Des rassemblements étaient attendus dans plus de 100 villes de France, ce mercredi 21 juin, contre la dissolution du mouvement de militants écologistes. A Lille, environ 200 personnes ont fustigé une mesure "scandaleuse" et une "atteinte au droit à la désobéissance civile".
"Ce qui repousse partout ne peut-être dissout." Le slogan des Soulèvements de la terre (SLT) s'affiche sur une pancarte de manifestante. C'est bien contre la dissolution du collectif de militants écologistes, prononcée par un décret gouvernemental, ce mercredi 21 juin, qu'environ 200 personnes se sont rassemblées sur la place de la République, à Lille, à partir de 18 heures.
Groupes politiques (écologistes, communistes...), syndicats (SUD, FSU...) ou encore associations (Ligue des droits de l'homme, l'Offensive...) - mais aussi des citoyens ordinaires dont beaucoup de jeunes - sont venus dénoncer la décision prise par le Conseil des ministres, qui reproche au collectif d'"appeler" et de "participer" à des violences.
"Ils se trompent de cible"
"C'est grave de dissoudre un collectif qui tire la sonnette d'alarme sur le réchauffement climatique, lance Paul Martin, quinquagénaire lillois. Ils se trompent de cible." Lui récuse les arguments du gouvernement qui ont conduit à cette mesure. "Il ne faut pas confondre la violence sur les personnes et sur les biens, précise t-il. C'est légitime de dire stop à des entreprises ou des projets qui vont à l'encontre de l'intérêt public".
Un constat partagé par les militants de l'Offensive, une organisation politique, comptant plusieurs membres à Lille. "Les modes d'organisation traditionnels, comme on l'a vu pendant la réforme des retraites, ne sont plus entendus, observe Florian. Il faut de nouveaux modes d'actions, en l'occurrence pour désarmer le dispositif climaticide." Un de ses collègues résume : "l'écologie sans lutte des classes, c'est du jardinage."
Le gouvernement dénonce des "agissements violents"
Les Soulèvements de la terre, nés en janvier 2021 dans l'ex-ZAD de Notre-Dame-des-Landes, se sont fait connaître pour leurs actions coups de poing, dont celle, fortement médiatisée, qui a eu lieu à Sainte-Soline, contre le projet de méga-bassines, en mars dernier. Ou plus récemment celle contre la ligne TGV Lyon Turin. Des actions qualifiées d'"éco-terrorisme", par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.
"Sous couvert de défendre la préservation de l'environnement", ce mouvement "incite à la commission de sabotages et dégradations matériels, y compris par la violence", déclare le gouvernement dans son décret. Or, "aucune cause ne justifie les agissements particulièrement nombreux et violents".
"Une atteinte au droit de désobéissance civile"
La Ligue des droits de l'homme, présente en nombre place de la République, s'offusque de cette décision. "C'est scandaleux sur la forme comme sur le fond, fustige Emmanuelle Jourdan Chartier. Cette dissolution est une nouvelle atteinte aux libertés associatives. S'il y a quelque chose à reprocher aux militants, cela doit prendre une forme judiciaire et non administrative comme avec ce décret."
Plusieurs élus lillois et de la métropole lilloise d'Europe Ecologie Les Verts ont rejoint le rassemblement. "C'est une atteinte aux droits associatifs et à la désobéissance civile, regrette Mélisa Camara, conseillère municipale et communautaire. Face à l'inaction climatique, il faudra s'attendre à de plus en plus de violence, car le gouvernement ne prend pas la mesure du problème."
D'autres rassemblements à Arras et Montreuil-sur-Mer
Les SLT, nés en janvier 2021 dans l'ex-ZAD de Notre-Dame-des-Landes, avaient lancé un appel à la mobilisation à la suite de la mesure prise en Conseil des ministres, plus tôt dans la journée. Ainsi, plus de 100 villes devaient accueillir ce mercredi soir des mobilisations de soutien.
Dans le Nord Pas-de-Calais, en dehors de Lille, Montreuil-sur-Mer et Arras apparaissaient sur la carte des rassemblements publiée par les SLT. D'ailleurs, à Arras, le préfet a annoncé la déprogrammation des concerts prévus sur la place de la préfecture dans le cadre de la fête de la musique, "compte tenu des risques de troubles à l’ordre public".