Alors que la Coupe du monde 2022 de football doit commencer le 20 novembre, la mairie de Lille a annoncé qu'elle ne diffusera aucun match sur écran géant, Martine Aubry qualifiant le mondial de "non-sens au regard des droits humains, de l'environnement et du sport".
"Nous ne diffuserons aucun match sur écran géant", a annoncé sur Twitter Martine Aubry, la maire de Lille, samedi 1er octobre. Lors du conseil municipal de la ville, qui s'est tenu vendredi 30 septembre au soir, il a été voté "à l'unanimité" une déclaration "désapprouvant la tenue de la Coupe du Monde de football au Qatar, qui est un non-sens au regard des droits humains, de l'environnement et du sport", a précisé l'élue.
La ville ne se mettra pas non plus "aux couleurs d'un événement que nous refusons de soutenir", a affirmé l'adjoint au maire, Arnaud Deslandes. "J'ai questionné la Métropole qui est sur cette position" également, a précisé Martine Aubry.
Cette décision de ne pas diffuser les matches fait suite à une question posée en séance par Maroin Al Dandachi, conseiller municipal du groupe d'opposition Lille Verte, qui a demandé vendredi soir à la Ville de prendre position.
De jeunes Lillois ont eu l'idée de lancer un site Internet afin de recenser les bars qui boycotteront la Coupe du Monde. Appelé "Ramenez la coupe à la maison", il devrait être bientôt lancé à cette adresse. Le bar irlandais O’Muligan’s, situé à Marcq-en-Barœul, près de Lille, a déjà annoncé sa décision de ne pas diffuser les matches.
Plus de 6 500 morts sur les chantiers du Mondial
La décision de la mairie de Lille intervient à quelques semaines du début du Mondial qui se tiendra du 20 novembre au 18 décembre prochains. L'attribution de la Coupe du monde à ce riche Etat gazier du Golfe date, elle, de 2010. Selon une enquête du quotidien britannique The Guardian, plus de 6 500 travailleurs migrants seraient morts sur les chantiers du Mondial. Un chiffre démenti par les autorités du pays. Le Qatar aurait employé "2 millions de travailleurs dans des conditions inhumaines", selon Amnesty International.
Les critiques de cet événement se multiplient ces dernières semaines. Eric Cantona, l'ancien attaquant des Bleus, l'ancien footballeur Philipp Lahm ou encore l'acteur Vincent Lindon, ont annoncé publiquement qu'ils ne regarderaient pas cette Coupe du Monde. Côté médias, Le Quotidien de la Réunion a également déclaré qu'il ne couvrirait pas l'évènement.
Les partis de gauche appellent au boycott
Du côté de la politique, les socialistes, les écologistes, les communistes et les insoumis appellent au boycott du Mondial. Chez Europe Ecologie-Les Verts, la position est claire depuis plusieurs années. Au Rassemblement national (RN), Marine Le Pen et Jordan Bardella contestent la tenue de la compétition mais considèrent qu'il est trop tard pour refuser d'y aller. Les Républicains, de leur côté, disent non au boycott.
Outre l'aspect droits humains, c'est aussi l'impact climatique de l'événement qui est critiqué. La température moyenne au Qatar approchant les 25°C, le pays du Golfe aurait choisi un système de climatisation à ciel ouvert dans la majorité de ses stades.
"Cette décision [d'organiser le Mondial au Qatar, ndlr] a été prise dans un autre contexte climatique", a, de son côté, argumenté la ministre de la transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher, le 11 septembre dernier sur RTL, considérant que boycotter le Mondial ne changera pas les émissions à effets de serre de l'événement. Les experts alertent sur le changement climatique depuis plus de 30 ans. Le GIEC (Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat) a été créé en 1988 après la mise en lumière de l'effet de serre par plusieurs facteurs.
Château-Thierry, Strasbourg, Rodez et Reims n'installeront pas d'écrans géants
Dans les Hauts-de-France, la Ville de Château-Thierry a également décidé de ne pas diffuser les matches de la Coupe du monde. Tout comme la mairie de Strasbourg. Impossible pour nous de ne pas entendre les nombreuses alertes des ONG qui dénoncent les abus et l'exploitation des travailleurs immigrés. Strasbourg, capitale européenne, siège de la Cour européenne des droits de l'Homme, ne peut décemment cautionner ces maltraitances", a expliqué la maire écologiste Jeanne Barseghian, à France 3 Alsace.
À Rodez, le maire Christian Teyssèdre (proche de LREM), interrogé par un élu d'opposition lors d'un conseil municipal tenu vendredi 30 septembre, a affirmé qu'"il n'y aura pas d'écrans géants" dans sa ville. "Je ne cautionne pas l'organisation de cette compétition dans ce pays. Le football n'est qu'argent et la ville de Rodez ne se mêlera pas à ça", a-t-il ajouté.
Le maire Horizons de Reims, Arnaud Robinet, a également annoncé dans un communiqué qu'il ne diffuserait pas les matches en raison du caractère "controversé" du Mondial mais aussi pour économiser de l'énergie.