“La plupart du temps, on ne me répond même pas” : étudiants et parents peinent à trouver un appart pour la rentrée à Lille

Des dizaines de candidatures pour un même studio, des conditions démesurées à remplir pour pouvoir louer, des prix élevés… À Lille, ville étudiante, dénicher un appartement est une vraie galère pour les jeunes et leurs parents.

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Dix-sept heures rue des Stations, à Lille. Eddie, 43 ans, attend son tour pour visiter un appartement de 30 mètres carrés, pour son fils de 18 ans. Ce lundi 24 juin, une dizaine de personnes ont foulé le sol de ce logement, en location depuis seulement quelques jours : la guerre des appartements étudiants a débuté depuis plusieurs semaines déjà.

“J’ai des visites toute la soirée, jusqu’à 20 heures”, explique le père. Ingénieur, il doit prendre sur son temps libre, après le travail, pour trouver l’appartement idéal pour son fils. Eddy s’impatiente : il a déjà visité près de dix appartements. “On a passé notre dimanche à faire des dossiers…”, précise-t-il. “Il faut que ça se règle vite.

"Des parents désespérés"

Il est loin d’être le seul dans la course aux logements. “On voit des parents désespérés tous les jours”, précise Constance, qui travaille dans une agence immobilière lilloise. “Souvent, ils viennent de loin, ils ont fait minimum deux heures de route et ont prévu des visites… Sauf qu’ils reçoivent des appels de désistement au dernier moment. Alors ils font le tour des agences pour espérer visiter un appartement.

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Marine, 23 ans, en master de communication, cherche elle aussi un nouvel appartement pour le mois de septembre – sa colocataire s’en va. “Quand j’ai un rendez-vous, on m’appelle à chaque fois pour me dire que la personne juste avant a pris l’appartement…”, soupire-t-elle. “Et encore ! La plupart du temps, on ne me répond même pas.

J’ai des visites toute la soirée, jusqu’à 20 heures.

Eddy, 43 ans, ingénieur

en recherche d'appart pour son fils

Et pour cause : les agences immobilières sont débordées. Dès qu’un appartement est mis en ligne, surtout lorsqu’il s’agit d’un bien dans le centre-ville, “on reçoit plus de trente appels par jour et encore plus de mails”, assure Constance. Qui précise, toutefois, que dans son agence, “on essaie de rappeler les personnes intéressées au maximum”.

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Il faut donc être à l'affût des nouvelles annonces, être le premier à manifester son intérêt pour le logement. “On a même des gens qui veulent prendre l’appartement directement, sans l’avoir visité. Ou d’autres qui nous proposent de payer six mois de loyer à l’avance, pour être sûrs de l’avoir”, précise Constance. Deux pratiques interdites, que l’agence lilloise dans laquelle elle travaille refuse systématiquement.

Quand j’ai un rendez-vous, on m’appelle à chaque fois pour me dire que la personne juste avant a pris l’appartement…

Marine, 23 ans, étudiante en master de communication

Cette tension sur le marché immobilier s’explique par différents facteurs. D’une part, la baisse de pouvoir d’achat reporte les projets immobiliers des primo-accédants, qui restent donc locataires. D’autre part, les étudiants locataires ont tendance à ne plus déménager une fois l’été venu. “Ils savent que ce sera très difficile d’en trouver un autre, alors ils gardent leurs apparts l’été”, explique Constance. “Donc il n'y a plus ce turn over qui existait avant.” Résultat : il y a de moins en moins de biens sur le marché locatif. 

+3,1% sur les loyers lillois entre 2023 et 2024

Et les loyers ne cessent d’augmenter : ils affichent +3,1% par rapport à la même période en 2023, selon les données du site Capital. D’après le site Se Loger, le prix moyen pour un T1 meublé est de 25,4 euros par mètre carré et 20,6 euros par mètre carré pour un non meublé dans la capitale des Flandres. Pour louer un appartement à Lille, il faut compter en moyenne entre 704 et 720 euros selon si le bien est meublé ou non.

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Un coût important pour les étudiants et leurs parents. Marine espère ainsi trouver un logement “de minimum 25 mètres carrés pour un budget maximum de 600€”. Pour Eddy, même budget, pour un appartement de 25  mètres carrés au moins. Le père de famille se souvient que lorsqu’il a lui-même fait ses études à Lille, il payait “600 francs par mois, soit 90 euros, pour 23 mètres carrés.

Les étudiants savent que ce sera très difficile d’en trouver un autre, alors ils gardent leurs apparts l’été.

Constance, agent immobilier à Lille

Constance explique que les conditions pour accéder à la location sont de plus en plus complexes : “avec la garantie loyer impayé souscrite par le propriétaire, il faut que le garant de l’étudiant soit en CDI, hors période d’essai et qu’il ait un reste à vivre d’au moins 1500 euros après avoir payé le loyer”. 

Une "mise en concurrence" des dossiers

L’appartement rue des Stations rentre dans le budget de Marine. Dans celui d’Eddy aussi. La jeune fille fait le tour de la pièce à vivre : 30 mètres carrés, “pas de perte d’espace”, la classique kitchenette d’étudiant… “Il y a un branchement machine à laver, c’est rare”, observe l’étudiante. “Ça va. Ça ressemble à ce que j’ai vu sur l’annonce…” Marine observe le joint abîmé de la plaque de cuisson, visiblement pas emballée.

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Eddy, quant à lui, voit du potentiel : l’appartement est suffisamment grand, dans un quartier qu’il juge sécurisé et “pas trop près des lieux où faire la fête”, pour que son fils ne se déconcentre pas. Banco. “C’est quoi la suite ?”, demande-t-il à l’agent immobilier. “Une mise en concurrence avec les autres personnes intéressées !”, déclare Constance. 

Autrement dit : une gestionnaire va être chargée de déterminer quel est le meilleur dossier pour octroyer l’appartement à un locataire. La recherche n’est donc pas finie pour Eddy… En attendant d’avoir une réponse, le père va donc continuer ses recherches. Au cas où son dossier ne fasse pas le poids face à la concurrence.

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