"Le parcours médical des personnes trans ne doit plus être un parcours psychiatrisé" : rencontre avec Béatrice Denaes

À l'occasion du premier congrès de l'association Trans-Santé France qui se tient actuellement à Lille, nous avons interrogé sa vice-présidente Béatrice Denaes. Au programmme : dépathologisation et accompagnement des adolescents trans.

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Née dans un corps d’homme, Béatrice Denaes, originaire de Calais, a raconté son parcours et sa "renaissance" en tant que femme dans un livre paru à l’automne 2020 et titré Ce Corps n’était pas le mien.

Aujourd’hui apaisée, elle a lancé avec d’autres en novembre dernier une association – Trans-Santé France – avec pour objectif de faire travailler ensemble les personnels de santé et les personnes transgenres pour une meilleure connaissance de la transidentité, une meilleure approche des enjeux de santé et une évolution des pratiques médicales, sociales et administratives.

À l’occasion du congrès Trans-Santé France qui se tient actuellement à Lille et réunit médecins, avocats, public trans etc., sa vice-présidente a répondu à quelques-unes de nos questions.

France 3 Hauts-de-France : pourquoi est-il important de tenir ce Congrès en 2021 ?

Béatrice Denaes : le congrès permet de réunir des spécialistes autour de deux questions primordiales qu’on a décidé d’aborder : l’accompagnement des ados trans et la dépathologisation.

Bien sûr que ce sujet est d’actualité, notamment lorsque je vois cette tribune horrible publiée il y a trois jours dans l’Express.

Une tribune d’une terrible inhumanité et méconnaissance des souffrances ressenties par les enfants trans publiée signée par des personnalités pourtant reconnues, mais la plupart ne connaissent rien de la transidentité.

Parmi les thématiques abordées, la dépathologisation et la formation des médecins généralistes …

C’est une thématique centrale de nos échanges, notamment l’autodétermination éclairée qui correspond au fait que le parcours médical des personnes trans ne soit plus un parcours psychiatrisé.

Pour le moment, il y a un protocole imposé par la Haute Autorité de Santé qui date d’une dizaine d’années et qui impose de passer par un psy qui nous reçoit plusieurs fois avant de nous donner un petit papier pour nous fournir un traitement hormonal ou une chirurgie.

J’ai été très heureuse d’avoir un psy lorsque ça allait très mal, mais ce n’est pas à un psy de déterminer si on est trans ou pas. C’est ce qu’on veut faire évoluer, en mettant en avant le médecin généraliste. Le problème, c’est que la majorité n’est pas formée à ces questions. On est en train de mettre en place un diplôme inter-universitaire qui a pour objectif de former des personnels médicaux afin d’acquérir des connaissances en hormonothérapie.

Par exemple, ma généraliste, qui est très bienveillante, n’avait jamais entendu parler de transidentité avant de me rencontrer. C’est pas de la mauvaise volonté ni de la malveillance, mais c’est simplement qu’ils ne sont pas formés.

L’autre dossier évoqué lors de ce congrès, c’est l’accompagnement des adolescents trans et non-binaires. Un sujet d’actualité, notamment à Lille, après le suicide d’une adolescente transgenre en décembre 2020...

C’est la population qui est la plus confrontée au suicide. Quand on est mal dans sa peau, quand on n’est pas aidé, qu’on a l’impression qu’on n’avance plus, on se dit qu’on n’a plus rien d’autre à faire que le suicide.

Je me souviens notamment de cette jeune fille qui s’est donné la mort en décembre 2020 à Lille (Béatrice Denaes fait référence au suicide de Fouad, adolescente transgenre de 17 ans qui s’est suicidée le mercredi 16 décembre 2020 après une altercation avec la direction du lycée Fénelon à Lille parce qu’elle portait une jupe).

C’est tellement horrible qu’elle se soit suicidée parce qu’on lui a refusé de vivre sa vie, sans faire de mal à qui que ce soit. J’en parle régulièrement parce que je trouve ça tellement horrible. C’est la perte de quelqu’un qui aurait pu être évitée si on l’avait écoutée et si on l’avait laissée vivre sa vie.

L’accompagnement des adolescents est un gros dossier concernant la transidentité, car les parents rentrent en ligne de compte. Pour le moment en France, les opérations ne sont pas autorisées avant l’âge de 18 ans. Mais l’hormonothérapie est possible. Tout n’est pas clairement défini. L’objectif est simplement de faire en sorte que les enfants soient biens dans leur peau.

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