Le parc zoologique belge Pairi Daiza sonne l'alerte après une augmentation record du nombre d'abandons de reptiles et d'amphibiens en 2022. D'autres refuges français confirment cette hausse qui toucherait aussi d'autres animaux. Ils consomment trop pour être réchauffés.
Les chiffres sont impressionnants. En 2022, le refuge de la fondation du parc zoologique belge Pairi Daiza, spécialisé dans l'accueil des reptiles et amphibiens, a recueilli 741 individus, dont 589 tortues aquatiques et une soixantaine de lézards et de serpents. En 2021, 623 individus avaient été recueillis.
Des abandons liés à la crise énergétique et financière
Les abandons de ces animaux sont loin d'être nouveaux. " On en a toujours eu et notamment des tortues de Floride, parce qu'elles grossissent très vite", explique Pascal Dortu, responsable du refuge de la Fondation Pairi Daiza. Mais ce qui est nouveau en revanche, c'est la recrudescence, le nombre d'abandons record de lézards, tortues et autres reptiles en 2022.
Des abandons qui seraient une conséquence directe de la crise énergétique selon le parc zoologique belge. " Quand les propriétaires nous confient leurs animaux, le coût financier, est le principal motif évoqué pour l'abandon ", atteste Pascal Dortu.
Pour élever lézards, serpents et tortues, dans de bonnes conditions, il faut en effet recourir à un certains nombre d'équipement assez énergivore, et d'autant plus avec la crise énergétique. Le responsable du refuge énumère : " il faut des lampes à UV qui garantissent une température de 35 degrés toute la journée, chauffer l'eau pour qu'elle soit toujours à 27-28 degrés, et il faut aussi une pompe pour qu'elle soit filtrée régulièrement".
Un équipement plus que nécessaire pour ces animaux à sang froid, qui ne sont pas capable de produire leur propre chaleur et qui régulent la température de leur corp en fonction de celle de l'air ambiant.
"C'est sûr, ce sont des dépenses importantes avec l'augmentation du prix de l'eau et de l'électricité, nous aussi on constate une augmentation de notre facture."
Pascal Dorturesponsable du refuge de la Fondation Pairi Daiza
Le responsable du refuge ajoute : "Il faut quand même se renseigner avant d'acquérir ces animaux sur les coûts que cela représente et les contraintes. J'ai l'impression que pour certains cet argument de la crise énergétique n'est qu'un prétexte." En Belgique, les tortues d'eau sont encore largement commercialisées.
Pour faire face à ces abandons conséquents, de nouveaux terrariums vont être mis en place durant la fermeture hivernale du parc zoologique.
Une recrudescence des abandons depuis la crise sanitaire
À Lambersart, à côté de Lille, l'association Carapassion, qui regroupe éleveurs et passionnés de tortues, constate aussi de nombreux abandons de reptiles. L'une de ses membres, la vétérinaire Joëlle Gerin affirme : " Avec différents réseaux de la LPA on remarque bien une augmentation du recueil des "animaux énergivores". C'est-à-dire beaucoup de tortues et de serpents qui sont relâchés dans les jardins."
"En moyenne,, avant le covid, on recueillait 200 tortues en une année, aujourd'hui c'est le double !"
Joëlle GerinMembre de Carapassion et vétérinaire bénévole
Pour elle, cette recrudescence ne se limite pas à la crise énergétique. " Il ne faut pas oublier quand même que pendant la crise sanitaire, on avait déjà un abandon massif d'animaux en tout genre et depuis ça continue, ça ne concerne pas que les tortues, même si leurs abandons sont plus importants", confirme la vétérinaire.
Joëlle Gerin et Pascal Dortu constatent aussi un effet kleenex: " On prend les animaux et on les jette au bout de quelques mois sans se soucier des conséquences". Les gens se lassent très vite et d'autant plus des reptiles et araignées, car contrairement à un chien ou un chat, il n'y a pas de retours d'affections.