Une étude sur les hommes qui suivent une formation dans des professions généralement associées aux femmes pointe la hiérarchie entre les sexes et relève que, dans ces filières, les hommes vivent en général des expériences étudiantes plutôt confortables.
Alice Olivier est maîtresse de conférences en sociologie à l’Université de Lille et elle a réalisé entre 2013 et 2018 une grande enquête sur les hommes qui s'orientent, dans leurs études supérieures, dans des voies a priori féminines. Les résultats de cette étude, "Se distinguer des femmes" (La documentation française, 2023) sont étonnants.
Il existe de nombreux travaux qui montrent que les choix d'orientation sont différents pour les filles et pour les garçons. Mais il y a peu d'études sur les situations inverses, c'est-à-dire aux filles qui s'orientent dans les filières dites masculines ou, encore moins, aux garçons dans les filières dites féminines.
Les recherches d'Alice Olivier ont principalement porté sur deux écoles de sages-femmes et dans des centres de formation en assistance de service social. Dans ces deux filières, il y a généralement 90 % de femmes, pour des raisons historiques mais aussi parce que les métiers du soin sont majoritairement associés aux femmes.
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Pourquoi un homme entre-t-il dans une école de sages-femmes ?
Les filles qui se dirigent vers des métiers masculins, ont souvent, au départ, un lien fort, amical, parental, avec les garçons. C'est différent pour les garçons dans des filières féminines, qui font ces choix avant tout en fonction de contraintes ou d'opportunités et font ainsi un réajustement de leur parcours. Exemple type : beaucoup d'hommes optent pour une formation de sage-femme parce qu'ils n'ont pas réussi à intégrer médecine après leur première année.
"Ce n'est pas parce qu'on est très minoritaire numériquement qu'on est minoritaire socialement. Ça veut dire qu'on peut aussi occuper une position favorable."
Alice Olivier
En général, les garçons sont bien accueillis dans ces formations plutôt féminines et y trouvent bien leur place. Ils ont des conditions favorables en stage comme en cours. Statistiquement, ils ne sont pas meilleurs étudiants que les filles, au contraire, mais généralement, ils vivent des expériences étudiantes plutôt confortables.
"Ça nous donne tout un tas de privilèges d'être un homme."
Alice Olivier
Un étudiant masculin interrogé dans le cadre de l'étude appelle cela "le syndrome du chromosome Y", comme si cela était un privilège d'être un homme, y compris dans un milieu typiquement féminin.
Alice Olivier voit dans ces situations asymétriques, au-delà d'une histoire de chiffres, une question de genre. Elle rappelle un état de fait : "les femmes et les hommes n'ont pas la même position dans la société".
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