Maisons fissurées : des constructions expérimentales tournent au fiasco

A Lomme dans le Nord, des maisons construites il y a une dizaine d'années sont actuellement parsemées d'étais. Il s'agit de soutenir les murs de parement. Le bailleur a lancé une procédure, mais reste sans solution pérenne. En attendant, les locataires vivent dans l'inquiétude.

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Des infiltrations dans une maison. Des étais pour soutenir les murs de parement. Des rustines pour éviter les fuites au niveau des fenêtres. Le quartier de la Délivrance n'a été construit qu'il y a une dizaine d'années à Lomme. Et pourtant, tout semble en chantier.

Une habitante accueille notre équipe. Elle explique : "Ça a commencé par des petites tâches en haut. Comme le dossier n'a pas été traité, à chaque grosse pluie, ça s'est accentué". Une planche et une bâche ont été posées pour limiter les infiltrations, mais pas de quoi éviter l'inquiétude de cette mère : "Je n'ai clairement pas envie que ma fille tombe malade. Moi non plus. Et je n'ai pas envie que le plafond commence à s'effondrer".

Une dizaine de maisons touchées

Cette locataire n'est pas la seule. Sur les dix-huit maisons construites, une dizaine pose aujourd'hui problème. Dans une maison voisine, c'est la famille Claris qui nous ouvre la porte. François et Aurélie ont peur eux aussi. "On est la première maison impactée. On nous a installé des tôles en acier pour éviter les infiltrations mais l'eau arrive quand même par les côtés".

François nous montre son jardin. Les étais ont remplacé la jolie terrasse qu'il avait installée. Les extérieurs sont impraticables. "On vit là-dedans (…) On n'a plus la jouissance du jardin. L'an dernier, plusieurs fois, notre enfant s'est cogné sur la barre. La solution d'ICF, c'est de rajouter un grillage autour. Ça devient pesant de vivre là-dedans".

L'inquiétude des habitants 

Pour rassurer, le bailleur social a écrit et organisé des réunions, mais il en faudra plus. "On nous a mis ça pour sécuriser les murs alors qu'on nous dit que ça ne peut pas tomber", poursuit François. "Pourquoi mettre ça si ça ne peut pas tomber ? C'est contradictoire".

L'humidité inquiète et laisse entrevoir un risque d'insalubrité. La famille Claris s'interroge sur les raisons de l'asthme de leur petit Naélio, 6 ans : "On s'inquiète pour sa santé, ça c'est sûr", nous explique sa mère. "On ne peut pas prouver que ça vient de la maison, mais on a de la moisissure qui commence à arriver. On a un peu peur pour lui, pour sa santé". Tous regrettent le manque d'informations et de certitudes.

L'impuissance du bailleur social

Du côté du bailleur social, ICF Habitat, la situation est très complexe. Sa directrice générale, Christine Richard, nous indique qu'une procédure assurantielle de dommage-ouvrage est ouverte. Une procédure qu'elle reconnait très longue : "Les maisons ont été construites sur un procédé innovant il y a une dizaine d'années. On est sur une structure de bois. On est venu habiller les quatre côtés par des parements en brique ou en enduit selon les résidences. Aujourd'hui, on a constaté des désordres sur cet habillage de maison".

La malfaçon serait donc liée au type de construction novateur. Une première expertise a été menée. "Les désordres sont liés à des problèmes d'attaches sur la structure en bois", poursuit Christine Richard. "Problème : les normes ont désormais changées. Le système d'attache n'est plus homologué". Aucune solution technique n'est donc identifiée à cette heure. "Quand il y aura une solution, il faudra encore un délai car ça doit être validé avant d'être mis en application. Nous avons peu de possibilité d'agir".

"Il n'y a aucun risque d'effondrement"

Nous interrogeons : y-a-t-il un risque sur la structure même du bâtiment ? "La structure bois n'est pas remise en cause", rassure Christine Richard. "L'expert nous l'a confirmé. Il n'y a aucun risque d'effondrement".

Selon ICF Habitat, trois bailleurs se sont faits connaitre pour les propositions de relogement. Un locataire a accepté, un autre a refusé, un dossier est en cours. "Aujourd'hui on n'a pas d'autres choix, conclut Christine Richard. "On n'a pas d'autres solutions".

A la mairie, on tente d'apaiser autant que faire se peut. Le maire Olivier Caremelle regrette une sortie de crise trop tardive : "La mairie est toujours là pour les habitants, même si elle n'est pas responsables en premier lieu (…). Je demande à ce que la voix des habitants soit prise en compte".

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