Selon les derniers chiffres de l'ARS des Hauts-de-France, plusieurs indicateurs pointent un recul de la cinquième vague de covid-19. Pourtant, la situation des hospitalisations ne s'améliore pas. Des chiffres en trompe-l'oeil, estime un spécialiste du CHU de Lille.
Est-ce enfin le début de la fin ? La question se pose chaque fois qu'une vague de covid-19 retombe, mais la réponse pourrait bien être encore non. Le 11 février, le gouvernement annonçait un allégement du protocole sanitaire dans les écoles, et dans les lieux clos où la vaccination est obligatoire. En effet, même s'il note des "améliorations", le ministère de la Santé défend encore le maintien du pass vaccinal, tant que tous les indicateurs ne sont pas au vert.
Contaminations : l'épidémie de covid-19 en recul
Dans les Hauts-de-France, reflet fidèle de la situation nationale, le taux d'incidence et le nombre de contamination ont baissé de manière significative entre le 7 et le 15 février, selon l'ARS. Dans l'ensemble de la région, le nombre de personnes positives sur 100 000 habitants sur 7 jours est passé de 2875 à 1316. Dans l'Aisne, ce taux est passé de 2828 à 1356. L'Oise affiche, ce 15 février, le taux le plus bas de la région, à 1030. Quant à la Somme, le taux d'incidence affichait 2605 le 7 février, et 1255 désormais.
Le nombre de cas positifs est également en baisse : dans la Somme, par exemple, il est passé de 17 924 à 12 702. Indicateur d'intérêt également, le taux de reproduction de l'épidémie suivi par le site spécialisé CovidTracker. Lorsque ce taux est inférieur à 1, l'épidémie régresse. Dans les Hauts-de-France, il est maintenant affiché à 0,65.
A l'hôpital, le nombre de patients atteints du covid reste préoccupant
Le problème réside dans le nombre d'hospitalisations pour des cas de Covid-19, qui reste stable, à 2701 personnes, dont 292 sont actuellement en réanimation dans les services hospitaliers des Hauts-de-France. Le gouvernement espère constater une amélioration d'ici fin mars. "On peut penser qu’on atteindra alors un niveau permettant un fonctionnement plus normal de l’hôpital. Mais nous restons prudents (...)" témoigne l'entourage d'Olivier Véran auprès du Monde.
Mais ces chiffres pourraient bien être un trompe-l'oeil, d'après l'analyse du Pr Marc Lambert, qui assure la coordination sanitaire de crise au CHU de Lille. "En 15 jours, nous sommes passés de 164 hospitalisation covid à 99. "Pourquoi on a le sentiment que les chiffres restent hauts ? C’est parce qu’on a énormément de patients qui ont un statut covid positif, mais qui n’ont pas de pneumopathie covid" explique-t-il.
Pour illustrer cette différence-clé, le spécialiste prend un exemple. "Mettons que je vous fasse à l'instant un test PCR, et qu'il s'avère positif, alors que vous n'avez pas de symptômes. Vous n'êtes pas "malade" du covid. Mais si une heure plus tard, vous vous fracturez la jambe, vous arriverez aux urgences pour une fracture, mais avec un covid positif. Et évidemment, vous serez strictement comptabilisée comme patiente atteinte du covid." Le professeur Lambert estime que 40 à 50 des 99 hospitalisations covid du CHU de Lille relèvent de ce cas de figure.
La situation est radicalement différente de celle de la première vague, où les patients atteints du covid étaient très majoritairement hospitalisés à cause des symptômes de la maladie. En juillet 2020, Santé Publique France constatait en parallèle "une baisse de près de 50% des passages concernant les accidents de la vie courante". Alors que la cinquième vague semble s'éloigner, le Pr Lambert estime "qu'une immunité est en train de se faire. La population s’habitude au variant omicron, le risque de mortalité s’amoindrit. Mais je me permettrais tout de même un rappel : pour les patients non-vaccinés, mal vaccinés et immunodéprimés, il existe toujours un vrai risque de développer une pneumopathie."