Ce 10 juillet, trois pompiers et la victime d'une agression ont été percutés à répétition par un chauffard. Marc Lehoucq, secrétaire général CGT pour les sapeurs-pompiers du Nord, pointe du doigt le manque d'effectifs de police suffisants pour protéger les pompiers dans leurs missions.
Un nouveau coup au moral, pour les pompiers du Nord. Ce 11 juillet, alors que trois pompiers étaient en intervention avenue du Peuple Belge, auprès d'une victime d'agression, une voiture a violemment percuté, par trois fois, l'ambulance dans laquelle la victime et un soldat du feu se trouvaient. A l'extérieur, ses deux confrères n'ont pu que protéger les témoins et se mettre à l'abri.
"Ils supposent qu'il pourrait s'agir de l'agresseur en question, l'enquête le déterminera. Il a reculé coffre ouvert, pour ne pas que l'on voie sa plaque. Il était stationné juste à côté. Voulait-il volontairement agresser les pompiers ou était-ce l'agresseur qui voulait nuire à la victime ou quitter rapidement les lieux ?" interroge Marc Lehoucq, secrétaire général CGT des sapeurs-pompiers du Nord (SDIS59).
L'incident n'a blessé personne, mais les soldats du feu sont sous le choc. "C'est toujours un élément qui vient se rajouter au contexte actuel, qui est déjà compliqué chez nous en ce moment, rappelle le responsable syndical. Pas mal de pompiers se sont suicidés cette année, on fait face au sous-effectif, les agents sont assez tendus en ce moment." Les agressions de pompiers ont également augmenté, et entraîné un changement de culture dans la profession : coups ou injures, "maintenant, on engage des procédures et c'est suivi".
Pas assez de police pour protéger les pompiers ?
Mais à part ces procédures a posteriori, et des formations pour mieux appréhender les situations d'agressivité, les sapeurs-pompiers s'estiment assez démunis face aux violences dont ils font désormais l'objet. "Le plus gros souci, c'est le manque des effectifs de police qui nous accompagnent, estime le représentant syndical. Ce que l'on demande, c'est plus d'effectifs de leur côté pour que l'on puisse travailler en sécurité quand on a besoin des forces de l'ordre. C'est leur rôle, pas le nôtre."
A Roubaix, où Marc Lehoucq est en poste, police et pompiers conviennent ensemble de points de rassemblements avant de partir en intervention dans une zone sensible. "Je parle de Roubaix parce que j'y suis, mais ça se fait aussi ailleurs. Après, bien sûr, s'il y a un feu de maison ou un incident grave, on va d'abord voir sur place. S'il n'y a pas trop d'attroupements, qu'on peut faire notre job sans être en danger, on le fait : notre priorité c'est de secourir les gens. Mais on aimerait que la police puisse être plus rapidement disponible, mais il y très peu d'équipes dans le département aujourd'hui" déplore-t-il.
En avril 2021, 156 postes de policiers supplémentaires avaient été créés dans le Nord. Un effort qui n'avait pas empêché la Cour des comptes d'étriller la gestion des effectifs de police dans un rapport paru en novembre 2021, pointant du doigt un problème d'affectation. Alors que la masse salariale a augmenté de 21% en dix ans, la présence policière relevée sur le terrain a, elle, chuté de 37%.