Eau. Dans le Nord, la consommation d'une ville comme Lille est perdue chaque année à cause des fuites

L'UFC Que Choisir a enquêté et recueilli les chiffres des pertes d'eau potable dans le réseau public. Les données (incomplètes) sont déjà édifiantes, même si le but de cette étude n'est pas de désigner du doigts les bons et mauvais élèves. Plutôt de réclamer un plan Marshall à l'Etat pour rénover le réseau alors que les tensions en eau iront en s’aggravant sous l’effet du changement climatique.

Dans le Nord, selon les chiffres recueillis par l'UFC Que choisir, 11% de l'eau du réseau public sont perdus (sans compter les fuites des particuliers). Cela représente la consommation d'une ville comme Lille qui perd le précieux liquide. Et bien, des départements des Hauts-de-France, le Nord est le moins mauvais élève. (1)

En effet, dans le Pas-de-Calais, le chiffre monte à 18,10% d'eau perdue à cause des fuites des canalisations, 19,02% dans l'Aisne, et même 23,6% dans la Somme. Bruno Catiau, qui a enquêté sur le sujet pour l'UFC Que choisir, explique que les situations sont disparates entre secteurs et qu'en milieu rural, les risques de voir des réseaux peu performants sont croissants car les distances à parcourir sont plus conséquentes avec des "moyens techniques, humains et financiers inadaptés faute de services déconcentrés de l’Etat qui avaient pourtant existé auparavant mais depuis supprimés sur l’autel de l’austérité". Ce qui mulitiplie les risques de fuites. 

"Taux de 46% de fuite" en 2020 dans l'ex-bassin minier ! 

Il explique également que pour l'agglomération de Lens -Liévin dans le secteur de l'ancien bassin minier, les sols bougent plus facilement et provoquent donc plus facilement des ruptures engendrant des fuites d'eau potable. Ainsi, le taux de rendement était de 54% soit, un taux de fuites de 46% : près de la moitié de l'eau part dans la nature.

"C'est très important, mais notre but n'est pas de jeter l'opprobre sur une ville ou un département. Les problématiques sont très différentes et expliquent les gros écarts constatés" (2), commente Bruno Catiau. "Notre propos est plutôt de savoir comment les villes riches peuvent accompagner les villes pauvres au sein d'une même agglomération pour rénover son réseau".

Plan Marshall ? 

Par ailleurs, l'association UFC Que choisir entend se faire entendre au niveau national. "Nous voulons un véritable plan Marshall et une prise de conscience pour économiser cette ressource vitale. Savez-vous qu'en France, il y a une loi (Grenelle de 2012) qui oblige à rénover au moins 1% du réseau public chaque année ? Et que pour ce faire, sur tout le territoire français, deux à trois milliards sont nécessaires par an ! Ce ne sont pas les 180 millions d'euros supplémentaires annoncés sur les bords du lac de Serre Ponçon par le président de la République sur les bords du lac de Serre Ponçon à l’occasion de la présentation du « plan eau» qui répondront aux enjeux de modernisation des réseaux d’eau potable".

(1) auprès du Service Public de l’Eau et de l’Assainissement dénommé SISPEA

(2) La MEL, métropole européenne de Lille a un bon taux de rendement de 87,6% (tandis que le taux de renouvellement de son réseau d’eau potable a atteint 1,01% en 2022) et fixe des objectifs encore plus ambitieux dans le cadre du prochain mandat (90%) accordé au délégataire VEOLIA via ILEO.

(3) site de l’association UFC QUE CHOISIR dans le campagne intitulée « La Fuite en avant »

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