de revenir vivre dans les Hauts-de France ?

JS : Absolument, je suis ravie, enchantée et euphorique en même temps, c’est une région qui me tient à cœur. On le dit mais c’est vrai, il y a vraiment une qualité de cœur et d’âme dans cette région qui me touche et dans laquelle je me reconnais beaucoup.

Il y a 20 ans, j’habitais dans le quartier de Wazemmes et je n’ai jamais rencontré l’équivalent ailleurs. Il y a vraiment cette ambiance particulière avec le marché, le dimanche. Et retrouver tout ce qui fait aussi le dynamisme de cette région en termes d’art vivant, comme les géants.

Et puis, comme les gens du Nord sont fidèles, j’ai gardé des amitiés de longue date que j’ai hâte de retrouver. Tout comme d’anciens collègues d’Université, des écoles d’arts, de l’Opéra de Paris et du théâtre Phénix scène nationale à Valenciennes avec lesquels j’envisage des perspectives de travail en commun.

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