6 personnes ont été interpellées lundi par la Sûreté urbaine de Lille, au sein de la mouvance vegan. Elles sont soupçonnées d'avoir dégradé des commerces ces derniers mois dans la métropole lilloise.
Six personnes, 5 femmes et un homme, ont été interpellées lundi dans le cadre de l'enquête sur les dégradations de boucheries, poissonneries et fromageries dans la métropole lilloise (Lille-Wambrechies-Lesquin...) par la Sûreté urbaine de Lille. Ils font partie de la mouvance vegan, affirme une source policière, confirmant une information de BFM-TV.
Vitres brisées, façades taguées de slogans anti-spécistes*, faux-sang... Près d'une dizaine de boucheries, poissonneries et fromageries ont été vandalisées depuis le printemps dernier.
La semaine dernière, lors d'une contre manifestation pendant le Festival Vegan organisé à Calais, le syndicat des bouchers dénonçaient le fait que l'enquête n'avançait pas suffisamment vite à leurs yeux.
"On vient de subir depuis 16 mois 16 attaques contre les artisans du territoire, affirmait Laurent Rigaud, président de la Fédération des bouchers des Hauts-de-France. 50 attaques au niveau national. pas une interpellation, pas une sanction. Qu'est-ce qu'on fait ? On continue ? On attend qu'il se passe quelque chose ?"
Cinq gardes à vue levées
"Sur les six interpellations, une personne devrait être déférée ce mercredi tandis que les gardes à vue des cinq autres ont été levées ou vont l'être", a indiqué le parquet de Lille.
Les enquêteurs ont pu mener ces interpellations "grâce à l'ADN et à un travail de téléphonie", selon une source proche du dossier, précisant qu'il y avait eu aussi des perquisitions fructueuses. Les personnes interpellées "ont préféré garder le silence durant la garde à vue", précise le parquet.
Procès prévu le 14 décembre
Le parquet de Lille indique que la personne déférée ce matin est une jeune femme de 21 ans, qui est comparue "pour des dégradations volontaires en réunion contre trois commerces du centre-ville de Lille, une boucherie, une poissonnerie et une chaîne de restauration rapide".
Cette femme se verra notifier par procès-verbal sa convocation devant le tribunal correctionnel de Lille le 14 décembre au matin. Le juge des libertés et de la détention sera également saisi pour requérir un placement sous contrôle judiciaire.
Dans un communiqué mi-mai, le préfet du Nord Michel Lalande avait assuré "suivre cette affaire avec la plus grande attention", rappelant aussi qu'au mois d'avril, "sept boucheries de la métropole lilloise avaient été aspergées de faux sang".
"Nous remercions la police d'avoir menée l'enquête et nous laissons la justice faire son travail. Un grand merci à tous les soutiens que nous avons reçus suite à ce vandalisme", a réagi le cofondateur de Canard Street, Nicolas Drouault. La vitrine de l'enseigne lilloise avait été vandalisée au printemps.
Depuis début 2018, la Confédération française de la boucherie, boucherie-charcuterie, traiteurs (CFBCT) a recensé en France "douze cas de commerces alimentaires caillassés avec tags de revendications anti-spécistes" et "plusieurs dizaines" de cas de détériorations, avec du "faux sang versé" ou de la "pose d'autocollants revendicatifs".
"C'est une très, très bonne nouvelle pour nous, on a le sentiment de ne plus être tout seul", a réagi le gérant de la boucherie lilloise l'Esquermoise, dégradée selon lui par la prévenue renvoyée en correctionnelle. "J'espère que la justice va la désigner en tant qu'exemple", a-t-il ajouté, espérant obtenir des dommages et intérêts.
Tout en se félicitant de "l'avancée des enquêtes" dans un communiqué, la CGBCT "s'inquiète également des conséquences des actions prévues prochainement par plusieurs associations véganes et appelle, une nouvelle fois, à l'apaisement et à la tolérance".
*Le spécisme (du latin "species", l'espèce) est une idéologie qui postule une hiérarchie entre les espèces, notamment entre l'être humain et les animaux.