Une centaine de migrants d'Afrique de l'ouest ont manifesté vendredi à Lille pour contester leur expulsion à venir d'une friche située en centre-ville, où ils vivent dans des conditions précaires.
Depuis plusieurs mois, le nombre de migrants vivant dans des tentes sur une friche de l'ancienne gare Saint-Sauveur n'a cessé d'augmenter jusqu'à atteindre 200 aujourd'hui. Selon Me Émilie Dewaele, leur avocate, "beaucoup sont des mineurs isolés et ils n'ont pas du tout le même profil que les migrants de Calais".
Ce sont des Guinéens, Maliens ou encore Ivoiriens, donc francophones, qui n'ont pas l'intention de gagner l'Angleterre mais de rester en France via le dépôt d'une demande d'asile. Portant une banderole "Urgence à l'hébergement, à l'intégration et la scolarisation pour tous", ces migrants se sont rassemblés à la mi-journée devant la mairie de Lille avant de partir en cortège vers la préfecture.
Ils ont appris mardi que le tribunal administratif de Lille, saisi par la mairie, avait ordonné leur expulsion pour "occupation illégale de son patrimoine foncier". Le juge des référés a estimé "que la gravité des risques pour la sécurité et la salubrité publiques rend utile et urgente la mesure d'évacuation des lieux demandée par la ville", avait indiqué le tribunal.
La mairie de Lille a souligné pour sa part qu'elle n'avait saisi le tribunal qu'après avoir demandé au préfet du Nord de faire un diagnostic social des occupants, en vue de trouver des solutions pour chacun. Guidée par le même souci, a déclaré la maire de Lille Martine Aubry, "je ne ferai la demande d'exécution de la décision de justice que lorsque j'aurai la certitude qu'une solution aura été trouvée pour tous ceux qui ont accepté un dialogue social" avec les autorités.
"C'est leur seul abri"
Thierno, Guinéen de 19 ans, quatre mois passés à "Saint-So" malgré sa demande d'asile, s'est indigné vendredi : "Ça fait combien de temps qu'on dort dans des tentes, dans le froid ? Beaucoup sont malades. Et même des tentes, ils veulent nous expulser !" "Il y a des mineurs confirmés (comme tels) par le département, un seul repas par jour nous est distribué (par des associations, ndlr), il fait froid la nuit...", a raconté Alassana, un autre Guinéen de 16 ans, qui dort sur la friche depuis avril. "J'ai demandé à quitter Saint-Sauveur pour avoir un logement, mais je n'ai rien eu".
Leur avocate s'est insurgée contre l'expulsion imminente : "Eux non plus ne veulent pas rester là, personne ne veut dormir dans une tente sur une friche, mais c'est leur seul abri". Dans une première décision fin août, le tribunal administratif de Lille avait enjoint à l'État et à la ville de Lille, "dans l'attente de solutions d'accueil et d'orientation adaptées", de mettre en place des points d'eau pour boire et se laver, des toilettes et d'assurer la collecte des déchets.