Deux rassemblements, l'un à 11h et l'autre à 13h, se sont tenus place de la République à Lille pour exiger le retrait de la loi "sécurité globale" et son article 24 sur la diffusion malveillante des images de policiers et de gendarmes.
"Liberté, égalité, filmez !". Ils sont entre 1000 et 1500 manifestants à scander ces mots place de la République ce samedi, selon les organisateurs et un comptage de l'AFP.
Plusieurs personnalités politiques étaient présentes dès 11H, notamment la maire de Lille Martine Aubry.
Munis de leurs pancartes "Tous surveillés sauf la police", "floutage de gueule", "souriez on continuera de filmer", tous s'opposent à la loi "Sécurité globale" et son article 24 sanctionnant la diffusion d'images visant manifestement à "porter atteinte à l'intégrité physique et psychologique des policiers et gendarmes".
Des journalistes inquiets
"C'est de la défense des libertés qu'on parle aujourd'hui: la liberté d'expression, la liberté d'informer, d'être informé", a lancé au micro Ludovic Finez, secrétaire du SNJ-CGT, dénonçant cette proposition de loi, et son article 24, voté en première lecture par l'Assemblée nationale vendredi dernier et portée par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin.Les articles 21 et 22 du projet de loi sont aussi contestés : ils visent à renforcer l'utilisation par les forces de l'ordre des images de drones et caméras piétons.
Sans oublier le nouveau schéma national du maintien de l’ordre, affirmant l’obligation de se disperser pour les journalistes après sommations sur une manifestation, ou la nécessité de s’accréditer pour les couvrir.
Une loi "qui fait peur"
"Je suis choquée par cette loi, elle n'a aucun sens et c'est très malvenu en cette période. On préfère protéger les policiers plutôt que les citoyens" , déclare Agnès, comédienne, lors du second rassemblement à 13h.
"Cette loi elle me fait peur. Si un gouvernement qui se déclare ni de droite ni de gauche passe une telle loi, qu'est-ce que ce sera si c'est l'extrême droite qui arrive au pouvoir en 2022 ?", se demande Clara, sociologue urbaniste.
La question des violences policières
Pour Ludovic Finez du SNJ-CGT, "le but réel est d’interdire la diffusion d’images de violences policières."
Tous ont en tête les images du producteur de musique Michel Zecler, roué de coups à Paris par des policiers. "Pourquoi l'avoir ainsi tabassé ? (...) Il aura fallu ce drame, ces images atroces, pour qu'enfin au gouvernement on se pose des questions", lance Philippe Allienne, président du Club de la presse des Hauts-de-France.
Ça s'est passé samedi à Paris. 15 minutes de coups et d'insultes racistes.
— Loopsider (@Loopsidernews) November 26, 2020
La folle scène de violences policières que nous révélons est tout simplement inouie et édifiante.
Il faut la regarder jusqu'au bout pour mesurer toute l'ampleur du problème. pic.twitter.com/vV00dOtmsg
"J'aimerais pouvoir aller en manif sans avoir peur de me faire taper dessus..., confie Livia, manifestante, nous on est filmés constamment, alors je vois pas pourquoi la police ne devrait pas l'être aussi", continue-t-elle.
Le député France Insoumise de la première cironscription du Nord Adrien Quatennens, présent dans le cortège parisien, réagit au vote de cette loi :
#SecuriteGlobale #République@AQuatennens
— Sophie de Ravinel (@S2RVNL) November 28, 2020
"Nous avons basculé dans autre chose que la République stricto sensu". pic.twitter.com/ZdAM1v4Ihp
Quelques débordements
A Lille, si le premier rassemblement débuté à 11h s'est déroulé sans débordement, des incidents sont survenus dans l'après-midi lors du second rassemblement.
Des gaz lacrymogènes ont été utilisés pour disperser un bout du cortège de manifestants qui tentait d'avancer vers la rue de Béthune. Le rassemblement doit rester statique selon les consignes de la préfecture du Nord.
#Direct #MarcheDesLibertes #Lille. Nouvelle charge et usage de lacrymos en masse. Deux grenades ont explosé juste à mes pieds. pic.twitter.com/tykeOY0OzY
— Julien Bouteiller (@j_bouteiller) November 28, 2020
La rassemblement est toujours en cours et le calme semble être revenu.