La métropole lilloise a connu vendredi son 60e pic de pollution aux particules très fines (PM 2,5) depuis le début de l'année. C'est vingt fois plus que ce que recommande l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Gorge qui gratte, yeux qui piquent... Deux possibilités : soit le rhume pointe le bout de son nez, soit c'est la pollution de l'air qui commence à peser sur votre organisme. À Lille, difficile de trancher cette semaine. La métropole a connu son soixantième pic de pollution aux particules très fines (PM2,5) depuis le début de l'année 2018, alors que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande de ne pas dépasser cette limite plus de trois fois par an.
Une petite pensée pour nos amis Lillois qui avec plus de 60 jours de dépassement du seuil sur les PM2.5 que l'OMS recommande de ne pas dépasser plus de 3 jours par an vont peut-être rentrer dans le Guinness des records de la pollution. Heureusement que cela n'intéresse personne ! pic.twitter.com/5upfQqdKwf
— Nicolas Meilhan (@NicolasMeilhan) 12 décembre 2018
Pour évaluer la pollution de l'air, les pouvoirs publics regardent la concentration de "PM10" présent dans l'air. Les PM10, ce sont des particules de poussière qui mesurent moins de 10 micromètres de diamètre. Les pouvoirs publics donnent l'information et le pic de pollution est déclenché quand la concentration de PM10 excède les 50 µg/m3. C'est justement ce qu'il s'est passé cette semaine, pour la quatrième fois depuis le début de l'année pour la station de Lille-Fives.
Pas de niveau d'alerte pour les particules très fines
Là où ça devient plus inquiétant, c'est quand on regarde les particules fines. Les "PM2,5" mesurent elles moins de 2,5 micromètres de diamètre. L'Organisation mondiale de la santé conseille de ne pas dépasser plus de trois jours par an le seuil de 25 µg/M3 de PM2,5 dans l'air. Or, à Lille, quand on regarde les données de la station Lille-Fives, on a déjà dépassé ce seuil... 60 fois depuis le 1er janvier 2018.En réalité, comme le précise Nicolas Meilhan, conseiller scientifique pour France Stratégie et membre du think-tank des Éconoclastes, "il s'agit du 65e jour où le taux est dépassé, car il y a certains jours où on n'a pas les données de Lille-Fives, mais on voit clairement qu'il y a un pic sur les autres stations."
Sauf que, contrairement aux PM10, il n'existe aucun seuil de pollution aux particules très fines au-dessus duquel les pouvoirs publics se décident à avertir la population et à prendre des mesures pour réduire la pollution de l'air. Pourtant, les particules très fines, bien que plus petites, sont beaucoup plus dangereuses
Pourquoi c'est dangereux ?
Les particules très fines sont assez petites pour atteindre les poumons. Si on connaît mal leurs effets précis sur la santé, les scientifiques sont tous d'accord pour dire qu'elles ont un impact néfaste sur la santé, en particulier chez les personnes les plus vulnérables (femmes enceinte, enfants, personnes âgées...) et qu'elles pourraient favoriser le développement du diabète et de nombreuses maladies cardiorespiratoires.À Lille et dans la métropole, la pollution de l'air serait responsable de 1700 décès prématurés par an. Lille est une des villes les plus polluées de France, et les Hauts-de-France une des régions d'Europe où la qualité de l'air est la moins bonne, avec Rhône-Alpes, le Piémont et la Lombardie en Italie.