En cette fin d'année, nous vous proposons de revenir sur 2017 avec plusieurs personnalités qui ont marqué la région.
Sixième épisode de cette série avec Blandine Lejeune, avocate pénaliste et écrivaine lilloise.
"Pour moi ce qui était plus difficile à entendre, ce sont des victimes qui m'ont dit, par exemple, qu'elles ont appelé leurs enfants pour leur dire adieu."
Les victimes du Bataclan
"Cette année 2017, ça a été pour moi l'accompagnement des victimes du Bataclan, essentiellement dans toutes les démarches que l'on peut imaginer pour des victimes d'un acte de terrorisme.
Et j'ai remarqué qu'à chaque fois que je dois les accompagner chez l'expert pour évaluer leur préjudice, leur préjudice moral, souvent il faut que je les pousse à parler de ce qu'elles ont vécu.
Quelque part elles se disent : "bon je suis vivant, je ne suis pas à plaindre"."
"Pour moi, ce qui était plus difficile à entendre, ce sont des victimes qui m'ont dit qu'elles ont appelé leurs enfants pour leur dire adieu.
Et ça, c'est terrible quoi. Et ensuite, elles ont coupé leurs portables et les enfants ont suivi les informations jusqu'à ce que leurs parents soient libérés.
Ou un couple dont le mari m'a dit : "je n’espérai qu'une seule chose, deux choses en fait. Premièrement, ne pas être égorgé et deuxièmement mourir avant ma femme pour ne pas la voir mourir.
Quand on vous dit des choses comme ça, je vous jure ça vous glace le sang. Et ce sont des gens qui ne se plaignaient jamais et qu'il faut que j'amène régulièrement à parler parce que si je les amenai pas à parler, ils ne ne le diraient même pas. Ça, ce sont des événements qui montrent à quel point ils ont des traumas extrêmement profonds."
Une femme dans un monde d'hommes
"Ce n'est pas facile pour une femme de jouer des coudes peut-être parce qu'on en a moins envie, moins l'habitude aussi et que ce n'est pas toujours facile de s'imposer.
Peut-être parce que aussi dans la délinquance masculine, ils auront peut-être plus tendance à faire confiance à un homme qu'à une femme.
Enfin, il y a toute une série d'explications peut-être inconscientes, je n'en sais rien. Mais il faut reconnaître que c'est pas facile."
c'est pas perdre la guerre.
Puis, il faut avoir la vocation, il faut avoir vraiment chevillé au corps le besoin de défendre alors défendre des accusés comme défendre des victimes.
C'est toujours porter la voix de quelqu'un, c'est ça notre métier."
L'écriture
"Jamais je ne m'inspire de faits réels donc j'aime inventer des personnages, je m'y attache, je les peaufine. Après j'invente des histoires, je pars d'un meurtre ou d'un crime, et puis je remonte petit à petit vers l'assassin et je laisse aller mon imaginaire. Ça me détend en fait, il y a un côté un peu ludique. Je préfère écrire des histoires plus psychologiques que sanguinaires.
Je suis peut-être devenue beaucoup plus observatrice que je ne l'étais déjà parce que je suis quelqu'un d'assez curieux, j'observe.
Oui, je pense que finalement écrire, même quand on n'est pas à l'ordinateur, quelque part on crée toujours dans sa tête."