Le parquet de Lille a requis ce vendredi dix ans de prison à l'encontre de Claude Hermant, poursuivi pour trafic d'armes en bande organisé. Il s'agit de la peine maximale encourue.
Dix ans de prison, soit la peine maximale encourue, ont été requis ce vendredi par le parquet de Lille contre Claude Hermant, un "indic" des douanes puis de la gendarmerie poursuivi pour trafic d'armes en bande organisée, dont six ont servi à Coulibaly dans l'attentat de l'Hyper Cacher.
Hermant, 54 ans, figure de l'extrême droite identitaire lilloise, en détention provisoire depuis janvier 2015, est le principal prévenu de cette vaste affaire portant sur près de 500 armes, ayant nécessité plus de deux ans et demi d'instruction. Le ministère public a aussi demandé 150 000 euros d'amende à son encontre.
"Ce n'est pas seulement un trafic d'armes que vous jugez, c'est aussi l'immense escroquerie des déclarations de Claude Hermant", a dénoncé le magistrat Jean-Philippe Navarre lors de son réquisitoire vendredi.
Les passages à la barre de gendarmes mercredi, malmenés sur un éventuel "blanc-seing" donné à Hermant, et d'un douanier jeudi, soupçonné d'en avoir profité pour lui acheter une arme, ont jeté le trouble sur le rôle des forces de l'ordre et facilité la défense du prévenu.
Hermant a ainsi plusieurs fois invoqué les nécessités de sa mission d'informateur et d'infiltré pour justifier les achats d'armes démilitarisées en provenance d'Europe de l'Est, et leur remilitarisation.
Les 10 prévenus, "à chaque fois qu'ils faisaient quelque chose de répréhensible, ils se sentaient couverts par la loi et leur statut d'informateurs", a critiqué Cyndra Celino, l'autre magistrat du parquet.
Le spectre omniprésent au procès de l'attentat de l'Hyper Cacher a ressurgi dans la bouche de Jean-Philippe Navarre : "On peut importer par petites quantités et non pas par containers, mais nous savons malheureusement qu'avec seulement des dizaines d'armes, on peut faire des centaines de morts".
Six armes, dont des pistolets Tokarev, ont fini dans les mains du jihadiste Amedy Coulibaly qui a assassiné en janvier 2015 quatre personnes dans un Hyper Cacher à Paris, avant d'être tué. La veille, il avait tué une policière municipale à Montrouge.
Par ailleurs, six ans de prison et 100 000 euros d'amende ont été requis contre Samir Ladjali, présumé intermédiaire de Coulibaly.
Cyndra Celino a tourné en dérision sa défense, notamment basée sur la volonté affichée d'acheter la friterie de Claude Hermant à Lille : "Il voulait tellement de la friterie qu'il a accepté les armes glissés par Hermant avec les ustensiles de cuisine qu'il lui vendait".
Le procès s'achèvera samedi. La décision devrait être rendue la semaine prochaine.