Lundi 29 août en fin de journée, les deux lignes de métro du réseau ilévia ont été fortement impactées par des pannes. Sur les réseaux sociaux, de nombreux usagers ont fait savoir leur mécontentement et s’inquiètent de la qualité du service en cette rentrée.
Lundi 29 août, c’est d’abord la ligne 2 du métro qui a été victime "d’une erreur d’aiguillage" vers 18h15, avec une reprise du trafic 30 minutes plus tard entre les stations Lille Flandres et Saint Philibert. Puis, peu après, c’est la ligne 1 qui a été impactée par "un défaut de pneumatique" sur une rame entre CHU-Eurasanté et Villeneuve-d’Ascq-Hôtel-de-Ville. La circulation aura été interrompue jusqu’à la fin du service, alors qu’elle devait initialement reprendre vers 21 heures.
"C’est un pneu qui a éclaté et il a fallu beaucoup de temps pour l’extraire de la rame", nous précise Mohamed Farhi, secrétaire du syndicat CGT d’ilévia : "Tout avait été respecté au niveau de la maintenance, mais à cette heure nous sommes incapables d’en expliquer les raisons. Cela nécessite une investigation", explique-t-il.
Des bus de remplacement bondés
Des bus relais ont été mis en place a annoncé ilévia sur Twitter. Mais pour de nombreux usagers, le trajet en métro s’est transformé en périple, comme pour Julien Watteeuw, qui a mis plus de trois heures hier pour rentrer de la Cité scientifique, où il travaille, jusqu'à Croix. Pour lui, tout commence à 17 heures lorsqu’il monte dans un métro de la ligne 1. Métro qui n’a ensuite pas bougé pendant 45 minutes, sans qu’aucune annonce ne soit faite durant ce laps de temps, explique cet usager.
Après une courte reprise, la rame s’arrête à la prochaine station, à Triolo. Pas de bus relais : ils démarrent apparemment une station plus loin, à Hôtel de Ville. "Donc il a fallu attendre à nouveau le métro, monter dans un métro bondé et une fois dans le métro bondé, j’ai vu un personnel pour la première fois au bout d’une heure et demie", ironise Julien Watteeuw.
C’était vraiment la pagaille, c’était anxiogène. Tout le monde suivait tout le monde, les bus ne s’arrêtaient pas, les seuls agents de sécurité présents, qui n’étaient pas visibles, n’avaient pas d’informations.
Julien Watteeuw, usager rentrant chez lui
Puis, il arrive enfin au départ des bus relais - qui sont toutefois déjà bondés. "C’était vraiment la pagaille, c’était anxiogène. Tout le monde suivait tout le monde, les bus ne s’arrêtaient pas, les seuls agents de sécurité présents, qui n’étaient pas visibles, n’avaient pas d’informations", énumère Julien Watteeuw, qui a pris une photo de la fil d’attente pour les bus relais avant d’emprunter un bus normal :
Direction la ligne 2 pour reprendre le métro vers Croix, "et là c’était la dernière surprise de la soirée", plaisante Julien Watteeuw : malgré un terminus indiqué à Jean Jaurès, les passagers ont appris après 30 minutes de trajet que le bus ne s’y arrêterait pas pour cause de travaux (démarrés depuis des semaines). Un peu de marche et un trajet de métro plus tard, Julien approche enfin de chez lui. Si cet usager quotidien a pour la première fois souhaité faire part de son mécontentement en contactant ilévia, d’autres ont choisi les réseaux sociaux pour s’exprimer :
Manque de communication, hausse des tarifs...
Sur le podium des reproches concernant la société chargée du réseau de transport d’agglomération lilloise ? Le manque de communication, ce qui ne surprend pas Mohamed Farhi, secrétaire du syndicat CGT et secrétaire du Comité social et économique (CSE) d’ilévia : "C’est malheureusement souvent une tare de la direction, je peux partager le mécontentement des usagers", indique-t-il. "ll y a un ras-le-bol généralisé sur la gestion", abonde Julien Watteeux : "Hier tout le monde disait ‘c’est reparti’ en parlant des problèmes de transport. Je prends le métro tous les jours depuis 2008 et c’est de pire en pire alors que les abonnements augmentent", déplore l’homme de 31 ans.
Selon Mohamed Farhi, 25 ans d’expérience professionnelle au sein d’ilévia, le prix du ticket unitaire augmente chaque année de 1,5% à 1,9%. Et ce depuis la concession de service public renouvelée en 2018 à Kéolis, qui exploite le réseau. "Il y a eu de gros projets qui ont nécessité des investissements importants mais les usagers n’ont jamais été servis et l’ont payé à travers ces augmentations successives", déclare Mohamed Farhi.
"Le problème est déplacé"
Il dénonce également des coupes budgétaires sur le réseau de bus : le réseau disposait auparavant d’une réserve de 30 bus bus prêts à être utilisés en remplacement. "Maintenant, c’est zéro. Pour utiliser les bus relais nous sommes obligés de retirer des lignes de bus. On déshabille ce réseau et le problème est déplacé", déplore Mohamed Farhi. Suite à un premier contact, la société ilévia n'a plus donné suite à nos sollicitations.
Pour utiliser les bus relais nous sommes obligés de retirer des lignes de bus.
Mohamed Farhi, secrétaire du syndicat CGT d’ilévia.
Cette mauvaise gestion va selon lui de pair avec l’absence de politique sociale. "Il y a 18% d’absentéisme chez ilévia, et ça concerne tous les métiers. De bonnes conditions de travail sont essentielles pour avoir un service de qualité, et c’est pour cela que nous ferons grève", explique-t-il pour le compte de la CGT, un des syndicat à avoir annoncé une grève d’ilévia le week-end de la braderie.
Les problèmes de transport, quelles que soient les raisons, devraient donc occuper de nombreuses discussions de rentrée. Mais Julien Watteeuw et Mohamed Farhi, au cours de la discussion, mentionnent tous deux les enjeux environnementaux qu’ils jugent trop peu abordés par ilévia. Ces couacs "n’encouragent pas les gens à prendre les transports en commun", se désole Julien, tandis que Mohamed Farhi ironise : “Pour les utiliser, encore faudrait-il qu’il y ait une offre suffisamment importante qui desserve bien l’ensemble du territoire de la MEL."