Adieu Maestro ! Après huit années à la tête de l'Orchestre National de Lille, Alexandre Bloch tourne la page. Il sera remplacé en septembre 2024 par le chef d'orchestre américain Joshua Weilerstein. Pour nous, il évoque ses souvenirs et ses projets.
Il a succédé brillamment à Jean-Claude Casadesus, le fondateur de l’ONL. C'était en 2016. Huit ans plus tard, Alexandre Bloch reprend sa liberté. Il vient de faire ses adieux à sa formation en dirigeant La Bohème de Giacomo Puccini. Avant son départ, il a accordé une interview à Christelle Massin et Marie-Noëlle Grimaldi.
À l'heure de votre départ de l'ONL, quelles sont les émotions qui vous traversent ?
Il y en a beaucoup ! Je suis très ému évidemment et je suis aussi très enthousiaste à l'idée que l'orchestre continue un chemin absolument magnifique avec Joshua Weilerstein. C'est tout ce mélange d'émotions qui se bousculent dans la tête.
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Quelles sont les forces que vous avez pu insuffler à l'ONL ?
Mon enthousiasme déjà, je l'espère ! Je suis surtout très heureux et très fier du travail qu'on a accompli avec les musiciens. On a passé huit années ensemble avec beaucoup de répertoires différents. On est passé à travers tout un cycle des symphonies de Mahler, qui a fait du bien à tout le monde, y compris les musiciens et moi-même. On a joué les répertoires de Haydn, Mozart en passant par Brahms, Chostakovitch, Berlioz, Puccini. On a fait de grands voyages, on est partis en Autriche au festival de Salzbourg, en Angleterre où on va tous les ans, à Amsterdam la semaine prochaine.
C'était une aventure musicale et aussi humaine ?
L'ONL avait déjà dans son ADN une valeur très forte de partage de la musique, de la culture et de l'art en général, pour le plus grand nombre. C'est aussi ce qui m'a donné encore plus envie de travailler avec cette grande phalange symphonique et nationale : pouvoir aller encore plus loin dans ce partage en réinventant différents formats de concerts, en invitant différents publics à venir pousser les portes de notre salle du Nouveau Siècle. C’était une aventure humaine exceptionnelle et une aventure artistique encore plus grande !
Est-ce que vous avez un regret ?
Absolument pas, je cherche, ce n'est pas la première fois qu'on me pose la question. J'ai tellement eu envie d'impulser différents projets à l'Orchestre et je me suis rendu compte que parfois, il faut bien les choisir pour les mener à terme. J'ai juste appris à me dire : "On va faire celui-là et on va bien le faire ! ".
Ces années ont filé à toute allure ?
Oui, on peut dire ça mais j'ai profité de chaque moment, et l'Orchestre aussi j'espère ! Il y a une énorme connexion entre cet orchestre et son public, ici au Nouveau Siècle, mais aussi partout dans la région, à chaque que l'on a eu des déplacements. C'était quelque chose de fort de pouvoir présenter des programmes avec un très haut niveau artistique pour les 99 musiciens de l'ONL.
Il faut développer encore plus les grands talents, les grands programmes, inviter de grands artistes, des solistes, d'autres chefs d'orchestre. Je suis sûr que Joshua Weilerstein va continuer sur ce chemin-là.
À quoi va ressembler votre vie désormais ?
J'ai toujours été invité dans d'autres orchestres les semaines où je n'étais pas ici avec l'ONL et cela va prendre plus de place dans mon emploi du temps, pour être un peu free lance à droite à gauche. Je vais continuer à m'enrichir de sons différents, à rencontrer encore plus de musiciens.
C'est une richesse de pouvoir rencontrer différents groupes d'instruments avec des sonorités différentes. Vous savez, chaque orchestre, chaque musicien a sa sonorité. Avoir des palettes différentes dans la tête, ça peut permettre d'aller rechercher une couleur qu'on a entendue peut-être il y a trois ans, à l'autre bout de la terre et se dire : "Cette mesure-là, c'est ça qu'il me faudrait.".
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Quant à Joshua Weilerstein, 37 ans, il prendra les rênes de l'ONL en septembre 2024. Après six ans à la direction musicale de l’Orchestre de Chambre de Lausanne, il est actuellement chef du Aalborg Symphony Orchestra au Danemark.