"La ville s’est pratiquement libérée toute seule grâce à l’action de la résistance" : il y a 80 ans, Lille retrouve sa liberté

Il y a 80 ans, début septembre 1944, les armées alliées libéraient le Nord et le Pas-de-Calais. Bien que décimées dans la région par une féroce répression allemande, les forces de la Résistance ont joué tout leur rôle, notamment à Lille.

Après 52 mois d’occupation, de pénuries, de rationnement et de peur, la liberté retrouvée. Le 3 septembre 1944, en fin d’après-midi, le premier Allié anglais arrive à Lille à moto. Il s’appelle Jack Farnell.

Dans un reportage diffusé 30 ans plus tard sur France 3, le journaliste raconte la scène. "Il se trouve tout à coup entouré par une foule qui le hâte, l’embrasse, le porte en triomphe comme un jeune dieu, un héros qu’on adule parce que trop longtemps attendu".

Dans la soirée, le reste des troupes débarque en camions, jeeps ou chars blindés. Les premiers à arriver son les Britanniques. Les soldats sont acclamés, la rue appartient de nouveau au peuple. Lille est enfin libérée.

Une Libération "exceptionnelle", selon Yves Le Maner, historien. "La ville s’est pratiquement libérée toute seule grâce à l’action de la résistance".

"Cas exceptionnel"

Les signes avant-coureurs du retrait allemand sont apparus à la fin du mois d’août : déménagement des garnisons, autodafés des documents, départ de soldats allemands par petits groupes en déroute. Paris est libéré le 25 août, puis c’est au tour des premières villes dans la région : Amiens le 31, Arras et Douai le 1er septembre...

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Dans la nuit du 1er au 2 septembre 1944, un groupe d’élèves de l’école de police de Lille, rallié à la Résistance, s’empare de la Citadelle. Les Allemands avaient préventivement évacué les lieux, mais les Résistants parviennent à mettre la main sur un important stock de munitions.

Sur place, ils découvrent également une scène d'horreur : plusieurs cadavres mutilés de prisonniers russes jonchent le sol, assassinés par les Allemands avant leur départ.

Ces groupes de Résistance ont joué un rôle important en harcelant les groupes d’Allemands qui se repliaient, en guidant les troupes Alliées pour se repérer sur les routes, en assurant la protection des industries pour empêcher les dynamitages par les allemands.

Yves Le Maner, historien et co-auteur du "Nord Pas-de-Calais dans la main allemande 1940-1944"

Dans le centre-ville, les rues sont désertes, plusieurs bâtiments en proie aux flammes. Les groupes des Forces Françaises de l’Intérieur (FFI) intègrent les lieux de pouvoir abandonnés par les Allemands, dont le siège de la Kommandantur installé dans la nouvelle Bourse (chambre de commerce) et l’Hôtel de Ville.

Dans le même temps, les habitants entrent dans les bâtiments jusqu’alors occupés et retirent les drapeaux nazis qui se trouvaient sur les façades.

Il reste toutefois, dans certains quartiers, quelques nids de Résistance Allemande comme à Wazemmes ou à hauteur du faubourg des Postes. Les pertes sont lourdes : ces combats auront fait une cinquantaine de morts et près de 600 blessés dans les rangs des FFI lillois. Quelques Allemands auront été tués durant la Libération de Lille, et 400 seront faits prisonniers.

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Le 3 septembre 1944, le soleil brille

Une réunion du Comité Départemental de la Libération (CDL) a lieu quelques heures plus tôt. "La décision a été prise de s’emparer de la préfecture du Nord et de procéder à l’arrestation du préfet de l'époque, qui était monsieur Fernand Carles", raconte Augustin Laurent, président du comité départemental de la libération, dans un documentaire diffusé en 1974.

Vers 18 heures, Roger Verlomme, nouveau préfet nommé par le CDL, prend ses fonctions à la préfecture du Nord et fait hisser le drapeau tricolore. La République reprend ses droits. 

Au matin du 3 septembre, Lille est considérée comme libérée. Ce jour-là, le soleil brille. Désertées la veille, les rues de la capitale des Flandres sont noires de monde. L'enthousiasme populaire, trop longtemps contenu, explose. "Les estafettes motocyclistes anglaises, qui poussent des reconnaissances vers le centre-ville, sont littéralement encerclées par une foule enthousiaste : femmes et enfants sollicitent des baisers des libérateurs, certains demandent des autographes...", raconte Yves Le Maner.

Radio Lille reprend le cours de ses émissions le 4 septembre. Dans la soirée, le comité départemental de libération diffuse son premier message par la voix de Jean Catrice. "L’heure tant désirée et si courageusement attendue a enfin sonné. Les hordes nazies qui opprimaient et ensanglantaient notre pays depuis 4 ans refluent en désordre. Il ajoute alors. Nous sommes libres. Ce grand événement justifie pleinement l’immense joie qui se dépeint à cette heure sur tous les visages".

> Une cérémonie organisée par la ville de Lille jeudi 5 septembre 2024

Pour fêter les 80 ans de la Libération de Lille, une cétémonie est organisée jeudi 5 septembre dans la matinée.

À 9h15, un rassemblement aura lieu devant la Statue du Petit Quinquin à l'angle du square Foch et de la Rue Nationale, en présence de Martine Aubry, maire de Lille.

À 9h30, un défilé avec les élèves de l'école Lalo s'élancera rue Nationale et rue Jean Roisin.

À 10 heures, la cérémonie officielle débutera devant le Monument aux Morts, place Rihour.

Une exposition itinérante sur la Libération de Lille sera inaugurée en fin de matinée à la mairie de quartier de Lille Centre.

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