Fanfreluches était une institution à Lille et sa gérante souhaitait que la boutique reste une mercerie traditionnelle après 60 ans d'existence. Ce ne sera pas le cas faute de repreneur. Aujourd'hui Hélène Huart tourne une page, sans toutefois dire totalement adieu aux boutons et autres rubans.
Depuis huit jours, le mental ne "vascille" plus et est au beau fixe. "Ça a été un peu les montagnes russes -le confinement a eu son impact aussi- mais vous savez... Quand on redémarre de zéro, à 40 ans passés, sans chômage, le mental est forcément en dents de scie", témoigne Hélène Huart. Elle avait repris la mercerie Fanfreluches, rue d'Amiens à Lille, en 2004 "si je me souviens bien".
A deux pas de la rue de Béthune, rue de la mode s'il en est dans la capitale des Flandres, la boutique est reconnaissable entre mille. La façade peinte en violet-mauve est marquée par trois grandes ouvertures en forme d'yeux, certes un peu de travers, mais qui suscitent la curiosité et nous invitent à pénétrer à l'intérieur.
Là, il y a encore un trésor même si le magasin doit fermer "dans trois jours". Les articles soldés à -50% pour cause de liquidation sont loin d'être tous partis, "même si les clients ont joué le jeu". Tubes de boutons, dentelles, passementeries restent pour le moment ici, au numéro 34.
La mercerie avait 60 ans
Mais qu'à cela ne tienne ! Hélène, qui n'a pas le caractère "à voir le mauvais", estime que ce trésor lui servira dans sa nouvelle activité chez elle. "Quand j'ai repris cette mercerie, il y avait un second projet en plus de la mercerie, celui qui concerne mon métier : la création, la corsetterie. Je n'ai jamais pu le faire en raison du temps que demandaient le magasin". Il a compté en tout jusquà trois salariés, il y a quelques années.
A Lille, chez elle, Hélène se lance donc, qu'on se le dise, dans la corsetterie mais aussi dans l'upcycling pour enfants : des vêtements de seconde main qu'elle décorera avec une associée et auxquels elle compte bien donner une belle valeur ajoutée. "On communiquera bientôt via les réseaux sociaux", précise la bientôt ex-mercière.
"Maintenant, il faut que je vive"
Si aujourd'hui tout va bien, cela n'a pas été le cas tout le temps. Hélène avait à coeur que l'aventure se prolonge. Et pour cause, la mercerie Fanfreluches aurait près de 60 ans. Une mercerie authentique et traditionnelle, la dernière de Lille. En 2004, le fond de commerce avait été racheté à une octogénaire qui tenait la boutique depuis très longtemps. Très très longtemps.
"J'ai essayé longtemps de faire en sorte que la mercerie subsiste. Les visites ont été nombreuses, mais les intéressé.e.s essuyaient des refus des banques ou se décourageaient en raison de mon chiffre d'affaires trop bas. Mais maintenant, il faut que je vive", explique Hélène, avec enthousiasme. "Si cela avait dû se faire, ça se serait fait".
Désormais, après la liquidation, place aux travaux et le propriétaire devrait remettre le local en location à partir de janvier 2022.