Demain, mardi 6 juin, huit organisations syndicales appellent à la grève en France contre la réforme des retraites. Entretien avec Perrine Mohr, secrétaire générale CFDT Hauts-de-France. Elle explique pourquoi la CFDT y croit encore à trois jours de l'examen de la loi LIOT à l'Assemblée nationale. Point sur les perturbations à prévoir, demain
La loi a été promulguée, pourquoi appelez-vous à manifester demain ? Est-ce un baroud d'honneur ?
Perrine Mohr : "La loi n'a jamais été votée par les députés, représentants du peuple. Elle a été adoptée par des artifices de la constitution mais même si nous ne remettons pas en cause le fait que la constitution le permet, cela pose un problème de légitimité aux yeux des citoyens. Ce n'est pas un baroud d'honneur, il n'y a pas eu de concertation, pas de prise en compte du niveau de mobilisation qui est un des plus fort depuis 40 ans".
Peut-on encore revenir en arrière ?
Perrine Mohr : "Rien n'empêche que le gouvernement revienne en arrière sur l'âge de départ à la retraite. Une des spécificités de cette mobilisation est que les travailleurs se sont mobilisés en proximité, dans les petites villes. Dans les régions comme au niveau national, la mobilisation a été forte. C'est pourquoi demain il y aura encore 250 manifestations en France et une vingtaine dans la région."
Dans trois jours, la proposition de loi du groupe parlementaire LIOT (1) doit être examinée à l'Assemblée nationale...
Perrine Mohr : "Là encore, le gouvernement est sur une stratégie consistant à empêcher le débat, en opposant l'article 40 de la constitution à la proposition de loi LIOT. Les manifestants n'ont pas l'impression d'avoir été entendus, voire d'avoir été méprisés et à terme, nous nous interrogeons sur ce que cela peut donner à la prochaine présidentielle."
Vous parliez également de précipitation dans l'adoption de cette loi...
Perrine Mohr :
"Normalement, la loi est prévue pour entrer en application le 1er septembre 2023. Deux premiers décrets sont parus cette nuit pour expliquer comment la loi allait s'appliquer. Mais c'est de la précipitation. On sait déjà que des salariés qui sont partis un ou deux ans plus tôt en congés grâce à leurs CET (compte épargne temps) vont devoir revenir désormais trois, quatre ou six mois dans leur entreprise avant de pouvoir partir en retraite. Et nous syndicats, allons devoir faire le service après-vente d'une loi qu'on n'a pas soutenue ?"
(1) L'article 40 de la Constitution dispose que « les propositions et amendements formulés par les membres du Parlement ne sont pas recevables lorsque leur adoption aurait pour conséquence soit une diminution des ressources publiques, soit la création ou l'aggravation d'une charge publique ». La proposition de loi dont l'âge de départ à la retraite resterait à 62 ans est donc concernée.
À prévoir, demain, dans les Hauts-de-France
SNCF. Dans les Hauts-de-France, "très faibles perturbations à prévoir", indique-t-on à la communication avant le communiqué de 17h00. Au niveau national, 9 trains sur 10 circuleront a priori.
Dans les écoles, collèges et lycées, le rectorat de Lille répond que "le taux de participation à l'échelle académique sera diffusé le jour même. Aucune communication sur les prévisions ne sera effectuée en amont". Pas de "fuite", non plus sur l'académie d'Amiens.
Aéroports. À Lille-Lesquin, deux vols en provenance de Marseille, un en provenance de Toulouse, un en provenance de Bordeaux, et un en provenance de Nice sont annulés. 1 500 passagers sont impactés, demain. Les remboursements se feront via les compagnies aériennes via les modalités habituelles. À Beauvais-Tillé, cinquante vols (25 allers et 25 retours) sont supprimés, soit la moitié du trafic aérien quotidien.