Fayçal Mokhtari et Djelloul Cherifi avaient déjà été condamnés à la perpétuité pour l'un et à 25 ans de prison pour l'autre en 2016.
Fayçal Mokhtari et Djelloul Cherifi ont été condamnés en appel à le premier à la perpétuité et le second à 20 ans de réclusion jeudi 1er mars par la cour d'assises du Pas-de-Calais, à Saint-Omer, pour avoir tué deux personnes et blessés six autres à la kalachnikov devant la discothèque du Theatro à Lille en 2012.
Lors du procès en première instance qui s'était tenu en 2016 devant les assises du Nord à Douai, ils avaient été condamnés respectivement à la réclusion criminelle à perpétuité et à 25 ans de prison.
Dans la nuit du 30 juin au 1er juillet 2012, Mokhtari, un homme originaire de Tourcoing et au casier judiciaire bien rempli, alcoolisé et accompagné de son ami Cherifi, ancien champion de boxe thaï, s'étaient rendus à la discothèque du Theatro, dans le centre de Lille. Ils en avaient été refoulés, et avaient proféré menaces et insultes lors d'une altercation qui n'a pas été éclaircie.
Les deux hommes étaient retournés à leur voiture, dans le coffre de laquelle se trouvait une kalachnikov. Ils s'étaient ensuite arrêtés devant l'entrée de l'établissement, feux éteints et moteur tournant. Mokhtari était sorti et avait tiré sur la façade, tuant Sabrina Vasseur, une esthéticienne qui tenait le vestiaire, et un client, Hamza Belaïdi. Six autres personnes avaient été blessées.
Ils ne sont pas des terroristes mais ils appliquent des méthodes de terroristes
Après six jours de cavale, les deux hommes étaient arrêtés à Figueres, en Catalogne espagnole. L'arme du crime n'a jamais été retrouvée. "Ils ne sont pas des terroristes mais ils appliquent des méthodes de terroristes", a dit Luc Frémiot, l'avocat général, qui a requis la perpétuité pour Mokhtari et 20 ans pour Cherifi.
"Vous avez fait des portes du Theatro les portes de l'enfer", a-t-il lancé aux deux accusés, qui sont à ses yeux "les petits caïds du vendredi soir à Lille, les fiers à bras, les muscles bien tendus, le verbe haut et la kalachnikov dans la voiture".
La préméditation au cœur du procès
"Y a-t-il eu la volonté active de tuer? L'intention durable de tuer?", a plaidé Me Simon Cohen, avocat du principal accusé, Fayçal Mokhtari. Le conseil a demandé à ce que celui-ci soit jugé pour coups mortels et non pour assassinat.
Il n'avait rien préparé, même pas sa cavale
Il a ensuite questionné: peut-on "préméditer quelque chose en un peu plus de 50 secondes?", temps mis par les deux accusés pour revenir devant les portes du Theatro, selon des témoignages recueillis par les enquêteurs.
Même axe de défense pour Chérifi, jugé pour complicité d'assassinat. "Avez-vous un seul élément pour dire que mon client avait une intention criminelle?", a demandé Me Franck Berton, l'un de ses avocats. "Il n'avait rien préparé, même pas sa cavale".