Si le confinement permet actuellement de "contenir" le flux de patients au CHU de Lille, l'établissement s'attend prochainement à une "vague", et adapte sans cesse son dispositif Covid-19. Les cliniques privées sont appelées à leur tour à y être impliquées.
Alors que le coronavirus poursuit sa progression dans les Hauts-de-France (1287 cas confirmés, dont 108 décès selon les chiffres communiqués le 23 mars par l'ARS), le dispositif de prise en charge dans les hôpitaux continue d'évoluer. Même si la "vague" de patients "Covid" qui a été observée notamment dans le Grand-Est, ne touche pas encore la région.
"Le confinement manifestement aide, parce qu’on peut constater actuellement que l’évolution des arrivées chez nous est encore progressive. Il y a des régions en France où c’est beaucoup plus rapide et ça peut même être brutal.
Donc nous, tout notre travail, c’est de nous préparer à être capable d’assumer un flux plus important de patients, tous les jours. Donc nous préparons au CHU, tous les jours, des services, des unités de réanimation, des services d’hospitalisation supplémentaires" , explique ce 23 mars le directeur du CHU de Lille Frédéric Boiron.
"On a libéré entièrement l’hôpital Calmette, c’est une prouesse… En deux jours le personnel du CHU a libéré l’hôpital Calmette. Et cet hôpital qui permet de faire 120 lits, pour des chambres individuelles etc., est entièrement dédié au dispositif Covid".
"On a aussi libéré plus de la moitié des réanimations, on a un très gros bâtiment de réanimation au CHU, donc on approche les 60 lits de réanimation destinés au Covid, on y accueille les patients. Et on va porter ce nombre sans doute au double et s’il le faut, bien sûr, on ira plus loin", a détaillé M. Boiron.
"Pas d'arrivées massives"
"On n’a pas, à ce jour, d’arrivées massives au CHU de Lille, rassure ce lundi Frédéric Boiron. Ce n’est pas massif, mais on a quand-même déjà des dizaines et des dizaines de patients et de lits dédiés.
Mais on se prépare à cette vague, puisqu’on a vu à Strasbourg, à Colmar, à Metz-Thionville, à Mulhouse… une vague importante arriver.
Nous ce qu’on espère, c’est que le confinement aura permis de lisser ce pic, et de nous permettre de prendre en charge, puis libérer des places et prendre en charge les patients suivants" a-t-il expliqué.
Les cliniques privées appelées en renfort
De leur côté, les acteurs privés du monde médical se portent volontaires pour soulager les établissements publics.
Lamine Gharbi, président de la Fédération des cliniques et hôpitaux privés de France, demandait dimanche dans les colonnes du Huffpost, à ce que leurs établissements soient réquisitionnés par l'Etat.
"Aujourd’hui malheureusement, alors que les capacités publiques sont dépassées, les établissements privés restent sous-utilisés. Un grand nombre de nos lits qui ont été libérés restent vides (...) Je demande donc solennellement à ce que nous soyons réquisitionnés pour épauler l’hôpital public. Nos établissements y sont préparés. Il faut que la vague qui a surpris l’est de la France nous serve de leçon", exhorte M. Larbi.
Dans les Hauts-de-France, tous les hôpitaux sont impliqués dans le dispositif Covid, mais le CHU de Lille, établissement référence pour la région, souhaite lui aussi mobiliser les cliniques et hôpitaux privés pour faire face à la crise.
"On a déjà mobilisé les hôpitaux du GHICL (Groupement des Hôpitaux de l'Institut Catholique de Lille, ndlr) qui sont déjà dans le dispositif et participent à la prise en charge des patients.
Et pour les établissements privés, on va leur demander de prendre en charge les patients –non Covid-, notamment en réanimation, puisqu’on a besoin d'y libérer de la place. On est en train de discuter avec eux des modalités pour pouvoir leur confier des patients, pour libérer de la place au CHU, afin de recevoir des patients Covid.
C’est une chaîne qui s’organise, il faut un peu de temps et beaucoup d’implication, mais nos équipes coordonnent tout ça avec beaucoup d’engagement", conclut Frédéric Boiron.