Une cinquantaine de personnes se sont réunies, mercredi soir, sur la Grand'place de Lille pour rendre hommage à Selom et Matisse, morts en décembre après avoir été percutés par un TER, à Fives. Ses proches se mobilisent "pour ne pas oublier" les deux garçons, tandis que l'enquête se poursuit.
Ce sont des membres de la famille, des proches, quelques anonymes aussi. Mercredi soir, sur la Grand'Place de Lille, une cinquantaine de personnes se sont réunies "pour ne pas oublier" Selom et Matisse, morts en décembre.
Le 15 décembre dernier, les deux garçons et leurs amis Aurélien et Ashraf sont percutés par un TER dans le quartier de Fives. Selom et Matisse ne survivront pas. Une enquête est bien entendue ouverte pour comprendre le drame.
La question des responsabilités est posée, notamment celle de la police. L'un des rescapés affirme en effet avoir fui un contrôle de police, lassé de se faire contrôler de manière systématique, explique-t-il. "Tout à coup, la police est venue à 6, matraque à la main", précise Aurélien. "Nous, comme on a l'habitude de se faire frapper par eux, on ne voulait pas se faire frapper. On était obligés de partir."
Au départ, le Parquet affirme que "personne n'est venu confirmer l'existence d'un tel contrôle", avant de faire marche arrière quelques jours plus tard. Une brigade de la BST se trouvait en effet sur les lieux, après avoir été appelée pour une "altercation".
Aujourd'hui, impossible de savoir où en est l'enquête. Fin mars, l'instruction pour recherches des causes de la mort était toujours ouverte. "Le magistrat instructeur a entendu les deux jeunes survivants en qualité de témoins, ainsi que l'une des parties civiles", précisait alors le Parquet de Lille.
Une plainte était également déposée par les deux rescapés pour mise en danger de la vie d'autrui, homicide involontaire et non-assistance à personne en danger.
"On a vampirisé nos enfants"
"Je n'ai pas envie qu'on les oublie", soufflait jeudi soir la mère de Selom, Peggy Lereste. Autour d'elle, des grandes banderoles réclamant que la justice soit faite. "On a rencontré le juge en mars mais c'est tout."
Elle tient particulièrement à alerter l'opinion publique car "Selom et Matisse n'avaient pas à mourir dans ces circonstances". "Ils étaient constamment poursuivis par la police, c'était du pur contrôle au faciès."
Autre grief : le traitement médiatique de l'accident. "On a vampirisé nos enfants, on a biaisé l'opinion publique en les présentant comme des gamins déscolarisés, alors qu'ils étaient bons, scolarisés et pas du tout connus des services de police et justice", appuie Peggy Lereste.
Un jeune homme l'interrompt. Il a lu les articles et tient à lui apporter son soutien. "Bravo pour votre combat", dit-il timidement avant de partir. Un combat a priori loin d'être fini.