Rassemblements pour demander un cessez-le-feu à Gaza : "c'est un conflit qui concerne le monde entier, qui concerne l'humanité"

Des dizaines de rassemblements ont eu lieu ce samedi 4 novembre en France pour réclamer un cessez-le-feu en Palestine. Quatre se sont tenus dans les Hauts-de-France, mobilisant plusieurs milliers de personnes au total.

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Plusieurs drapeaux palestiniens flottent dans les airs, ou apparaissent sur les visages, tracés avec du maquillage, devant l'hôtel de ville d'Amiens. "Enfants de Gaza, enfants de Palestine, c'est l'humanité qu'on assassine", chantent gravement les quelque 300 manifestants. Accompagnés par les musiciens de la batucada d'Amiens, ils font entendre leur voix, à l'appel de plusieurs collectifs, syndicats et partis politiques, pour demander un cessez-le-feu immédiat. 

"On est partisans de la paix"

Parmi eux, Kaelyna, 18 ans, brandit une pancarte avec l'inscription "Halte au massacre / Non à la 2e nakba / levée immédiate du blocus de Gaza", en reférence à la nakba de 1948, l'exil forcé de centaines de milliers de Palestiniens au moment de la création de l'état d'Israël. Elle réfute la rhétorique du gouvernement israélien selon laquelle les bombardements sur la bande de Gaza sont une réponse légitime à l'attaque du 7 octobre perpétrée par le Hamas. "Ce n'est pas parce qu'un groupe terroriste a fait ça, que toute la Palestine a fait ça. Ce n'est pas aux enfants de souffrir pour les merdes que d'autres ont fait !", estime-t-elle.

Le sort des populations civiles est sur toutes les lèvres dans ce rassemblement. "Ce qui se passe aujourd'hui en Israël et en Palestine, c'est principalement un massacre de civils, et on est partisans de la paix, donc on milite pour qu'il y ait un cessez-le-feu immédiat qui soit poussé par l'ensemble des états, explique Marion Brusadelli, secrétaire générale de l'union locale de la CGT d'Amiens. 

"On lâche rien, jusqu'à ce que le massacre s'arrête. Je n'ai pas de mots pour dire mon écœurement, confie Tortion, l'un des musiciens de la batucada. On voit les bombardements ciblés contre des hôpitaux ! On ne rentre pas dans une prise de parti, ce qui nous dégoûte, c'est que les populations civiles, les femmes, les enfants se fassent massacrer. On est déjà à 9 000 morts sur la bande de Gaza, principalement des populations civiles !"

La gauche locale présente à Amiens

Il estime aussi qu'au niveau diplomatique, "la France n'a pas une position très claire, le gouvernement actuel est complice de ce qu'Israël fait". La présidente de l'Assemblée nationale avait, le 10 octobre, parlé de "soutien inconditionnel" à Israël, une expression qui avait beaucoup fait réagir. Plus tard, Emmanuel Macron a témoigné sa "solidarité" envers Israël, et justifié son "droit à se défendre", avant d'annoncer une aide humanitaire de la France aux Gazaouis. Pour Tortion, ce rassemblement permet "de montrer qu'en tant que citoyens français, on soutient la Palestine, parce que je pense que là-bas, ce n'est pas ce qu'ils pensent quand ils voient le comportement de notre gouvernement."

Dans la foule, on repère également des figures politiques locales : le député (Picardie debout) de la Somme François Ruffin, la conseillère régionale (LFI) Zahia Hamdane, ou encore le conseiller départemental (PS) Frédéric Fauvet. Réunis sous un même mot d'ordre, "la paix, rien que la paix".

"Chaque vie compte, chaque vie d'enfant, qu'elle soit israélienne ou palestinienne. Ce que les habitants de Gaza subissent aujourd'hui est insupportable. L'appel à la paix, au cessez-le-feu, s'impose aujourd'hui."

Frédéric Fauvet, conseiller départemental (PS) de la Somme

Plusieurs milliers de manifestants à Lille

À Lille, les slogans sont plus politiques. "Israël assassin, Macron complice", scande, entre autres, la foule. Lors des prises de paroles, on parle frontières, anticolonialisme, ou encore boycott d'Israël. Ils sont plusieurs milliers à avoir déambulé dans les rues de la ville, répondant au même appel national pour demander un cessez-le-feu immédiat. "On soutient la résistance du peuple palestinien, assure un manifestant. Il faut un cessez-le-feu, mais je suis là pour dire qu'il faut que les Palestiniens aient des droits, qu'ils retrouvent leur patrie en quelque sorte. Ce n'est pas tout de suite que ça se fera, mais on est optimistes. Face à ce qui se passe à Gaza, de plus en plus de gens s’interrogent et se disent qu'Israël n'est pas une grande démocratie."

Dans le cortège, un jeune homme affiche un visage grave. Il porte autour du cou un keffieh noir et blanc. "Je suis Franco-palestinien, précise-t-il. Ma famille, avec laquelle je suis en contact, vit des moments très compliqués. Ça devient très difficile pour la nourriture, et pour boire également." Il se réjouit de voir le nombre et la diversité des manifestants : "Ce n'est pas un conflit qui concerne uniquement les Palestiniens, c'est un conflit qui concerne le monde entier, qui concerne l'humanité", affirme-t-il, rappelant au passage que l'Institut français à Gaza et les locaux de l'Agence France Presse sur place ont été touchés par des frappes israéliennes.

Dans la région, deux autres rassemblements se sont tenus, à Beauvais dans l'Oise et Saint-Quentin dans l'Aisne. Au total en France, on comptait une trentaine de manifestations ce samedi 4 novembre. La plus grosse s'est tenue à Paris. La préfecture parle de 19 000 personnes, mais la CGT avance le chiffre de 60 000.

Avec Christelle Juteau et Claire Blondiaux / FTV

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