Le 29 avril devait marquer l'ouverture de la fête foraine annuelle, à Saint-André-lez-Lille. Un événement de 10 jours qui a été annulé par la mairie, à la plus grande surprise des forains qui préparaient déjà leur installation. Ils ont manifesté ce 24 avril.
"La mairie a décidé d'annuler la fête et de prendre à la place des structures gonfables" résume, amer, Mathieu Dewast, forain de profession. Le 29 avril devait marquer l'ouverture de la fête foraine de Saint-André-lez-Lille, pour 10 jours. L'événement a pourtant été annulé par la mairie de la commune, provoquant la colère des forains qui ont manifesté ce 24 avril.
"On a fait une première manifestation en petit nombre, avec une dizaine de camions et une trentaine de forains. Mais on a l'impression qu'il n'y a aucun dialogue avec la mairie, qu'elle reste sur ses positions. Si ça continue, on va amplifier les manifestations" avertit Mathieu Dewast.
"Tout est complet, chacun a calé ses tournées"
Les forains proposent aux autorités locales de mixer les deux animations, d'autant que les structures gonflables sont louées pour une seule journée. "On ramène de l'argent puisqu'on paie nos droits de place, donc il ne sont pas perdants, pourtant" résume le forain, circonspect.
Pour lui et ses confrères, la perte de revenus va être dure à encaisser : "On perd près d'un mois de revenus, avec en plus le 1er mai qui est une très bonne fête. On ne peut pas aller ailleurs, tout est complet, chacun a déjà calé ses tournées, on ne peut pas se permettre d'aller juste rejoindre des collègues", explique le professionnel.
J'ai des enfants, qui veulent reprendre l'activité. On se bat pour garder nos fêtes, on en a déjà perdu pas mal.
Michel Delcroix, forain
Michel Delcroix, un de ses collègues, s'installe à Saint-André à la même date depuis 25 ans, avec son épouse. Ces épisodes le font craindre pour l'avenir de la profession. "J'ai des enfants, qui veulent reprendre l'activité. On se bat pour garder nos fêtes, on en a déjà perdu pas mal. Si ça continue, on va directement au chômage. En plus du manque d'argent, on ne sait pas où on va aller pendant ce temps."
"Ça fait 80 ans que la ducasse de Saint-André existe. On demande simplement le droit d'exercer dignement notre profession, ce qui nous est actuellement refusé. Nous, c'est toute notre vie, s'indigne de son côté Doriane Hautekeur. On nous dit que c'est un choix des citoyens mais tous les gens qu'on a pu intercepter sont attachés à cette ducasse"
"La ducasse était traditionnelle, mais la ville change"
Un désir de renouveau venu des administrés, c'est effectivement l'argument défendu par la mairie pour expliquer l'annulation de la fête foraine. "Cela fait suite à la demande de nombreux citoyens qui souhaitaient avoir une animation différente. C'est vrai que la ducasse était traditionnelle mais la ville change, les jeunes qui arrivent veulent que l'on fasse évoluer ces animations autour de la braderie", plaide la maire Elisabeth Masse.
L'élue assure que les forains avaient été prévenus dès le début d'année de l'annulation de l'événement et n'exclut pas de rappeler la ducasse l'année prochaine si les jeux gonflables ne convainquent pas les administrés.
La mairie n'a pas mené de concertation formelle pour l'annulation de la ducasse, mais estime avoir été à l'écoute. "On a reçu des courriers, on a été interpellés l'année dernière pendant la braderie par des gens qui nous demandaient de proposer autre chose" défend Elisabeth Masse.
Elle assure cependant laisser la discussion ouverte et être à l'oeuvre pour trouver une solution. "Mais ça ne peut pas se décider en une demi-heure de blocage."
"C'est surtout pour les enfants que c'est dommage"
Les habitants qui ont répondu à nos journalistes sur place, eux, semblent un peu plus circonspects. "C'est dommage, depuis que je suis arrivée en 1992, il y a toujours eu cette petite ducasse plutôt sympa, je n'ai pas très bien compris pourquoi ça avait été supprimé. Remplacer ça par des trucs gonflables, c'est quand même pas la même chose" réagit une habitante.
"C'est surtout pour les enfants que c'est dommage ! Moi à mon âge, les manèges, ça va, mais c'est un peu triste surtout à l'approche du premier mai. C'était quand même un petit plus de divertissement pour notre petite commune" regrette un autre.
Ce riverain juge "étonnant" l'argument de la lassitude des administrés. "Je ne comprends pas trop cet argument, parce qu'on continue de faire venir le cirque. C'est deux poids, deux mesures."