La Cour régionale des comptes épingle le lycée musulman Averroès à Lille

Dans un rapport confidentiel que se sont procurés les journalistes du Figaro, la Cour régionale des comptes des Hauts-de-France critique le modèle économique du lycée et un enseignement d'éthique musulmane. L'association Averroès se défend.

Le rapport, édité par la Chambre régionale des comptes (CRC) des Hauts-de-France, est encore confidentiel. Mais des extraits de celui-ci ont été publiés par nos confrères du Figaro, confirmés depuis par l’AFP. 

La CRC souligne que le lycée musulman Averroès de Lille, premier sous contrat de France, souffre d’une situation "financière critique" et pointe du doigt le contenu d’un livre au programme de seconde, utilisé dans un cours facultatif d’"éthique musulmane". On fait le point.

Averroès, c’est quoi ?

En 1994, conformément à la loi sur les signes religieux dans les écoles publiques françaises, 19 jeunes filles voilées ont été exclues du lycée Faidherbe de Lille. En 2001, l’association Averroès voit le jour. Deux années plus tard, le premier lycée privé musulman de France est ouvert, dans le quartier de Lille Sud.

En 2012, l’association s’agrandit et ouvre un collège. Mais contrairement au lycée sous contrat d’association avec l’Etat français depuis 2008, le nouvel établissement scolaire n’est pas sous le même régime.

Aujourd’hui, le collège et le lycée scolarisent environ 800 élèves. Le rapport de la Chambre régionale des comptes souligne que l’établissement Averroès a construit "une véritable excellence académique". En effet, près de 100% des candidats au bac obtiennent leur diplôme à la fin de leurs études.

Situation "financière critique"

Mais la situation financière du groupe est jugée "critique" par la Chambre régionale des comptes des Hauts-de-France, dans un contexte de "développement accéléré", après le tarissement depuis 2016 de dons de l'étranger.

Ces derniers se sont élevés à 1,9 million d'euros dont quelque 943.000 euros de "l'ONG Qatar Charity", sur un total de dons de près de 6 millions d'euros perçus par l'association entre 2010 et 2022.

"A compter de l'exercice 2015-2016, les fonds en provenance de l'étranger sont devenus résiduels puis nuls", mais l'établissement reste très dépendant de dons privés, notent les rapporteurs, pour qui le suivi des prêts des particuliers doit être "fiabilisé" et l'identité des donateurs clarifiée.

Le contenu d’un livre pointé du doigt

Le rapport pointe aussi la présence, au programme en seconde d'un cours facultatif d'"éthique musulmane", d'un ouvrage édictant des règles à suivre, dont l'interdiction, sous peine de mort, de l'apostasie et la prééminence de la loi divine.

La présence de ce livre "est de nature à susciter des interrogations relatives à la compatibilité de son contenu avec les valeurs républicaines dont se revendique par ailleurs l'établissement", écrivent les auteurs.

Ils maintiennent cet avis en dépit de l'affirmation par le président de l'association gestionnaire que les passages visés ne sont pas étudiés dans ce cours.

L’association Averroès condamne

Dans un communiqué, l'association Averroès s'est offusquée de la divulgation du rapport, qui ne doit être rendu public qu'à l'issue de la procédure contradictoire en cours.

Mais elle se félicite qu'il "dégage l'association de tout soupçon de financement étranger irrégulier", alors que la Région bloque régulièrement depuis 2019 le versement du forfait d'externat dû à l'établissement au nom de soupçons sur des financements étrangers.

A chaque fois, le conseil régional, principal financeur institutionnel de l'établissement devant l'Etat, a finalement dû débloquer ces fonds, désavoué par la justice administrative.

Ce rapport "va dans notre sens" a estimé Xavier Taquet, le directeur de cabinet du patron LR de la Région, Xavier Bertrand, réagissant à la diffusion de Figaro.

La Région entend à nouveau bloquer le prochain versement prévu du forfait d'externat, à l'automne, a-t-il affirmé à l'AFP. Il a dit espérer qu'en cas de nouveau contentieux, le rapport sera "pris en compte" par la justice administrative.

Avec AFP

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