Depuis l’Opéra de Lille, Tosca de Puccini fait planer un parfum d’Italie dans 17 lieux des Hauts-de-France

Faute de remplir les salles, de nouvelles formes de partage se dessinent à l'opéra de Lille. Tosca, la grande oeuvre de Puccini, va être captée et diffusée en direct dans 17 lieux des Hauts de France ce jeudi 3 juin à 18 heures.

Les retrouvailles étaient attendues. À l’aube d’un retour progressif à une vie plus normale, l’Opéra de Lille se déconfine à son tour. Après le Nabucco de Verdi et la Flûte Enchantée de Mozart les années précédentes, l’institution présente Tosca de Puccini hors les murs ce jeudi 3 juin à 18 heures. Comme un doux parfum de liberté et de renaissance après des mois de fermeture forcée.

Si quelques chanceux ont réussi à avoir leurs billets pour assister à la représentation en présentiel, les jauges sont limitées. Mais le chef d’œuvre de Puccini s’exporte aux quatre coins de la région pour permettre au plus grand nombre d’en profiter. Du musée du Louvre Lens jusqu’au théâtre Jean Ferrat de Fourmies, en passant par la salle des fêtes de Fives ou l’établissement de santé mentale de Bailleul… 17 lieux vont diffuser en direct les trois actes de Tosca sur écran géant.

Tosca se déroule à Rome et raconte l’histoire d’amour entre une célèbre cantatrice et un peintre, Mario, sur fond d’intrigue politique. Lorsque celui-ci est accusé de trahison pour avoir hébergé chez lui Angelotti par Scarpia, chef de la police, Tosca va tout faire pour l’aider. Amour, jalousie, mensonge, trahison, meurtre… tous les ingrédients de l’opéra sont réunis. 

Le thriller le plus émouvant de l’opéra italien sur grand écran 

"C’est une prise de rôle pour moi et c’est une découverte du personnage de Tosca, raconte Joyce El-Khoury, chanteuse d’opéra libano-canadienne qui joue le rôle de la cantatrice. Tosca est une femme très forte. Elle est jeune, aime jouer, est très passionnée, religieuse. Quand elle se trouve devant Scarpia qui lui présente une situation impossible, elle est coincée et arrive à sortir quelque chose d’elle-même qu’elle ne connaissait pas. Elle se surprend".

Privée de scène pendant plus d’un an à cause du Covid, Joyce El-Khouri mesure le privilège de pouvoir rejouer même si elle admet que se produire devant des caméras n’est pas chose facile. "Il faut chanter comme le corps à besoin de chanter pour produire le meilleur son, donc on ne peut rien changer. On a plutôt l’habitude de faire des gestes grandioses, mais pour la captation, il faut faire attention aux yeux, à l’expression du visage et sentir ce qui se passe dans notre corps avec notre personnage pour pouvoir le communiquer à la caméra"

"L’opéra c’est un jus concentré d’émotion et je pense que ça parle à tout le monde. Mais parfois certains sont trop timides pour pousser les portes de l’opéra et venir voir. C’est une manière de partager cet art au plus grand nombre et de toucher un public encore plus large".

Alexandre Bloch, chef d'orchestre de l'ONL

Une nouvelle manière de se produire qui à ses inconvénients, mais également ses avantages. "L’opéra c’est un jus concentré d’émotion et je pense que ça parle à tout le monde. Mais parfois certains sont trop timides pour pousser les portes de l’opéra et venir voir, constate Alexandre Bloch, chef d’orchestre de l’ONL. C’est une manière de partager cet art au plus grand nombre et de toucher un public encore plus large". Grâce à ces diffusions, l’opéra devient ainsi accessible à tous. 

Des contraintes sanitaires transformées en atout 

La crise sanitaire a également bouleversé la manière de mettre en scène l'opéra. "Les contraintes sanitaires nous accompagnent depuis maintenant un an et vont s’en doute continuer à nous accompagner de plus en plus légèrement. Il faut faire avec, raconte Olivier Fredj, metteur en scène de Tosca. Mon parti pris, ça n’a pas été de faire avec mais plutôt d’en faire des atouts, puisque les distanciations entre musiciens et chanteurs du chœur ne permettaient pas d’avoir l’orchestre dans la fosse et le chœur sur la scène".  

"Mon parti pris, ça n’a pas été de faire avec mais plutôt d’en faire des atouts, puisque les distanciations entre musiciens et chanteurs du chœur ne permettaient pas d’avoir l’orchestre dans la fosse et le chœur sur la scène".

Olivier Fredj, metteur en scène de Tosca

Après avoir étudié les différentes possibilités avec le chef d’orchestre de l’ONL, la décision a été prise de retirer un à un les 351 sièges du parterre de l'opéra de Lille pour y installer les 80 musiciens et respecter ainsi la distanciation entre chacun. "L’orchestre est en quelques sortes à 360 degrés autour du podium central, décrit Alexandre Bloch. Acoustiquement, l’orchestre sonne très bien pour cet opéra qui a besoin d’une fore orchestrale assez magistrale pour interpréter du Puccini". Au centre, le chef d'orchestre est vêtu d’une chemise blanche pour être visible de tous, car les musiciens sont étalés sur plusieurs dizaines de mètres. 

Autre exemple de la réinvention, les chœurs ont été installés au premier balcon et font face à la scène. Au-delà de la distanciation respectée, cette configuration joue un rôle clé tout au long de Tosca puisque les chœurs forment une sorte de tribunal populaire surplombant les scènes qui se déroulent sous leurs yeux. 

"Poser un certain nombre de personnes en face de ces actions dures à regarder, c’était poser la question de tout ce que le monde entier regarde sans pouvoir faire grand-chose, décrypte le metteur en scène. Certains sont même pour, certains sont contre mais n’osent pas faire grand-chose. Quel est notre rôle quand on est spectateur de choses qui ne sont pas tout à fait moralement justes ou pas justes pour la société dans laquelle on vit ?"

Tosca est à suivre en direct sur internet et une diffusion est prévue sur France 3 au mois de juillet.

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